En partant d'une analyse de l'islam en tant que religion européenne et politique, l'auteur étudie les paradoxes de l'état d'exception laïque par rapport au foulard islamique porté par les jeunes filles musulmanes en France en le confrontant au symbole de la République qu'est l'école.; Voile, école et laïcité sont étudiés ici à travers le prisme du symbole versus mythe, la jurisprudence en la matière faisant figure de démystification. Enfin, l'auteur examine le passage de la laïcité du droit au mythe de la laïcité et la position de l'Etat et de la société française face au voile.
Ce travail mené auprès de jeunes étudiantes voilées nées en France, interroge la relation du voile à l'autre sexe à travers les comportements amoureux et les stratégies matrimoniales. Il se demande dans quelle mesure ces jeunes filles sont en rupture avec les pratiques traditionnelles de leurs parents, tout en revendiquant une appartenance à un "nouveau monde islamique ». (Présentation de l'éditeur)
Nombre d'anthropologues considèrent que, dans leur grande majorité, les groupes auxquels on est confronté sont des constructions sociales, chaque culture créant son propre système de représentations de la diversité humaine. Cette posture peut sous-estimer le rôle de la cognition dans la construction des formes culturelles, y compris des formes artificielles telles que la race. Selon l'auteur les anthropologues sous-estiment le rôle que les enfants jouent dans la formation et dans la transformation des traditions culturelles. Cet essai examine la construction d'une convention culturelle spécifique, sous ses aspects cognitifs et dans ses liens avec le développement des individus - convention que l'on rencontre en Amérique du Nord et dans certaines zones d'Europe sous le nom de "règle de la goutte de sang" et qui détermine l'identité raciale. Le simple apprentissage de cette règle ne suffit pas à expliquer de quelle manière cette convention s'acquiert et s'interprète. Au contraire, ces opérations reflètent une relation complexe et dynamique entre les environnements culturels, les processus cognitifs et d'adaptation à la vie sociale.
L'auteur a analysé la tolérance comme notion de philosophie ainsi que comme principe de politique. Le modèle élaboré par John Locke pour la neutralité de l'Etat et l'association volontaire ne semble plus s'adapter au développement du pluralisme religieux et ethnique contemporain. Sans vouloir plaider pour un relativisme débridé, l'auteur estime que la réponse plus pertinente à la question de la tolérance est de prendre en considération plusieurs options et d'établir les possibilités et les limites de chacune à l'intérieur de son contexte historique. En ce sens il faudrait affranchir la notion de tolérance de l'idée d'un principe supérieur dont découlerait une échelle hiérarchique sur laquelle les sociétés se verraient assigner un rang selon leur degré de respect de la différence.
Analyse comparative de la naissance de l'identité ethnique au sein des communautés juives et arméniennes au Brésil. Chaque groupe a redéfini son identité propre selon des spécialisations fonctionnelles à leur insertion dans le nouveau pays d'accueil, spécialisations qui seront intégrées ultérieurement dans une identité sociale collective, générant ainsi des attentes et des modèles de comportement qui ne dépendent pas exclusivement des facteurs économiques. Pour l'auteur, si la communauté juive est devenue une institution, c'est parce qu'elle est le résultat d'un processus social qui force la formation de l'identité juive au Brésil : les Juifs brésiliens sont avantagés lorsqu'ils s'identifient en tant que Juifs et peuple d'intellectuels.
En France, après la libération des théatres et l'abolition de l'esclavage, la scène révolutionnaire de 1789 semble s'ouvrir au personnage du "nègre" que les intérêts économiques avaient jusqu'alors quasiment banni du théatre. On voit fleurir des pièces qui servent la propagande anti-ésclavagiste et contribuent à convaincre l'opinion publique du bien fondé de l'abolition. Mais, c'est le nègre réconnaissant et toujours fidèle que l'on admet sur la scène. Loin de servir son propre destin, l'image du "noir au théâtre" se met bientôt au service de l'idéologie républicaine. Aucune place est laissée à un héros libérateur sur les planches. En revanche, le théâtre de la Révolution fabrique un cliché qui aurait une vrai postérité, notamment chez le "nègre colonisé de Banania". Il s'agit du "bon nègre", ce grand enfant rigolard et lourdaud, que l'on confond avec sa musique exotique, ce "bamboula" insouciant et sentimental. A travers les visées du discours de la Révolution on voit déjà le héros incapable de vivre loin de son maître (qu'il adore) ainsi que ses qualités de "meilleur ami" de l'homme blanc.
