A propos de l'exil d'Algériens fuyant leur pays ravagé par la violence, étude des processus d'identification des exilés et de l'impact des catégories sociales liées à l'immigration en France et au Québec. Le refus des stéréotypes explique le choix du Canada pour de nombreux Algériens soucieux de revaloriser l'image de l'exil.
Après avoir analysé la spécificité de l'immigration italienne dans le bâtiment dans l'entre-deux-guerres, l'auteur souligne que du fait du fascisme il s'agit d'exil et non de migration professionnelle, d'où un conflit de valeurs chez ces migrants pris entre leur engagement idéologique et la réalité de l'univers social du bâtiment.
Fournit des données sur la situation de l'émigration politique italienne en 1937 : les professions concernées, les origines régionales, les lieux d'arrivée et l'engagement politique des migrants.
Flux migratoire de 20 000 réfugiés français, émigrés royalistes, à Cuba après la révolution de Saint-Domingue.
L'ouvrage fait référence à tous ceux qui fuient une situation de crise extrême sur le plan politique, religieux, foncier, environnemental ou qui subissent un déplacement contraint du fait de politiques migratoires voulues par l'aménagement du territoire. Par mobilité sous contrainte, il faut entendre les mouvements collectifs, massifs, imposés parfois de manière brutale, tous induits par des forces d'expulsion vers un ailleurs qui n'a pas été souhaité. La diversité des cas analysés dans ce texte rend compte de la notion de réfugié et de déplacé dans le sens de leur définition première ainsi que de celle, plus restrictive, des organismes onusiens. La première partie de l'ouvrage tente de poser les jalons d'une classification entre déplacés, réfugiés, migrants économiques, demandeurs d'asile et exilés. Comment intervenir face à des situations si différentes ? La deuxième partie rassemble six études de cas, dont quatre en Afrique et deux en Asie du Sud-Est. Dans la troisième et dernière partie du livre les auteurs s'interrogent sur le rôle des sciences sociales à propos des connaissances qu'il faudrait acquérir afin d'accueillir au mieux les réfugiés.
Initiée par les colonisateurs néerlandais à partir de 1905, la transmigration des Indonésiens était encore, en 1997, le plus important programme de migration organisée jamais entrepris par un Etat. Bien que pratiquée sur une base essentiellement volontariste, cette transmigration a impliqué des programmes de nature assez coercitive. En comparant deux villages de migrants, l'un d'émigrés forcés et l'autre d'émigrés spontanés, l'auteur essaye d'expliquer que les premiers réussissent mieux que les volontaires dans leur nouvel environnement.
Dès le début de la colonisation dans la région des Grands Lacs, la problématique de la mobilité forcée des populations, sous les différentes formes qu'elle a pu prendre selon les périodes, est au coeur des enjeux socio-politiques : expansion démographique transfrontalière, installation ou salariat de migrants économiques, expatriation volontaire individuelle ou collective comme forme de protestation politique contre les autorités en place, vrais réfugiés et déplacés humanitaires. La mobilité forcée apparaît comme une réponse constante à l'impossibilité de construire, à partir de ces économies exclusivement agricoles, des sociétés où prévaudraient des formes de mobilité spatiale et sociale ouvertes et acceptables par les divers acteurs et pays impliqués. De plus, depuis les indépendances, l'apport de centaines de milliers, voire de millions de réfugiés, opposants déclarés ou simples citoyens en fuite, s'est surajouté épisodiquement aux flux anciens.
Le retour est la fin des exils, même si l'on sait qu'il ne touche qu'une minorité des populations exilés. Pour les Chiliens, le retour représentait à la fois un droit et un devoir. En réponse à cette dialectique droit vs devoirs, les mouvements de retour n'attendirent pas la fin du régime militaire pour s'amorcer et se développer, créant une situation unique où un pays recevait ses exilés en même temps qu'il en éjectait d'autres. Afin de faire face à ces retours, considérés la plupart du temps comme difficiles, se mit en place une infrastructure fondée sur un réseau associatif. Après la restauration de la démocratie, l'action de ces associations fut intégrée dans le programme officiel mis en oeuvre par le gouvernement chilien pour favoriser l'accueil des retornados.
