Au Mexique, dans les communautés rurales, les célébrations des fêtes patronales sont le point d'orgue du culte rendu aux saints. Organisées à l'échelle des villages dont elles mobilisent les populations, elles permettent de célébrer la permanence d'une identité commune. La participation de chacun est requise en fonction des responsabilités qu'il occupe dans la communauté. Non contents de faire des fêtes patronales l'occasion d'un retour, les Mexicains imposent aux migrants d'y participer financièrement. Une exigence qui ne va pas sans heurts lorsque se distendent les liens avec le village d'origine.
A travers les discours et les gestes destinés à parer les menaces de l'invisible, l'auteur fait découvrir une culture urbaine à la croisée des mondes. Par l'intermédiaire des femmes, et plus particulièrement des mères, il montre comment ces dernières sont à la fois les garantes d'une tradition séculaire et les passeuses de nouvelles façons d'être en exil, entre la France et le Maghreb.
Le rôle occupé par les pratiques religieuses dans un courant migratoire récent et atypique que constitue l'immigration d'origine camerounaise dans la zone de sa plus forte expression diasporique qu'est l'Ile-de-France. Il s'intéresse tout particulièrement aux mutations d'un syncrétisme religieux colonial et postcolonial importé du pays d'origine dont l'une des conséquences semble prendre forme d'un extrémisme naissant à caractère essentialiste au sein de la génération issue de cette immigration.
Aujourd'hui les tambours batà et les danses d'orichas attirent un nombre croissant de visiteurs européens et américains à Cuba, alors qu'au début du siècle, ces musiques et ces danses étaient considérés comme répugnantes et inaudibles et leur pratique sévèrement réprimée...
A travers un terrain continu de 24 mois effectué en Arizona et au Nouveau Mexique à l'intérieur et à l'extérieur de la réserve navajo, cette thèse explore les catégories de l'appartenance, lorsqu'elles sont élaborées, décrites et instrumentalisées par des Amérindiens ordinaires, interlocuteurs privilégiés de cette enquête. Elle s'attache en outre à restituer une situation particulière de cohabitation culturelle associant des missionnaires, parents d'élèves, commerçants, éleveurs, voisins et autres intervenants afin d'examiner les modalités du "vivre ensemble". Ici, chacun des protagonistes rencontrés appréhende à priori l'altérité en des termes absolus et définitifs : l'autre, le Blanc ou l'Indien, reste irrémédiablement différent. Sur cette base, l'ethnographie des relations interethniques que nous proposons s'organise autour de trois axes interreliés aux plans méthodologique et théorique : le féminin en tant qu'outil destiné à faciliter la compréhension d'une architecture sociale et culturelle spécifique, le religieux comme cadre et ferment des relations interethniques et le principe d'autodétermination, comme réponse indigène à la question initiale de la place et du devenir des Nations amérindiennes. Le féminin, en tant que sphère non exclusive, est envisagé comme un prisme permettant d'accéder par induction à une situation dont la complexité est accrue par les innombrables paradoxes qui la traversent. Ces paradoxes exercent une influence telle sur le quotidien des différents protagonistes qu'ils se retrouvent, tous et toutes, dans l'obligation de négocier leur existence, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de la Réserve. Aussi, le point focal de la présente restitution reste-t-il bien l'analyse de cette négociation, dans sa genèse, ses enjeux et ses multiples implications à différentes échelles. (Résumé de l'auteure)
A partir de pratiques culturelles de leurs régions d'origine, les Antillais travaillant au centre de tri de colis que l'auteur a observé ont reconstruit de nouvelles règles de cosommation alimentaire et de commensalité sur leur lieu de travail en région parisienne. En partant de l'étude de la transposition d'une pratique alimentaire ancienne, l'auteur décrit l'organisation rituelle du casse-crôute, l'approvisionnement en denrées alimentaires, le déroulement du repas et ses participants. Ces repas seraient un rituel, un devoir qui permet d'entretenir les traditions du pays.
