Après trois décennies d'immigration turque en Europe et soixante-quinze ans de modernité kémaliste, la famille turque en migration se devrait d'être conforme au modèle de la famille nucléaire occidentale. Ainsi, les mariages arrangés, la séparation des sexes et la forte patrilinéarité ne seraient plus que de «mauvais souvenirs». Pourtant, si l'on examine aujourd'hui comment s'élabore le champ de la parenté en situation migratoire, la surprise est totale. Les modèles anciens hérités des tribus nomades turques perdurent. La rupture radicale avec les ordres anciens ne semble pas être de mise. Tout se passe comme si se produisait un retour des schèmes traditionnels réactivés par la situation migratoire. Cet article se propose donc d'étudier dans le cadre de la parenté, quels vont être les repères dominants en migration. (Résumé de la revue)
L'auteur pose cette hypothèse que l'errance, comme impossibilité à voyager, peut être la manifestation résiduelle d'un voyage migratoire qui n'aurait pas trouvé son terme. Le matériel utilisé est la clinique des migrants. L'analyse utilise l'analogie de la migration avec un rite, divisé en plusieurs étapes : séparation, latence, agrégation. Elle repose également sur les notions psychanalytiques de deuil et de dette.
« Le voyage, dit le Petit Robert, est le déplacement d'une personne qui se rend en un lieu assez éloigné ». Le GI américain envoyé en Irak serait-il alors un voyageur ? Car au fond, qu'est-ce que voyager ? Dans une conception occidentale moderne héritée des congés payés, on serait tenté de séparer le tourisme de toute autre forme de voyage. Selon cette conception, le voyage volontaire a comme motivation le « dépaysement », il est consommation de pays et de l'autre. Ni la guerre, ni la maladie ni le travail ne le provoquent, seul le guide l'imaginaire du touriste.Mais voyager ne procède-t-il pas d'abord du rêve et d'un projet, voire d'un désir d'aventure, puis d'une transformation par la rencontre d'un ailleurs, d'un hors-soi ? Ainsi, voyager c'est vivre, comme pour les nomades, ce peut être l'engagement d'un projet humanitaire ou spirituel. Même si, comme pour Sindbad le Marin, il n'est que le départ d'une entreprise commerciale, il peut susciter étonnement, intérêt devant des contrées inattendues mais extraordinaires. Le rêve est aussi à l'origine de bien des migrations, pas toutes certes : la guerre, la violence, les contraintes économiques font aussi de ces périples un déracinement douloureux. (Présentation des auteurs)
L'auteure, psychologue des actions interculturelles, interroge des psychiatres sur la prise en charge spécifique des patients d'autres cultures et notamment maghrébins ( la majorité des patients étant originaires du Maghreb).
Dans ce numéro, sont regroupées les interventions de professionnels de la santé et de travailleurs sociaux présentées lors du premier colloque européen organisé par le Centre Françoise Minkowska sous l'égide de l'Association Françoise et Eugène Minkowski (Paris). Ont été exposés successivement politiques de santé mentale, accès aux soins, et pratiques cliniques transculturelles auprès de migrants et de réfugiés dans différents pays d'Europe.
L'auteur soulève le problème de la prise en charge de patients turcs dans le cadre de consultations interculturelles et met en évidence certaines difficultés rencontrées à travers deux études de cas et se questionne sur cette prise en charge.
L'écoute est un des moyens pour comprendre le vécu et les souffrances des immigrés. L'auteur confronte son expérience de terrain en tant que psychologue aux théories psychanalytiques pour qualifier ce mal être de l'exil.
La psychologie interculturelle examine les processus psychologiques dans leur contexte culturel. Elle permet de prendre du recul par rapport à une psychologie ethnocentrique, élaborée uniquement dans un contexte occidental. Le potentiel d'application dans le milieu scolaire mérite d'être développé de façon plus explicite, en prenant en compte d'une part le développement cognitif, d'autre part les relations intergroupes et la communication interculturelle, enfin les psychologies sociale, scolaire et clinique.
Pour nombre de praticiens occidentaux, les mouvements migratoires provoquent des risques pour la santé mentale des migrants, ce qui a entraîné la création de laboratoires de psychologie interculturelle dans différentes universités. Mais l'auteur s'insurge contre les pratiques de certains psychologues qu'il assimile à des pratiques de marabouts.
Les discours ethnopsychiatriques, axés sur la différence et la distinction ethnique réduisent le migrant à sa seule dimension culturelle faisant fi de sa subjectivité et de son adhésion aux croyances de sa propre culture
Face aux difficultés qu'ils rencontrent dans la prise en charge des migrants, les professionnels médico-sociaux produisent souvent un discours culturaliste en étiquetant les patients en fonction de leur pays d'origine et de leur culture.
Pourquoi en France sommes-nous incapables de penser la différence culturelle et l'exil, incapables d'intégrer ces données, quand c'est nécessaire, dans nos systèmes de soins La question polémique est la suivante : faut-il proposer aux immigrés des dispositifs de soins psychiatriques ou psychologiques spécifiques, qui tiennent compte de leurs origines culturelles L'ethnopsychanalyse cherche à créer des lieux de soins qui prennent en compte les singularités de chaque situation, les détracteurs de l'ethnopsychanalyse le refusent. Ils considèrent que l'introduction de la culture des patients dans les consultations menace la clinique psychologique et par là même l'unité républicaine. Tenants et détracteurs de cette innovation qu'est l'ethnopsychanalyse sont engagés dans de vives controverses opposant de manière caricaturale des universalistes (tous pareils) et des relativistes (tous différents).
L'auteur apporte un éclairage sur l'échec scolaire des enfants de migrants dû à des problèmes de comportement, puis fournit des hypothèses quant à ces troubles. L'auteur se réfère à l'ethnopsychiatrie pour en dégager les causes. Afin d'étayer son propos, elle présente un cas clinique : celui de Sébastien dans une école primaire à Paris, un enfant de mère antillaise qui présente un comportement agressif.
Enquête menée dans une association de médecine transculturelle destinée à des malades "migrants" et composée d'un médecin, d'un anthropologue, d'interprètes, de travailleurs sociaux. Analyse du cas d'un migrant atteint d'un infarctus du myocarde et envoyé par un médecin psychiatre.
Parce qu'il doit adapter sa culture d'origine à celle du pays d'accueil, l'immigré va développer différentes stratégies psychiques, pour construire une nouvelle identité, c'est ce qu'enseigne la psychologie interculturelle et que traite en raison des pathologies qui peuvent en résulter, l'ethnopsychiatrie ou psychiatrie transculturelle. Parce qu'elle n'est ni provisoire, ni permanente, la situation de l'immigré le contraint à une culture de l'entre-deux, paradoxale, constituée d'éléments contradictoires, en équilibre instable et produit une identité culturelle spécifique qui perdure sur deux générations.