La France actuelle est l'héritière d'une longue tradition en matière d'accueil des dieux apportés par les immigrés. Si la monarchie du XVIIe siècle entendit convertir au catholicisme morisques et musulmans, le Malesherbes de l'édit de tolérance (1787) a voulu un texte assez plastique pour satisfaire, au-delà des protestants, de potentiels immigrations et leurs dieux ; la loi de Séparation (1905) a poursuivi dans la même voie, chance plus que handicap pour l'islam, par exemple.
Ce livre présente un champ de recherche sur 3 ans à propos des diasporas, l' organisation sociale et spatiale qu'elles impliquent
Si les pays européens sont des pays laïques, il existe une diversité des laïcités européennes dont trois clés permettent de comprendre les modalités du processus de sortie de religion : la tradition religieuse dominante du pays (catholicisme versus protestantisme), l'entrée des masses dans la vie politique et asociative (fin du XIX - début du XXe siècle), et quelques événements "tournants".; L'achèvement du procesus de sortie de la religion coïncide avec la convergence de la diversité des laïcités européennes, le problème de la laïcité de la troisième génération étant à considérer sous le prisme du passage des immigrés sans religion à la question des minorités religieuses, et l'héritage du passé et le défi de l'inédit étant une articulation difficile tant en France qu'en Grande-Bretagne.
En signant l'édit de Nantes en 1598, Henri IV mettait fin à 40 années de violences religieuses et politiques opposant catholiques et protestants en France. Cet article retrace l'histoire du protestantisme vis-à-vis de la laïcité à travers l'analyse de l'apprentissage du pluralisme religieux de l'édit de Nantes à la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen d'une part, et du combat des protestants pour la laïcité du Concordat, en 1801, à la loi de séparation des Eglises et de l'Etat, en 1905, d'autre part. Le protestantisme a eu un rôle majeur, que ce soit de manière indirecte (édit de Nantes) ou directe (laïcisation de la société au XIXe siècle), dans la construction de la laïcité en France. Par leur action, les protestants ont obtenu au début du XXe siècle leur intégration dans la Nation.
Après avoir passé en revue les différentes études de sociologie religieuse après la Deuxième Guerre mondiale, l'auteur analyse la place du religieux dans la vie des sociétés contemporaines laïques (sous des formes différentes) et où l'adhésion croyante est présentée comme une affaire privée et individuelle. L'ouvrage tente de fournir quelques repères afin d'éclairer le phénomène de la fin des identités religieuses "héritées". L'appartenance religieuse semble de plus en plus "bricolée". Empruntant au christianisme, au judaïsme, à l'islam, au bouddhisme et au taoïsme, chacun semble s'inventer sa croyance, indépendamment de sa tradition familiale. L'auteur examine les figures du pèlerin et du converti dont l'identité mobile l'emporte aujourd'hui sur celle du pratiquant régulier. Enfin, pour ce qui est de l'Hexagone, la question religieuse est étudiée sur le plan politique. La République, confrontée à la prolifération des croyances et des communautés, apparaît privée de ses interlocuteurs institutionnels habituels. C'est pourquoi la sociologue propose un aggiornamento de la laïcité en terme de médiation et de refondation du lien social.
A quelle minorité se réfère-t-on quand on parle des protestants dans une société de plus en plus laïcisée, notamment en France ? Compter les protestants selon l'observance du culte n'est pas un bon critère : la définition fournie par le pasteur ou le protestant orthodoxe n'est pas satisfaisante. C'est plutôt la proximité au protestantisme qui révéle son rayonnement, même au-delà de ses propres rangs, dans la mesure où il absorbe les catholiques qui rebutent certains caractères de l'Eglise romaine. L'auteur distingue les protestants des "faux correligionaires", les fidèles des Eglises "nouvelles", évangéliques, baptistes, pentecôtistes. Que reste-t-il au niveau de la nation dès lors que les fois et les pratiques se sont effondrés ? Pour l'auteur il existe une culture protestante qui se manifeste dans l'orientation des travaux nombreux chercheurs, de Bastide à Leenhardt et Monod notamment.
