Les sources espagnoles utilisées pour l'étude de l'émigration non seulement sont incomplètes, mais elles sont très éparses. Si quelques-unes furent créées aux seules fins migratoires par l'Etat ou par les compagnies maritimes, d'autres, ainsi les actes notariaux, sont plus générales. Ainsi, les obligations hypothécaires d'embarquement permettent de tracer des cartes de l'expansion de l'action des agents de compagnies de navigation et les listes de fugitifs montrent que le pays de destination préféré était Cuba ou le Brésil. Les Galiciens, pour la plupart d'origine rurale, ont émigré en Amérique dans des zones urbaines. L'analyse du lieu de naissance des émigrants en provenance de La Coruña permet de détecter des cas de migrations par étapes.
Sur la base de 40 témoignages biographiques d'émigrés galiciens qui sont rentrés en Galice (Espagne), cette recherche analyse le contexte historique de l'émigration galicienne vers les Amériques et l'Europe entre 1900 et 1995, la vie quotidienne des émigrés galiciens, le contexte historique de la migration de retour à partir de 1960 et les différents types de discours sur le retour.
L'émigration galicienne a été traditionnellement appréhendée comme une soupape d'échappement des tensions sociales du pays d'origine, et par conséquent comme un facteur qui contribua à désamorcer les conflits sociaux et politiques en Galice. Dans cet article l'auteur discute cette interprétation à la lumière de l'interaction effective entre communautés émigrées en Amérique et leur pays d'origine tant au niveau local qu'au niveau national en Galice. L'activité véhiculaire des sociétés locales galiciennes (les sociétés d'instruction) et le rôle dynamisateur des élites politiques tant émigrées que résidant en Galice ont fait partie d'un processus qui contribua au développement des principaux mouvements sociaux opposés à la prédominance des partis et des élites politiques traditionnels qui surgirent dans le pays à la fin de la Restauration.
L'immigration galicienne vers l'Amérique du Nord et l'Amérique du Sud entre 1830-1930 est ici étudiée de façon à expliquer les différences dans les tendances migratoires et dans les préférences des migrants. Le rôle positif de facteurs microsociaux et des réseaux sociaux informels concernant l'information, le financement, l'appui et l'intégration des émigrés espagnols galiciens est mis en exergue. L'auteur analyse également le rôle de l'émigration dans la stratégie familiale ainsi que les différents mécanismes d'information avec lesquels ont compté la famille galicienne ainsi que les émigrés potentiels pour prendre leur décision de réaliser leur projet migratoire. L'importance de la chaîne migratoire comme moyen du regroupement familial est également étudiée.