En appui sur des terrains réalisés auprès de travailleurs migrants indonésiens, entre l'Indonésie, la Malaisie et Singapour, l'auteur propose d'aborder ces expériences dans une perspective sociologique. En montrant que les affects attachent les migrants à leurs lieux, il souligne que les considérer permet de saisir des parcours migratoires autrement difficiles à lire.
L'ouvrage fait référence à tous ceux qui fuient une situation de crise extrême sur le plan politique, religieux, foncier, environnemental ou qui subissent un déplacement contraint du fait de politiques migratoires voulues par l'aménagement du territoire. Par mobilité sous contrainte, il faut entendre les mouvements collectifs, massifs, imposés parfois de manière brutale, tous induits par des forces d'expulsion vers un ailleurs qui n'a pas été souhaité. La diversité des cas analysés dans ce texte rend compte de la notion de réfugié et de déplacé dans le sens de leur définition première ainsi que de celle, plus restrictive, des organismes onusiens. La première partie de l'ouvrage tente de poser les jalons d'une classification entre déplacés, réfugiés, migrants économiques, demandeurs d'asile et exilés. Comment intervenir face à des situations si différentes ? La deuxième partie rassemble six études de cas, dont quatre en Afrique et deux en Asie du Sud-Est. Dans la troisième et dernière partie du livre les auteurs s'interrogent sur le rôle des sciences sociales à propos des connaissances qu'il faudrait acquérir afin d'accueillir au mieux les réfugiés.
Initiée par les colonisateurs néerlandais à partir de 1905, la transmigration des Indonésiens était encore, en 1997, le plus important programme de migration organisée jamais entrepris par un Etat. Bien que pratiquée sur une base essentiellement volontariste, cette transmigration a impliqué des programmes de nature assez coercitive. En comparant deux villages de migrants, l'un d'émigrés forcés et l'autre d'émigrés spontanés, l'auteur essaye d'expliquer que les premiers réussissent mieux que les volontaires dans leur nouvel environnement.
Les employées de maison originaires des Philippines, d'Indonésie et du Sri Lanka : une nécessité économique à Singapour pour permettre aux femmes de ce pays d'entrer dans le monde du travail. Après une étude de la politique migratoire de Singapour relative à cette catégorie de travailleuses, l'auteur examine les conséquences sociales, politiques et humaines de cette main-d'oeuvre dans la société d'accueil (reproduction sociale de la vie quotidienne, présence d'"enclaves" étrangères dans l'espace public, relations bilatérales entre pays d'origine et d'immigration, relations humaines employeurs-employées, etc).
La Malaisie est une société pluriethnique où cohabitent Chinois, Indiens et Malais. L'auteur, après un rappel historique sur l'évolution démographique, examine les caractéristiques des principaux groupes ethniques. Les Malais jouissent d'une position dominante en matière de droits. L'article aborde ensuite la question du développement économique et politique de la société malaise depuis 1969. L'auteur analyse, enfin, le rôle des facteurs démographiques quant aux relations interethniques.
Etude de la relation entre migration internationale et développement économique, en référence à l'expérience vécue par l'Indonésie au cours des vingt-cinq dernières années. Amorce de l'analyse - encore peu explorée - d'un rapport à établir entre la poussée à l'émigration et le changement structurel, au niveau macro-économique, changement à associer au processus d'industrialisation et de développement, et de réorganisation du marché de l'emploi.
L'héritage colonial de l'Indonésie moderne et indépendante se manifeste encore aujourd'hui dans le cadre des projets d'équilibrage démographique. En 1905 le gouvernement colonial charge l'assistant-résident H. G. Heijting d'étudier la possibilité d'un projet de transmigration avec le double objectif de politique sociale dans les "îles intérieures" (Java, Madura, Bali) et de politique de développement dans les "îles extérieures" (Sumatra, Kalimantan, Sulawesi). Heijting envoie alors 155 familles de Kedu (Java-Centre) à Gedong Tataan (Lampung) où ils fondent le village de Bagelen. Entre 1906 et 1911 quatre autres villages voient le jour dans le cadre du projet "Kolonisatie". L'auteur montre que les échecs de la transmigration sont dus à une perception erronée de l'évolution du paysannat javanais face à la croissance démographique, à des préjugés envers les populations des îles périphériques ainsi qu'à une politique exclusivement agraire de développement. Entre 1928 et 1931, découragé par les mauvais résultats des projets de colonisation, le gouvernement colonial songe à abandonner le programme. Toutefois, en 1931, lorsque la grande crise frappa le secteur des plantations industrielles, plusiers milliers de personnes sont envoyées dans les colonies déjà existantes. Entre 1905 et 1941, le gouvernement colonial déplaça environ 200 000 ouvriers javanais vers les îles extérieures. Dès la proclamation de l'Indépendance (17 août 1945), l'organisation pratique de la transmigration subit de nombreuses vicissitudes, principalement dans les années soixante-dix, sans pour autant être remise en cause.