Analyse de la transformation, de la reproduction et de la continuité de la culture danoise dans le milieu rural de l'Iowa (Etats-Unis) et de Buenos Aires (Argentine), un accent particulier étant mis sur les relations complexes que les Danois ont tissé tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de leur communauté. Ainsi, l'auteur examine le rôle joué par les institutions dans la définition et la démarcation des limites ethniques et dans l'articulation des formes divergentes d'adaptation en Argentine et aux Etats-Unis. L'auteur analyse, d'une part, l'éducation proposée par les écoles émanant de l'Eglise luthérienne danoise, et, d'autre part, le rôle joué par l'école publique dans la vie des Danois installés en Argentine et aux Etats-Unis.
Ce dossier, dans lequel les femmes tsiganes parlent d'elles-mêmes et de leur communauté, est constitué de trois parties : la femme, l'homme, la communauté (une approche ethnologique de l'espace féminin dans la communauté traditionelle des Rom "Slovak" et parmi les Rom des Abruzzes, l'influence de l'église évangélique sur la vie de couple dans la banlieue de Madrid) ; la femme, le savoir, la culture (l'accès des femmes à la vie professionnelle et sociale, aux ateliers d'écriture); la femme, la société, l'identité (leur prise de position, leur quête d'identité, leur lutte pour une vie normale dans une société en mutation). En annexe : le manifeste des femmes tsiganes (Séville, 1994) et l'audition des femmes tsiganes au Conseil de l'Europe en 1995.
La nationalité (ainsi que le nationalisme) est ici présentée comme un artefact culturel de type particulier. La création de ces artefacts vers la fin du XVIIIe siècle a été le résultat du croisement complexe de plusieurs forces historiques présentes dans des lieux précis de l'Occident. Le caractère "modulaire" de ces artefacts leur a permis de s'adapter à de multiples contextes politiques et idéologiques. Ensuite, la convergence entre capitalisme et technologie de l'imprimerie a permis la constitution d'une nouvelle forme de communauté imaginée qui est le fondement de la nation moderne. La nation est ici définie comme une communauté politique imaginaire dans la mesure où ses membres partagent l'idée de leur propre "communion".
Dans le cadre des lieux de cultes catholique, orthodoxe, musulman, protestant, israélite, bouddhiste, l'auteur s'interroge sur les activités organisées dans ces lieux. Se limitent-elles aux aspects religieux ou le religieux n'est-il que le moyen pour faire autre chose ?.
Cette étude de l'antisémitisme aux Etats-Unis, 1945-1993, souligne que ce pays, contrairement à ceux d'Europe, n'a pas connu dans son passé (avant la Deuxième Guerre mondiale) une réelle tradition d'antisémitisme hormis les actions du Ku Klux Klan vers 1840 à 1870. Les formes, manifestations, tendances de l'antisémitisme telles qu'elles sont apparues depuis 1945 sont analysées dans le détail : persécutions provenant de l'élite WASP, du peuple, des minorités ethniques (les Noirs), du gouvernement («chasse aux sorcières» instaurée par le Sénateur Mac Carthy (J.)), antisionisme véhiculé par la nouvelle gauche, fondamentalisme protestant, témoignent des préjugés contre les juifs. Cependant de récents sondages d'opinion attestent le déclin de l'antisémitisme.
Les Eglises majoritaires, catholique en France, catholique et évangélique en République Fédérale d'Allemagne furent parmi les premières institutions à prendre acte de la présence de l'islam, contribuant ainsi à favoriser son intégration et à poser la question de son droit de cité dans ces sociétés. Dans cet article, l'auteur analyse à quel titre et à quel niveau l'institution religieuse intervient de la sorte et en fonction de quel contexte et de quelle perception des musulmans elles le font. Ces manifestations de solidarité ne sont pas le fruit d'une stratégie concertée mais le résultat de la conjonction de deux facteurs : d'une part, des interactions qui existent à la base entre certains milieux d'Eglise et immigrés de tradition islamique; d'autre part, du renouvellement doctrinal conduisant les Eglises à un engagement pour les droits de l'homme et à une conception plus irénique des relations entre le christianisme et les religions non-chrétiennes.
On assiste depuis une dizaine d'années à un réveil de la religion, qu'il s'agisse du catholicisme, du protestantisme, du judaïsme ou de l'islam. Si ce réveil du religieux est marqué par une grande visibilité, il s'exprime de manière nouvelle par le désir d'appartenir à une communauté religieuse qui n'a pas pour finalité le ghetto ou la secte, mais prouve le désir moderne de s'associer librement et d'inventer une pratique religieuse qui reste souvent éloignée du repli identitaire.
Actes d'un colloque traitant la question des minorités à travers des minorités religieuses en Europe.