Cet article met en lien la mobilité des migrants issus de sociétés fortement stratifiées par la mémoire de l'esclavage interne en Afrique de l'Ouest. L'auteure s'intéresse en particulier à la façon dont les migrants peuls (et soninké) se déplacent avec leur statut social d'esclave vers et dans les villes de Bamako et Paris.
Evolution de la migration entre les pays d'Afrique sahélienne et la France par l'intermédiaire du regroupement familial. Mise au point d'une stratégie migratoire : naissance des enfants en France pour avoir la nationalité française et une bonne scolarité ce qui permet la perpétuation du cycle migratoire et le retour au pays.
Parcourant l'aire d'expansion peule à partir du Mali jusqu'au Soudan, huit spécialistes abordent le concept d'ethnicité dans ces contextes changeants qui sont leur lieu privilégié de manifestation.
Dans cet article, l'anthropologue a essayé de comparer la notion d'étranger dans la société mandingue d'Afrique de l'Ouest et en Grèce ancienne afin d'analyser si les analogies que l'on peut observer entre les deux conceptions ne sont pas le résultat des contacts que les deux cultures ont noué indirectement à travers l'islam. Pour ce qui est du Soudan occidental précolonial, les rapports hôtes/étrangers sont à replacer dans le cadre des rapports entre hommes libres et esclaves, entre gens du pouvoir et gens de la terre, ainsi qu'entre nobles et gens de caste. Les gens de caste sont des étrangers mais ils ont également le pouvoir de contraindre les maîtres à donner. Cette notion d'étranger est ambiguë et peut selon les circonstances être positive ou négative. Le système des logeurs et des courtiers continue de régir le commerce ouest-africain, tout particulièrement dans le domaine des biens primaires (céréales, noix de colas, poisson séché) et des produits manufacturés. Ce système rappelle la proxénie, institution qui avait cours en Grèce ancienne et qui a précédé les symbola, à savoir les conventions juridiques entre les cités grecques (Ve s.). Le proxène est le témoin et le garant des xenoi (étrangers de passage) qui sont principalement des commerçants.
Pendant la période coloniale, on a pu observer des migrations pastorales forcées de plus ou moins forte ampleur, provoquées autant par les calamités naturelles que par les contraintes administratives, sous couvert des besoins de développement économique. Ensuite, avec les indépendances, les flux migratoires de la zone sahélo-saharienne se sont dirigés vers des gisements miniers et pétroliers du nord. Enfin, la sécheresse de 1968-73 et de 1983-85 a provoqué une migration pastorale contrainte vers les pays méridionaux mieux arrosés. D'après l'auteur, depuis 1990, avec les révoltes Touaregs du Mali et du Niger et la répression qui s'ensuit, il ne s'agit plus de migrations mais d'exodes, au sens de fuites, des familles et des troupeaux en direction du Burkina Faso, de l'Algérie et de la Mauritanie.
Les pratiques sociales dominantes, souvent qualifiées d'esclavagistes, relèvent-elles véritablement de ce mode de production ou ne constituent-elles que des séquelles encore vivaces et douloureuses, mais remplissant en réalité d'autres finalités sociales que celles que pourraient suggérer leur apparence ou leur dénomination courante
Si la notion de réfugiés n'est pas d'un usage habituel dans la langue peule, celle de migration forcée est nuancée en plusieurs variantes. Trois locutions servent à présenter les situations de migrations forcées vécues par les éleveurs. Pour tous les Peuls, le terme dogga exprime une fuite face à une menace, une crise, une catastrophe. Récemment les sécheresses sahéliennes ont déclenché des migrations forcées de ce genre avec une grande ampleur. Dans les rapports difficiles entre les éleveurs et les administrations, l'expression meeda (expulser, chasser) désigne une décision anti-pastorale, prise sous le couvert de l'intérêt public, souvent pour le développement. Les éleveurs doivent partir, sans réel dédommagement ni perspective de reconstitution d'un système pastoral performant. Dans le registre des fuites pastorales, la notion autochtone de "fera" exprime le caractère éperdu du sauve-qui-peut lorsqu'une guerre éclate. Autrefois, les éleveurs prévenaient les pillages de bétail par une véritable gestion de l'insécurité. De nos jours, la violence des conflits et la puissance des moyens de destruction les contraignent souvent à l'exil. Tant qu'ils réussissent à préserver un peu de bétail, les éleveurs émigrés de force ne se comportent pas en réfugiés comme les autres : ils gardent une certaine autonomie et restent attachés à leur activité.