La question des mariages forcés apparaît aujourd'hui fortement dans le champ thématique institutionnel, " des violences faites aux femmes issues de l'immigration ", nées en France ou nouvellement arrivantes. L'annonce d'un " risque matrimonial ", selon lequel 70 000 mineures seraient menacées de mariages forcés, projection démographique discutable, avancée par le secteur associatif, n'est pas sans effet. C'est dans ce contexte que l'auteure examine la validité de la distinction sociologique entre mariages arrangés et mariages forcés avec pour toile de fond, la problématique du consentement, ou de la contrainte avérée. Le postulat énoncé est que ce risque a des conséquences majeures sur la question de l'entrée du séjour des étrangers, précisément parce que le mariage est un mode d'entrée légal en France, mais également du point de vue des processus d'intégration et des constructions identitaires des " victimes " et des " auteurs " potentiels. Le dépouillement exhaustif des données publiques constitue la trame méthodologique des investigations, sur la base d'une part, de l'expérience militante des associations de femmes, d'autre part de l'arsenal juridique et pénal. Ces données sont complétées par des entretiens semi directifs auprès d'acteurs de terrain dans le contexte rennais. La difficulté à se reconnaître comme victimes, entre endogamie culturelle et repli identitaire, ne permet pas de conclure que la majorité des mariages arrangés par les familles puissent être qualifiés de mariages forcés ni vécus comme tels par les jeunes filles.
La condition d'immigré est par définition ambigüe, caractérisée par des attentes contradictoires et des contraintes mutuellement incompatibles. La famille est le lieu de confluence de ces influences contradictoires, celui où doit se gérer l'équilibre entre les injonctions à l'intégration, qui poussent les immigrés à renoncer à leurs pratiques familiales traditionnelles, et les soupçons de trahison que la société d'origine fait peser sur eux lorsqu'ils s'en éloignent. Pour les immigrés d'aujourd'hui comme pour ceux d'hier, ces contradictions se gèrent le plus souvent, dans l'intimité pour éviter la rupture : les parents sachant au besoin fermer les yeux sur les transgressions mineures pour éviter le pire, les jeunes, et en particulier les filles, apprenant à ménager les images publiques sur lesquelles se basent les réputations familiales pour gagner des marges de liberté individuelle. Ce qui rend ces compromis sans doute plus difficiles à négocier pour les familles immigrées des temps présents, c'est la publicisation et la politisation de ces contradictions inter-générationnelles qui en même temps qu'elles focalisent sur des pratiques comme la polygamie, le port du voile ou les mariages arrangés, les représentations stigmatisantes sur les familles immigrées, tend à ériger ces "traditions" culturelles en symboles identitaires. A l'ère de la mondialisation, le devenir, encore incertain et variable selon les groupes, de l'immigration familiale, se noue dans les rapports complexes entre des redéfinitions identitaires qui se jouent sur la scène culturelle mondialisée, et l'intégration des descendants des immigrés dans l'ordre national, qui se joue sur le terrain socio-économique et politique de l'égalisation des chances. (Résumé de l'auteur)
Si les pays européens sont des pays laïques, il existe une diversité des laïcités européennes dont trois clés permettent de comprendre les modalités du processus de sortie de religion : la tradition religieuse dominante du pays (catholicisme versus protestantisme), l'entrée des masses dans la vie politique et asociative (fin du XIX - début du XXe siècle), et quelques événements "tournants".; L'achèvement du procesus de sortie de la religion coïncide avec la convergence de la diversité des laïcités européennes, le problème de la laïcité de la troisième génération étant à considérer sous le prisme du passage des immigrés sans religion à la question des minorités religieuses, et l'héritage du passé et le défi de l'inédit étant une articulation difficile tant en France qu'en Grande-Bretagne.
Les femmes issues de l'immigration subissent des discriminations, à la fois en tant que femmes et en tant qu'immigrées, mais également en fonction de leurs traditions et de la religion de leur pays d'origine. Cette dernière forme de discrimination est souvent cachée derrière la notion de la différence culturelle.
En droit français, la validité d'un mariage est conditionnée par le consentement des deux époux. Or, le mariage forcé est davantage analysé sous l'angle du risque de détournement des lois sur le séjour des étrangers en France, qu'en vertu des droits des femmes et de la protection des victimes. Les femmes sont souvent dans une impasse juridique, d'où l'importance de l'écoute et de la médiation des travailleurs sociaux, de juristes et de psychologues
L'auteur, qui dirige l'association turque Elele, analyse les nouvelles dispositions concernant les mariages forcés et dénonce notamment le défaut de prise en compte des situations de détresse, aussi bien pour les femmes que pour les hommes. Il est difficile de faire la part des choses entre vouloir contourner la loi et avoir recours au mariage forcé pour de toutes autres raisons.