Pour l'auteur les critères justificateurs de l'identité et de l'émancipation d'une nation ont tendance à se constituer idéologiquement avant de prendre forme réelle. Même si la sémantique du mot "natio" varie au cours des âges, la société désignée n'en connote pas moins des attaches linguistiques et religieuses. Nation et religion peuvent en fait devenir les deux seules justifications du sacrifice suprême, dans la croisade comme dans le combat pour la patrie. Toute construction nationale s'opère à partir d'un processus de mythification du passé et des dites oppressions, où la religion joue un rôle dans les processus de militance, de ritualisation, de culte des reliques, de baptême d'une société régénérée, de glorification d'un héros du cru. L'article traite en outre les contradictions entre recherche de supranationalité et revendications d'autonomie régionale. Si les idéologies nationales "fusionnelles" sont parfois des reviviscences religieuses face à des sécularisations, les idéologies nationales "sécessionistes" modernes risquent d'entraîner des divisions politico-religieuses ayant pour effet pervers de discréditer l'Eglise et d'accéler l'abandon des pratiques religieuses.
L'auteur étudie la notion d'ethnie à partir de groupes humains ayant des mythes ancestraux, un passé et une culture enracinés dans un territoire spécifique et avec un sens de la solidarité. La notion d'ethnicité est analysée à partir de ses caractères principaux : sa persistente capacité à changer, à absorber les influences extérieures de l'autre et la persistence du groupe à travers le changement.
La mobilisation collective des jeunes issus de l'immigration maghrébine accélère le glissement d'un questionnement politologique du leadership islamique vers l'associatif dans un premier temps, et de l'associatif vers le politique, dans un second. L'islam n'est plus considéré comme l'unique vecteur de mobilisation : il devient une dimension parmi d'autres. Dès lors qu'ils reconnaissent à ces populations une capacité à s'organiser sur le plan politique, les chercheurs sont conduits à s'organiser avec les acteurs susceptibles d'opérer ce passage au politique. Il est difficile de comprendre l'engouement actuel des politologues et des sociologues pour la question de l'élite, si nous ne prenons pas en considération cette dimension normative. En fait, les recherches françaises sur les élites issues de l'immigration maghrébine renvoient implicitement à une recherche d'individus "capables" de porter l'idéal de passage à l'explicite est sous-jacent dans nombre de travaux. En tous cas, la consolidation d'un espace franco-maghrébin relativement autonome et l'effervescence créatrice du phénomène associatif issu de l'immigration prouvent l'existence de relations étroites entre ces différentes catégories d'élites, même si celles-ci s'expriment le plus souvent sur un mode conflictuel.
Ce dictionnaire traite du symbole musulman tel qu'il se manifeste dans la vie quotidienne et dans la doctrine. Il traite aussi bien des nombres et couleurs symboliques, bestiaire, nom d'Allah, grandes figures coraniques... Plus de 1600 notices présentées par ordre alphabétique, des milliers de renvois et de citations, une bibliographie de 850 références font de cet ouvrage un outil précieux.
L'auteur analyse les processus qui sont à l'origine des nations et des groupes ethniques. En particulier, la production des nations canadienne et québécoise est examinée du point de vue des politiques et des idéologies qui les caractérisent, c'est-à-dire le multiculturalisme d'un côté et l'interculturalisme de l'autre. Les représentations et les projets propres à chacune d'elles sont ancrés dans une histoire collective donnant lieu à des pratiques, des politiques et des utopies qui leur sont spécifiques. Le risque de l'occultation du rapport social "producteur" des êtres humains est de favoriser l'éclosion de thèses primordialistes sur l'ethnicité ainsi que des visions essentialistes de la nation. L'auteur souligne enfin que l'ethnicité et la nationalité sont forgées au sein de processus où se construisent simultanément des frontières intérieures et extérieres.
Ouvrage d'histoire et d'ethnologie sur la culture, les coutumes, les mythes et croyances des Tsiganes. L'auteur aborde leur origine, la justice dans la société tsigane, la musique, les signes et les symboles, les traditions liées au mariage, à la naissance, à la mort et à la religion. A la fin de l'ouvrage, quelques contes et un lexique.
Cet essai se propose d'examiner la période de l'incarcération des Japonais aux Etats-Unis. A travers l'analyse des rituels engagés dans la conception de jardins japonais, il montre d'abord comment une tradition fut réinventée, puis analyse l'ambiguïté contenue dans l'exercice de pratiques culturelles qui exprimaient une quête d'identité indissociable du repli dans le passé et de la résistance créatrice. Tout comme ces créations paysagères, les évocations du paysage de l'exil sont aussi abordées pour leur valeur symbolique.
Critique des approches sociologiques ou psychologiques de la circoncision afin de replacer celle-ci dans le cadre religieux et symbolique.
Si l'on part du principe qu'il n'y a de médiateurs que nés d'un conflit, existant ou potentiel, on ne peut parler de "médiateurs culturels" que s'il y a une fonction de médiation à assumer entre des sociétés placées en situation d'antagonisme. En tenant compte de la configuration d'interpénétration des tensions et des transactions culturelles, ainsi que des croisements du passé et du présent entre l'Algérie et la France, l'auteur analyse ici le cas des "passeurs", des "frontaliers", des "hommes-frontière" des relations interculturelles franco-algériennes : les Français ou les Algériens, dotés de qualités et défauts stéréotypés, et assumant des rôles stéréotypés par rapport à l'autre société.