Chaque élève est unique. Comment prendre en compte ses spécificités et ses différences sans le distinguer du groupe, mais en le valorisant ? Dans quelle mesure les acteurs de l'école devraient-ils considérer en particulier ses appartenances culturelles, ou au contraire devraient-ils traiter tout le monde de manière égale ? Où trouver un juste milieu, qui resterait encore à adapter au contexte de chaque école ?
La violence scolaire est souvent imputée par le sens commun aux enfants issus de l'immigration, et en particulier aux enfants d'origine maghrébine, et à l'intérieur de ce groupe, aux garçons.; Si le caractère "violent" des jeunes Maghrébins fait partie des préjugés et des stéréotypes qui participent de la formation des représentations, plusieurs facteurs participent à la construction, à l'entretien et à la transmission de ces représentations fortement ancrées socialement qui trouvent leur source tout autant sur le plan historique et contemporain que social et culturel.
Ce numéro témoigne des interrogations et de l'aspect sensible du thème de l'autorité. Il explore des situations relevant des domaines privés (famille) et public (école, justice, police, Etat).
Les désignations et les auto-définitions ethniques font partie de l'expérience scolaire de nombreux élèves français. L'auteur interroge la catégorie « élèves maghrébins » dans un contexte social marqué par la présence de groupes sociaux immigrés. Il s'appuie sur les travaux de Lagrée, Lew Fai et Dubet puis il montre que les expériences scolaires des élèves sont marqués par la stigmatisation, notamment lors de l'orientation.
L'ouvrage porte sur la question du rapport au savoir et à l'école : pour un jeune d'aujourd'hui quel sens cela a-t-il d'aller à l'école, de travailler à l'école, d'apprendre ? Pourquoi les jeunes opposent-ils si souvent l'école et la vie ? Pour eux qu'est-ce qu'un bon prof et qu'est-ce qu'un cours intéressant ?
L'étude porte sur la mise en parallèle de la régulation d'un lycée professionnel "sensible" et celle d'un club de rugby situé dans le même environnement. Les auteurs cherchent à mettre au jour les conditions et les modalités organisationnelles et cognitives qui font que le syndrome relationnel qui scelle l'exclusion (associant résignation et agressivité de la part des enseignants et des élèves) peut ne pas apparaître.
L'adaptation sociale et scolaire des élèves migrants est un processus marqué par de multiples paradoxes particulièrement dans les collèges des quartiers défavorisés. Outre le nécessaire apprentissage d'une langue nouvelle, ils doivent comprendre simultanément les codes de conduite de la communauté juvénile environnante et les exigences des enseignants. Ces logiques souvent contradictoires compliquent leur parcours d'intégration.
L'ouvrage présente une école en situation (le collège) en situation sociale (la précarisation, l'immigration républicaine), en situation urbaine (la périphérie, l'anomie, la déréliction). Il approche de l'école comme une organisation dynamique soumise à de tensions récurrentes (la précarisation, la délinquance, les souffrances sociales).
Les sentiments de déception, les problèmes liés à l'identité d'une jeunesse partagée entre deux cultures entraînent, dans certains cas, une résurgence des suicides, des fugues, ainsi que des comportements violents et inadaptés dont les travailleurs sociaux et les enseignants sont les premiers témoins. Les premières recherches sur la santé des immigrants de culture musulmane en Belgique ont porté sur les affections professionnelles. (Présentation de l'auteur)
Sur la base d'une enquête réalisée entre 1993 et 1998 dans deux collèges d'une zone d'éducation prioritaire de la région bordelaise impliquant 120 élèves issus de l'immigration répartis équitablement entre Turcs, Africains et Maghrébins, cet article analyse les représentations et les positionnements scolaires des enfants de migrants au collège ainsi que la spécificité de cette réalité. Les entretiens ont permis de distinguer trois ensembles relativement homogènes : le premier est constitué par des élèves qui se situent dans la moyenne, le second regroupe les très bons élèves et le troisième les élèves en échec scolaire. Le niveau scolaire semble donc une variable à mettre en relation avec des représentations (de l'école, des enseignants, de stratégie...) et des positionnements scolaires différents.
L'article traite d'une cité ouvrière de la grande couronne parisienne où se sont rassemblés seize groupes familiaux marocains dont les pères ont travaillé comme manoeuvres dans la même entreprise au Maroc et ensuite en France entre 1955 et 1992. Les trajectoires scolaires et profesionnelles des enfants constituent le résultat du croisement entre l'espace historique des possibles scolaires et professionnels et les moyens mis en oeuvre par les familles afin de conserver ou améliorer leur position sociale. L'auteur rend compte d'un entretien mené en 1992 avec la personne qui a été successivement enseignante puis directrice de l'école primaire qui a fonctionné entre 1961 et 1980. La trajectoire de cette institutrice permet de comprendre son influence sur les devenirs scolaires de certains de ses élèves - qu'ils aient poursuivi des études supérieures ou quitté de façon précoce le système scolaire.
La scolarisation des enfants de forains n'est pas très aisée : les forains, travailleurs ambulants, transportent leur famille au cours des tournées, au gré des fêtes qu'ils animent. Installés au mieux pour quelques semaines, la plupart d'entre eux placent leurs enfants à l'école la plus proche. Dans ces conditions, ces élèves n'ont pas le temps de trouver une place au milieu de leurs camarades de classe et ne s'inscrivent pas dans les apprentissages scolaires. En l'absence d'une structure itinérante qui suivrait ces populations pour offrir à leurs enfants une scolarisation plus soutenue, l'Education nationale a mis en place des établissements scolaires spécialisés afin d'accueillir ces élèves non sédentarisés. L'article présente le dispositif des écoles régionales du premier degré (ERPD) qui, n'assurant pas d'enseignement et acceptant les enfants jusqu'en cinquième, fonctionnent comme des internats.
La violence et la déviance sont-elles des phénomènes inéluctables dans les établissements de banlieue ? Les difficultés des collèges de banlieue sont d'abord expliquées à partir de la dégradation de l'environnement social et familial des élèves. La comparaison de deux collèges populaires de banlieue permet d'aborder la question sous un autre angle. Les problèmes que rencontrent ces établissements tiennent aussi à l'affaiblissement de l'institution scolaire. En effet, les collèges doivent gérer seuls, et souvent au coup par coup, leurs problèmes et les enseignants n'ont plus de points de repères autres que leur bonne conscience et leur savoir-faire.
Un sentiment d'insécurité est actuellement présent dans un certain nombre de collèges français. Quelle que soit la montée réelle des délits, ce sentiment participe plus d'une ambiance incivile que d'une logique délictueuse. C'est cette crise de la civilité scolaire que l'article tente de décrire et de comprendre. Il s'agit essentiellement d'une crise d'identité forte, tant chez les élèves que chez les enseignants.
Proposant de mettre à jour des déterminations structurelles de la violence à l'école, cet article s'attache à construire une perspective sociologique sur les processus de ségrégation scolaire. L'hypothèse sous-jacente est en effet que la ségrégation, dans ses dimensions objective et subjective, est une des causes essentielles de développement des incivilités et des violences dans les établissements scolaires. La ségrégation scolaire résulte de mécanismes pluriels et interactifs, externes à l'école (division sociale de l'espace résidentiel) où internes (banalisation idéologique du secteur privé, consumérisme des parents, autonomie et concurrence des établissements publics). Elle se développe dans un contexte général d'exacerbation de l'enjeu scolaire et d'ethnicisation négative des discours sur la violence urbaine.