Cet article met en évidence l'ancrage historique et l'évolution de deux mouvements de population, interdépendants depuis au moins le XIXe siècle : le pèlerinage à La Mecque et les migrations de travail indonésiennes. Les témoignages des consuls des Indes néerlandaises en poste à Jeddah tout comme les récits des fidèles révèlent que le pèlerinage en Terre Sainte, souvent qualifié de grand voyage spirituel, était dans les faits un périple périlleux (voire une migration). Certes, à mesure que la révolution des transports s'accomplissait, passant du voilier au bateau à vapeur, puis à l'avion, le nombre des pèlerins s'est accru alors que la durée du périple diminuait, transformant par cela même le pèlerinage en un voyage de masse organisé et institutionnalisé mais une constante subsistait, l'existence d'intermédiaires pour qui le pèlerinage et les migrations de travail restent un objet marchand.
Dernièrement un des plus grands phénomènes aux niveaux économique et social consiste en la féminisation des migrations internationales de travail. Les problèmes relatifs aux femmes migrantes dépendent du fait d'être à la fois femmes et migrantes. La spécificité des flux de travailleuses migrantes, asiatiques en particulier, a été étudiée relativement aux modalités de réunification familiale et à la résidence permanente, aux entrées temporaires sur la base des critères du marché du travail, du recrutement et aux conditions d'entrée et d'admission à l'étranger.
La population étrangère aux Pays-Bas est concentrée dans les grandes villes. A Amsterdam, la présence des musulmans et historiquement des juifs a abouti à la création d'institutions d'accueil et d'orientation coordonnées par le Ministère de l'Intérieur. De tradition consociative, la Hollande autorise l'enseignement de la culture d'origine, la création d'écoles islamiques et la construction de lieux de culte puisque le pays compte 300 mosquées. La coexistence pacifique des communautés religieuses est conçue comme un objectif qui devrait rallier l'Europe et l'islam comme une des religions qui oblige à le penser dans un cadre transnational.
Parmi les migrants, travailleurs dont le nombre croît sans cesse - ils sont aujourd'hui plus de 35 millions - les femmes asiatiques constituent le groupe dont l'expansion est la plus rapide. L'Asie est le théâtre d'une "industrie de la migration" en plein essor, tant légale que clandestine, qui offre une sous-traitance de main-d'oeuvre à quelques-unes des économies les plus riches et dynamiques du monde, à un coût humain souvent très élevé.
Rôle du Japon, pays d'immigration dans l'Asie Orientale, devenue une région stratégique de la migration internationale. L'auteur présente la situation du Japon pris dans le dilemme de refuser la main-d'oeuvre non qualifiée et la réalité de la présence sur son sol de clandestins. Les caractéristiques de l'immigration, de l'emploi illégal sont examinées et illustrées de statistiques pour la période 1989-1992 (volume des entrées, catégories de migrants, coût social, etc.). La participation japonaise au Asia-Pacific Skill Development Program (APSDEP) et à l'Asia-Pacific Cooperation (APEC), fournissant une formation professionnelle aux étrangers, est étudiée dans le détail de ses objectifs et conséquences.
Cet ouvrage illustré rassemble de nombreuses contributions, il est le résultat d'une étude menée dans le cadre d'un accord de coopération bilatérale entre la France et l'Indonésie. L'objectif est de mieux comprendre les composantes des mouvements de population et des formes de mise en valeur spontanées qui concourent à l'extension du domaine agricole des îles d'Indonésie situées à la périphérie de Java. Longtemps sous-estimées, ces migrations spontanées en milieu rural participent pleinement, selon les auteurs aux transformations accélérées du Sud-Est asiatique, bouleversant les paysages et l'économie. Souvent critiquées parce qu'elles apparaissent incontrôlées, elles se révèlent à l'analyse comme un facteur à part entière du développement et doivent être reconnues comme tel.
Cet article cherche à montrer en quoi la formation de stagiaires étrangers en France, en l'occurence indonésiens, implique une pédagogie adaptée prenant fortement en compte les différences culturelles.