Paradoxalement, les contraintes imposées aux jeunes filles d'origine africaine noire par leur famille facilite leur accès à l'autonomie. Assignées à résidence chez leurs parents jusqu'au mariage, elles poursuivent leurs études plus longtemps que leurs frêres, précipités précocement sur le marché du travail. Dotées de meilleures formations, les arguments qu'elles développent lors des négociations familiales s'en trouvent consolidés (résumé de la revue)
A partir des rites établis dans la sunna, dans les gestes et dires du Prophète, ces anthropologues ont mis en évidence le modèle musulman du rituel sacrificiel. Contrairement au christianisme, l'islam n'inscrit pas le sacrifice au coeur de son dogme. Néanmoins il lui accorde une place essentielle dans ses pratiques rituelles. Accompagnant toutes les étapes de la vie individuelle, producteur de lien social, lieu de multiples recompositions et transgressions, produisant de nouvelles références locales, même sur le plan de l'islam transplanté, les rituels sacrificiels musulmans illustrent l'ensemble des thèmes que la théorie anthropologique du sacrifice s'est attachée à mettre en évidence : cuisine du sacrifice, dette sacrificielle, fonctions thaumaturgiques. La première partie de ce texte est consacrée au rituel ibrâhîmien et à son statut dans l'islam contemporain. La deuxième montre la pratique du sacrifice en relation au cycle de vie. La troisième met en exergue le passage du religieux au social par le truchement des repas et des fêtes sacrificiels. La quatrième concerne les sacrifices propitiatoires dans les traditions turque, pakistanaise ainsi que chez les marabouts africains de Paris. Enfin, la cinquième partie analyse trois fêtes du sacrifice : en milieu lébu (Sénégal) ; chez les Soudanais de Wad Madani et chez les Gnawa du Maroc.
L'analyse des populations aussi hétérogènes que celles des migrants noirs-africains gagne en finesse si elle est fondée sur un découpage selon l'ethnie des migrants, l'appartenance ethnique pouvant être identifiée par la langue, la religion, l'histoire ou la tradition. Sur la base de l'enquête MGIS (mobilité géographique et insertion sociale) sur les populations d'origine étrangère en France réalisée en 1992 par l'INED, l'auteur consacre cet article à la constitution des différents groupes ethniques des Africains noirs résidant en France, tout en faisant un aperçu historique et socio-culturel et s'intéresse à quelques variables socio-démographiques en fonction de l'ethnie des migrants.
Rassemblement de contributions qui décrivent divers aspects des rapports interethniques entre Peuls et Mandingues à partir d'une large gamme de disciplines. La plupart de ces contributions ont été présentées lors de la IIIe conférence de l'Association des études mandé, tenue à Leyde du 20 au 24 mars 1995.
Etudes d'un groupe de peuls du Bénin non encore étudiés, et dont le mode de vie et l'organisation sociale vont à l'encontre de la classification binaire opposant le berger nomade au sédentaire, le fétichiste au musulman, l'aristocrate esclavagiste à celui qui ne dispose pas de dépendants. Ces peuls sont bergers mais sédentaires et fortement engagés dans les activités agricoles.
Cette analyse est axée sur le mode de vie des Toucouleurs vivant en France et sur leur action en faveur du développement du village d'origine. L'action des Toucouleurs en général et celle des ressortissants du village de M'Boumba en particulier (Sénégal), s'inscrit dans une dynamique de solidarité pour un développement endogène fondé sur le respect des valeurs françaises et toucouleurs.
L'Afrique a toujours constitué un espace de mouvements incessants de population : ceux liés aux migrations des peuls, du Cap au Caire, qui ont mis très tôt l'Afrique en contact avec le monde extérieur, le Moyen-Orient et les pays de l'Océan indien en particulier. Dans ce contexte, selon l'auteur, la venue des Européens à partir du 15ème siècle et tous les mouvements de population liés à la traite négrière puis à la colonisation apparaissent comme le prolongement d'une dynamique antérieure, même si leur ampleur, et surtout les conditions dans lesquelles ces migrations se sont opérées, donnent une dimension particulière à cette période de l'histoire africaine.
Divisée en six chapitres cette vaste enquête de population aborde successivement les caractéristiques du flux migratoire avant la migration en France : origine sociale, rurale, urbaine, état matrimonial, ordre d'arrivée des époux et les conditions de vie des immigrés : mariage, polygamie, taux d'activité, revenu, degré de scolarisation maîtrise de la langue nationale, conditions de logement, pratique religieuse. Le dernier chapitre est consacré aux caractéristiques des ethnies d'Afrique noire : Bantus, Mandés, Wolof, Peuls. Selon les courants migratoires le rapport conclut à une tendance à l'assimilation, renforcée par l'usage du mariage mixte encore peu répandu chez les Turcs.