L'auteur s'est efforcé de montrer comment les communautés ethniques peuvent être manipulées par les Etats afin de justifier leurs politiques de domination ou en situation de contestation du découpage étatique qui leur est imposé. A cet effet Roland Breton mène un double état des lieux. Il expose une "hiérarchie" de peuples plus ou moins reconnue et inspirée de leurs traditions politiques : les peuples disposant d'un Etat-nation, les peuples sans Etat, les nations émergentes, les ethnies "minorisées" ou non reconnues. De plus, la création des territoires politiques, des Etats ou des entités subétatiques est présentée sur le plan historique. La dynamique croisée des Etats, des peuples, de leurs cultures propres et de leurs civilisations communes aide alors à dessiner les configurations humaines et territoriales distictes à l'origine de nombreux tensions et conflits.
Le Canada soutient par tradition la doctrine des deux peuples fondateurs (two founding peoples) francophone et anglophone. L'auteur trouve ambigu le sens que l'on attribue au nationalisme et à l'indépendance du Québec. D'une part, le Québec ne peut pas être satisfait du simple statut de province "comme les autres". De l'autre, le Canada anglophone ne "peut" pas concéder plus. En outre, les nationalismes canadien et québécois doivent résoudre des problèmes similaires face à la globalisation. Le nationalisme québécois a traditionnellement été soutenu par l'identité ethnique, l'Etat, les institutions, les traditions et les pratiques de la société civile. Aujourd'hui, l'Etat et l'identité nationale semblent reculer devant les particularismes ethniques au Canada comme au Québec.
Evaluation et perceptions de dirigeants d'associations communautaires à caractère ethnique en ce qui concerne l'intégration économique des personnes d'origine haïtienne, italienne, juive et libanaise dans la région métropolitaine de Montréal. Les 84 leaders ont été interviewés sur la segmentation du marché du travail, la discrimination dans le monde du travail, l'accueil et la formation de la main-d'oeuvre, le syndicalisme, les programmes d'accès à l'égalité en matière d'emploi et l'entreprenariat ethnique. Les résultats des interviews témoignent de la diversité de conditions sociales qui prévalent au sein de leurs groupes respectifs, diversité qui renvoie aux caractéristiques internes des communautés étudiées et aux facteurs structurels et conjoncturels qui influent sur l'insertion de la main-d'oeuvre.
Sur la base de deux sondages réalisés au Canada en 1974, sur un échantillon de 1 849 personnes, et en 1991, sur un échantillon de 3 325 personnes, dans le but d'examiner les attitudes ethniques et multiculturelles, et dans lesquels des mesures comparables d'identité ethnique et d'identité sociale ont été employées, une question portant sur la force de l'identité ayant été ajoutée en 1991, l'auteur présente les résultats concernant la continuité et le changement d'identité entre ces deux dates.
Dans les pays d'immigration, l'Etat doit gérer le Multiculturalisme tant au niveau de la culture que de l'ethnicité. Le cas du Canada est significatif. Les Québécois souhaitent que leurs ambitions d'autodétermination soient comprises. Le concept québécois d'intégration apparaît comme un discours d'opposition au concept canadien.
Etude du couple mixte entre Québécois et Haïtiens, en nette augmentation depuis deux décennies, de l'ordre de 10
Ce texte porte sur deux dimensions spécifiques des relations interculturelles : 1) les relations entre des ressortissants de la société d'accueil et des personnes issues de l'immigration, observées dans des situations de jumelage, de parrainage, de famille d'accueil ou d'adoption internationale; 2) la capacité de médiation chez des immigrants et des Québécois de toutes origines. Pour étudier ces deux dimensions, l'auteur a eu recours aux concepts d'intermédiaire culturel et de médiateurs des cultures.
Analyse des stratégies langagières adoptées par des Québécois francophones et anglophones impliqués dans une situation d'aide à Montréal. Les sujets, 541 piétons (114 étudiants francophones, 112 étudiants anglophones, 155 salariés francophones et 160 salariés anglophones) se faisaient aborder au hasard par une expérimentatrice blanche ou noire qui demandait son chemin en français ou en anglais. La langue de réponse des sujets constituait la variable dépendante. Les résultats démontrent que les francophones convergent plus vers l'anglais que les anglophones ne convergent vers le français (86 contre 63 ), quelle que soit la race de l'expérimentatrice.
L'enclave francophone de la région de Rivière-la-Paix dans le nord d'Alberta (Canada) présente un taux d'assimilation élevé et une communauté qui hésite à créer des institutions ethniques. Le français, langue illégitime, devient une langue secrète largement invisible même dans les communautés majoritairement francophones. Ce phénomène est une stratégie ethnique qui limite l'usage de la langue du groupe ethnique là où elle ne gêne pas la participation dans la société dominante. Toutefois, deux autres stratégies ethniques, souvent contradictoires, contribuent à la rivalité et aux conflits intra-ethniques lorsque les différents leaders de la communauté essaient de rallier les francophones à leur stratégie.
