Etude du vécu et des pratiques socio-spatiales des femmes marocaines installées à Gennevilliers durant les vacances d'été au Maroc. Pour ce faire, l'auteur analyse tour à tour le développement de nouvelles pratiques touristiques et la persistance d'activités traditionnelles : parcours du Maroc, fréquentation de stations thermales et des stations balnéaires, pélerinage, fréquentation du centre-ville, du café et du hammam, les fêtes étant l'occasion d'afficher leur réussite sociale et de susciter admiration et jalousie dans leurs rapports de voisinage.
L'immigration a acquis une importance conséquente dans le débat sur les métropoles contemporaines et sur les politiques de la ville aujourd'hui. C'est pourquoi l'on oublie facilement que depuis l'Antiquité, les villes ont toujours accueilli des minorités venues d'autres pays et perçues comme étrangères - au point que l'histoire des étrangers dans la ville coïncide avec l'histoire de la ville même. En s'appuyant sur l'histoire des villes méditérranéennes et européennes du Moyen Age jusqu'au XVIIIe siècle, cet ouvrage met en évidence les pratiques sociales ainsi que d'appropriation symbolique des commerçants et des intellectuels migrants.
Les Baoulé acquéraient leurs esclaves principalement par l'achat, la capture étant une pratique réservée aux bandes de guerriers qui razziaient les régions de savane situées au nord du pays baoulé. Une fois achetés, les esclaves étrangers pouvaient entrer dans le circuit des échanges locaux ou être partiellement resocialisés au sein de la famille du maître, qui disposait entièrement de leur force de travail et de leur progéniture. L'intégration éventuelle dans les structures familiales n'épargnait pas aux esclaves l'immolation rituelle aux funérailles des chefs et des hommes riches. L'immolation était le destin ultime des esclaves, leur statut de non-personne rendant impossible leur complète assimilation. De cette façon, la négation, par la capture et la vente, de la naissance sociale des esclaves, s'accompagnait de la négation de leur mort par l'immolation.
En France, le racisme institutionnel découle de la colonisation et correspond à une logique de hiérarchisation sociale. Il consiste à légitimer une pratique sociale diffuse et banalisée de discrimination dans le logement, dans le travail ou dans les propos politiques qui excède le pouvoir du législateur et n'entraîne pas de sanction pénale. Très utilisé par l'extrême-droite, ce racisme ambiant est renforcé par une mauvaise gestion de la diversité culturelle qui alimente la thématique de la menace à l'unité de la nation ou les représentations de l'identité nationale.
En partant d'une étude sur l'attitude religieuse populaire en tant que phénomène multiforme présent dans les diverses religions du monde, les auteurs analysent sous une forme détaillée les 32 fêtes religieuses italiennes célébrées chaque année en Australie méridionale. Outre l'aspect typiquement religieux, ces fêtes témoignent d'une grande capacité d'insertion sociale et d'expression culturelle, et ce, y compris dans le contexte d'une société sécularisée telle que la société australienne.
A partir de l'observation de trois initiatives culturelles installées sur d'anciens sites industriels, le Confort Moderne à Poitiers, l'Usine à Genève et la Ufa-Fabrik à Berlin, l'auteur étudie les similitudes d'une pratique culturelle qui permet de redéfinir l'espace urbain, de requalifier un quartier dans la ville. Dans les trois cas, le recours à l'art, à la culture ou à la diffusion d'une pratique artistique comme la musique permet de mettre en place des échanges, des circulations de type réseau qui repositionnent positivement le territoire, y compris dans une dimension internationale, mais cette réussite repose sur une pratique sociale où le partage de valeurs sociales prend en compte les publics exclus de la culture dominante et leur permet de s'approprier ces lieux.
Sur la base des recherches récentes qui font apparaître l'originalité du cas italien et qui remettent en question les stéréotypes sur l'immigration "passive" des femmes musulmanes et sur la rupture culturelle que la migration est supposé introduire, cet article analyse la complexité des conquêtes d'autonomie des femmes marocaines en Vénétie sur deux niveaux : la variété et le pragmatisme qui caractérisent leurs stratégies migratoires et les recompositions qu'entraîne la migration en termes de rôle et de statut social.
