Cet article examine comment la mémoire de la migration est utilisée pour maintenir les frontières entre statuts sociaux en Gambie, notamment entre les personnes de condition libre et les descendants d'esclaves. Les recherches sur les communautés soninkés de la région de l'Upper River montrent que l'oubli des origines et des parcours migratoires des descendants d'esclaves participe à la reproduction de leur condition servile.
Cet article met en lien la mobilité des migrants issus de sociétés fortement stratifiées par la mémoire de l'esclavage interne en Afrique de l'Ouest. L'auteure s'intéresse en particulier à la façon dont les migrants peuls (et soninké) se déplacent avec leur statut social d'esclave vers et dans les villes de Bamako et Paris.
L'étude de parcours migratoires familiaux et individuels permet d'explorer une forme particulière de mobilité, la mobilité intrafamiliale d'enfants et d'adolescents entre la France et le Mali. Les étapes du processus sont analysés en termes de modelage identitaire des fillettes et des jeunes filles en examinant les enjeux de l'éducation, de l'excision et de l'alliance. Plus globalement, il s'agit de saisir les logiques parentales et familiales qui sont sous-tendues par le paiement de la 'dette migratoire'.
L'image classique que l'on se fait de la migration des travailleurs africains de l'Afrique de l'Ouest vers la France et plus particulièrement des Soninké est celle d'une migration économique. Mais les Soninké ont une longue tradition de migration précoloniale. Ils sont les premiers « juula » , commerçants itinérants avec un rôle important d'arbitres commerciaux entre le désert et la savane. Au début de la période coloniale, ils entament des migrations saisonnières vers les champs d'arachide et des migrations à plus long terme vers la Côte d'Ivoire, le Cameroun et jusqu'aux régions du Congo pour commercer. Par ailleurs la marine marchande les emploie massivement à cette époque. Ce sont les nobles qui migrent les premiers pour renforcer leur position au sein de la société traditionnelle, même si ultérieurement les anciens esclaves migrent à leur tour. Migration commerciale saisonnière, accumulation d'esclaves et emploi rémunérés sur les fleuves et les mers apparaissent ainsi comme étroitement liés. L'auteur remet ainsi en cause l'idée selon laquelle la coercition coloniale serait au fondement des migrations de travail.
Etude du passage de l'oralité à l'écriture afin de comprendre l'impact de cette dernière sur des sociétés qui passeraient d'une utilisation prédominante du registre oral au registre écrit.
Dans les familles Soninke , originaires de la vallée du fleuve Sénégal, la transmission orale n'existe pas. La mémoire se passe de récit. Ce sont plutôt les pratiques, l'habillement, la cuisine, la langue qui servent de support aux valeurs auxquelles sont attachés les parents. Dans ces conditions, la situation d'immigration rend particulièrement difficile la transmission. La force de la mémoire familiale s'amenuise.
Evolution de la migration entre les pays d'Afrique sahélienne et la France par l'intermédiaire du regroupement familial. Mise au point d'une stratégie migratoire : naissance des enfants en France pour avoir la nationalité française et une bonne scolarité ce qui permet la perpétuation du cycle migratoire et le retour au pays.
L'article s'intéresse à la dimension de l'hébergement dans le procès migratoire. Cette fonction est analysée dans le cadre des migrations rurales en pays Soninke dans deux capitales (Bamako et Dakar) et en France.
A partir du constat que c'est dans la trame historique des flux migratoires dont est issue la "deuxième génération" que l'on doit d'abord chercher la raison des continuités et des ruptures à travers lesquelles émergent les nouvelles identités, l'auteur étudie les différents visages des migrations africaines en France, et analyse ensuite d'une part la famille en tant que foyer principal de l'africanisation des jeunes, notamment à travers la langue utilisée et la pratique religieuse, d'autre part l'école et la ville en tant que défis de francisation des jeunes issus de l'immigration africaine en France. Enfin, l'auteur se pose la question de l'identité collective de cette même jeunesse et sa place dans la société française.
Les pratiques sociales dominantes, souvent qualifiées d'esclavagistes, relèvent-elles véritablement de ce mode de production ou ne constituent-elles que des séquelles encore vivaces et douloureuses, mais remplissant en réalité d'autres finalités sociales que celles que pourraient suggérer leur apparence ou leur dénomination courante
Paradoxalement, les contraintes imposées aux jeunes filles d'origine africaine noire par leur famille facilite leur accès à l'autonomie. Assignées à résidence chez leurs parents jusqu'au mariage, elles poursuivent leurs études plus longtemps que leurs frêres, précipités précocement sur le marché du travail. Dotées de meilleures formations, les arguments qu'elles développent lors des négociations familiales s'en trouvent consolidés (résumé de la revue)
Cet article évoque les multiples facettes d'un sujet d'actualité encore trop peu exploré, i.e. la mobilité forcée. Cette question est abordée à travers les formes de mouvement et déplacement de population qui marquent l'histoire récente des migrations Sud-Sud. L'auteur souligne tout d'abord certains critères qui confèrent à la mobilité forcée une place à part dans le phénomène migratoire. De plus, il remet en question les catégories de migrant forcé, leur signification et leur reconnaissance au regard du droit international et des politiques migratoires. La construction d'une typologie des mobilités forcées en fonction des motifs de départ semble enfin témoigner de l'ampleur du champ d'étude.
A partir de l'exemple d'un foyer d'Africains à Paris(Charonne), l'auteur décrit la dynamique générée par les associations villageoises ou constituées en réseaux d'entraide locaux. Cette diversité de la vie associative tournée vers les relations avec le pays d'origine ou vers les relations avec le pays d'accueil témoignent de la richesse de ces réseaux qui à partir des foyers peuvent s'organiser et se développer.