A partir d'une recherche qualitative faite au moyen d'entrevues auprès de 89 jeunes Québécois français, italiens et haïtiens d'une école secondaire montréalaise cosmopolite, les auteurs tentent de cerner comment se construisent socialement les perceptions et stratégies des jeunes concernant les relations interethniques dans trois espaces sociaux : la famille, le quartier et l'école.
L'auteur analyse les processus qui sont à l'origine des nations et des groupes ethniques. En particulier, la production des nations canadienne et québécoise est examinée du point de vue des politiques et des idéologies qui les caractérisent, c'est-à-dire le multiculturalisme d'un côté et l'interculturalisme de l'autre. Les représentations et les projets propres à chacune d'elles sont ancrés dans une histoire collective donnant lieu à des pratiques, des politiques et des utopies qui leur sont spécifiques. Le risque de l'occultation du rapport social "producteur" des êtres humains est de favoriser l'éclosion de thèses primordialistes sur l'ethnicité ainsi que des visions essentialistes de la nation. L'auteur souligne enfin que l'ethnicité et la nationalité sont forgées au sein de processus où se construisent simultanément des frontières intérieures et extérieres.
Sur la base d'un échantillon composé de 293 collégiens provenant d'un groupe majoritaire (Québécois/Français) et de cinq groupes d'immigrés (Européens d'origine française, Juifs, Latino-Américains, Asiatiques du Sud-Est et Haïtiens), cette étude évalue comment les membres de divers groupes ethniques minoritaires se percevaient, comment ils croyaient être perçus et comment ils étaient réellement perçus par les membres d'un groupe majoritaire en fonction d'une étiquette inclusive (Québécois) et de deux étiquettes exclusives (étranger, immigré). Deux hypothèses furent confirmées : la première a trait à la similarité culturelle, tandis que la deuxième a trait à l'auto-perception des membres des groupes minoritaires en tant que Québécois.
La présence organisée des juifs au Canada a commencé avec l'arrivée des Britanniques. De temps à autre, cette situation s'est révélée angoissante pour les juifs canadiens qui ont ressenti l'hostilité et l'isolation de la population québécoise non-juive. En retour, certains juifs ont recherché la preuve qu'ils auraient pu faire partie intégrante de la Nouvelle-France si on leur avait permis de s'établir. Il en a résulté un mythe relatif à la place de la famille d'un marchand juif dont les membres n'ont jamais mis les pieds au Canada (les Gradis de Bordeaux du XVIIIème siècle) dans l'histoire de l'expérience du juif Canadien. Ce mythe a été rejeté par les Québécois non-juifs.
L'analyse des données d'un sondage récent sur l'opinion des Québécois en matière d'immigration révèle que, quelle que soit leur langue d'usage, ils ne reconnaissent pas d'emblée l'apport des immigrés à l'économie et à l'emploi. Ils veulent exercer une certaine rigueur dans la sélection à l'entrée et tout en se disant ouverts aux autres ethnies, ils sont assez enclins à favoriser la stabilisation ou la réduction du flux migratoire dans leur quartier et dans l'ensemble de la province. A l'intérieur de l'attitude à l'égard des étrangers plutôt reservée de l'ensemble des Québécois, les Canadiens francophones ont une opinion encore moins favorable à l'immigration et au Multiculturalisme. Toutefois, les résultats démontrent qu'au Canada (Québec Montréal), l'opinion des francophones ne diverge pas sensiblement de celle de leurs compatriotes anglophones, à niveau d'éducation, d'activité et d'occupation égal. D'autre part, les néo-francophones sont plus ouverts à l'immigration que les néo-anglophones nés au Canada.
Pour l'auteur, le Canada qui se présente comme une «mosaïque ethnique» est en réalité un «grand mangeur d'ethnies» : en témoignent les recensements de 1971 et 1981 où l'on constate l'acculturation rapide de celles-ci. Après avoir défini ce qu'il entendait par ethnie et tenté d'en donner une typologie à partir de l'exemple canadien, distinguant les «ethnies groupes» des «ethnies individuelles», l'ethnie communautaire de l'ethnie d'origine, l'ethnie vécue de l'ethnie «photo des ancêtres», et leurs besoins d'espace ou de territoire. Les besoins spatiaux des ethnies en voie d'acculturation (Chinois, Italiens, Grecs, Sikhs, etc.) ne posent pas de problèmes dans une société libérale et sont d'ailleurs temporaires ou limités. Il en va différemment de minorités telles que les Huttériens, les Ukrainiens de Winnipeg-Nord et les Québécois.