Cinq ans après les événements politiques qui se sont produits en Moldavie (août 1989), les Gagaouzes ont obtenu la reconnaissance juridique en tant que peuple vivant sur une unité nationale territoriale autonome. Les Gagaouzes sont des turcs chrétiens orthodoxes, parlant une langue de la famille du turc, de l'azéri et du turkmène. L'auteur décrit les dynamiques historiques de ce groupe sous la domination ottomane avant et soviétique ensuite. C'est après les années trente, avec la réalisation de l'homo sovieticus, que la culture gagaouze s'affaiblit. Le régime soviétique intervient directement dans tous les aspects des relations sociales. La position de la femme représente ainsi un point nodal dans l'objectif d'éradiquer les marques de féodalisme présent dans l'organisation gagaouze. Les coutumes et les rites accompagnant l'éducation des enfants, les fiançailles et le mariage ainsi que les règles sociales liées aux rapports entre les deux sexes ont été progressivement abandonnés. En même temps, ce processus d'acculturation linguistico-sociale n'a pas été définitif et, grâce à la tradition orale dépourvue de sa connotation folklorique, on voit aujourd'hui se reconstituer un peuple qui "n'était pas mort".
Enquête sur l'utilisation d'antennes paraboliques par des immigrés, Maghrébins (ou musulmans) à l'échelle d'un quartier (Rhône-Alpes, Vaulx-en-Velin) afin de déterminer quel type de pratique culturelle ou de pratique sociale peut se développer à partir d'un territoire. Parce qu'il s'agit d'un phénomène de communication transnational, la consultation de chaînes arabophones à la télévision permet de recomposer l'identité culturelle des spectateurs. L'usage de la parabole déborde l'identité ethnique, découvre un espace d'échanges et de représentations multiples et participe à une reconstruction dynamique de l'altérité.
Cet article propose quelques réflexions autour d'une question centrale : "En quoi le fait de s'intéresser au sida peut-il contribuer à faire bouger l'anthropologie sur ses bases théoriques et méthodologiques ?". Trois points sont abordés : les usages de la notion de culture ; la place du sujet individuel dans l'analyse anthropologique, les conditions d'application de la démarche d'observation participante. Dans ces trois domaines, on verra que l'étude du sida confronte les chercheurs à des ambiguïtés anciennes de la discipline, à des paradoxes mal résolus, et qu'elle les met sur le chemin de mises au point et d'ajustements porteurs de renouvellement.
Il y a un lien certain entre le voyageur et le divin. Cette relation a été déviée pour les anciens voyageurs qui étaient souvent des pèlerins, donc des intermédiaires de la divinité. Ils n'étaient pas des substituts des dieux, mais leurs qualités impliquaient une communauté qui les recevait - une "communauté imaginée" dans le sens andersonien. Celui qui reçoit un pèlerin éprouve un sentiment de communauté au second degré. Il ne participe pas au pèlerinage qu'indirectement, par procuration. Dans ce cas l'hospitalité ne peut pas être analysée en terme de don mais de reconnaissance de l'appartenance même. Elle se referme sur le groupe qu'elle permet de définir par une relation trascendant la distance. Qu'il s'agisse d'une marque de prudence ou d'une conduite d'examen pour lever l'indétermination sur l'identité du voyageur, on héberge pour une nuit, on nourrit pour un repas. En ce sens il est injustifié de parler d'hospitalité à propos des populations immigrées. En parlant d'hospitalité de longue duréée, on se laisse prendre au piège des mots qui ont tenté de réduire le séjour des immigrés a un court séjour avant le retour au pays d'origine. En maintenant le statut d'hôte, on veut maintenir son caractère provisoire. Ici il est question de montrer comment, avec le temps, l'hospitalité arrive à changer de signification ainsi que de cadre. Elle sort de l'espace privé pour entrer dans des dispositifs publics.
Cet essai analyse les traits principaux de l'ethnicité en relation au projet migratoire. Les communautés ethniques minoritaires peuvent avoir une existence plus ou moins permanente sur un plan international. Quand elles continuent à exister après quelques générations, le besoin de lutter pour l'égalité et le respect culturel est encore fort. Ce qui reste principalement est une ethnicité d'ordre purement symbolique, entraînant des festivals et des occasions spéciales et qui tente aussi de préserver la langue minoritaire. Dans la plupart des cas cette ethnicité est considérée par les autochtones comme une forme d'enrichissement exotique de leur propre culture. Au-delà de cette ethnicité purement symbolique, ni l'entretien d'une communauté migrante transnationale ni le développement d'organisations défensives communautaires ne semblent vraiment incompatibles avec un Etat national en train de se moderniser.
A partir de parcours singuliers de jeunes investis dans une pratique culturelle comme la danse hip-hop ou dans une pratique sociale d'activité périscolaire, les auteurs de cette étude interrogent les effets de socialisation qui résultent d'apprentissages choisis fondés sur la construction autonome du sujet et des valeurs du plaisir, de l'effort et de la responsabilité. Parce qu'ils se retrouvent en position d'éducateurs vis à vis de leurs pairs, ces générations issues de l'immigration maghrébine ont un rôle de tiers socialisant auprès des plus jeunes et acquièrent une légitimité ou une reconnaissance symbolique qui permet à un engagement individuel de créer du collectif nourri de références culturelles communes.