Les déplacements forcés et réinstallations de populations consécutifs à des programmes de développement ont atteint une ampleur et une fréquence telles qu'ils sont reconnus comme des phénomènes universels et nécessitent des solutions régies par des politiques spécialisées. L'auteur identifie les tendances générales révélées par le vaste corpus de données empiriques en matière de réinstallation, pour ensuite esquisser un modèle théorique de déplacement et de reconstruction. Ce modèle tire avantage des toutes dernières recherches en matière de réinstallation et propose un large cadre théorique pour diagnostiquer et anticiper les risques d'appauvrissement. L'auteur souligne que la reconstruction et l'amélioration des moyens d'existence des personnes déplacées exigent une lutte pour renverser les risques de paupérisation au moyen de stratégies soutenues par un financement adéquat. Enfin, il critique les approches qui négligent la reconstruction et les limites propres à l'analyse des coûts et avantages.
L'afflux des réfugiés en 1991 et 1992 représente une crise sans précédent pour le Kenya contemporain. Outre leur nombre, l'essentiel de ces réfugiés étaient des Somaliens dont le passé était chargé du fait de leurs revendications sur le Nord-Est du pays à l'indépendance et du rôle marginal dans lequel leurs compatriotes du Kenya ont été maintenus par les élites au pouvoir à Nairobi. La politique du Kenya à l'égard de ces réfugiés a ainsi été reçue à l'aune d'une histoire conflictuelle et des besoins tactiques d'une raison d'Etat qui ne s'est pas toujours bien accommodée des exigences de la communauté internationale.
De novembre 1992 à 1994, entre 600 000 et 800 000 habitants de la province du Shaba ont été violemment "refoulés" vers le Kasaï d'où ils étaient originaires. L'analyse de ces événements montre comment la manipulation politique a attisé les rancoeurs déjà existantes entre les deux groupes jaloux des droits découlant de l'antériorité d'occupation du territoire, et des migrants dont le nombre et le dynamisme économique menaçaient la prééminence des autochtones. Les perspectives électorales ont renforcé les repliements identitaires, favorisant les desseins de Mobutu qui n'hésita pas à pratiquer une politique du chaos pour affaiblir ses adversaires.
Cet article traite des stratégies identitaires des exilés algériens démocrates installés à Montréal. L'auteur montre qu'à l'intérieur de cette catégorie sociale existe une pluralité de façons de gérer la vie en exil. Les différentes expériences des premières années d'exil des réfugiés algériens montrent que l'exil même n'est pas une situation ponctuelle de persécution, mais un processus de reconstruction de la vie en dehors de son propre pays d'origine. Ce processus de reconstruction se transforme dans le temps sous le double effet de l'évolution des sociétés d'origine et de l'installation.
Par rapport à leurs compatriotes rassemblés dans les camps de réfugiés, les Rwandais installés à Nairobi appartiennent aux catégories sociales les plus aisées et les mieux formées de leur pays d'origine. Mais l'histoire du génocide de 1994 et leur refus de retourner au pays rendent cette population particulièrement soupçonnable. L'auteur décrit les conditions de réalisation d'une enquête sociodémographique dans une population qui cherche avant tout à se montrer discrète. Enfin, les résultats de cette enquête mettent en évidence le bouleversement des structures familiales et, à l'aide de la clandestinité, le processus de marginalisation économique et sociale.
L'histoire de la colonie des émigrés français à Constance commença en 1792, elle fut interrompue trois fois par l'occupation des troupes républicaines françaises et se termina en 1801, quand le dernier officier d'occupation se retira. A part ces interruptions, entre 800 et 1200 Français, réfugiés de la révolution, vivaient dans la ville. Ils constituaient à peu près un quart de la population totale. En 1798 leur nombre passa à plus de 2000, plus d'un tiers de la population. Les réfugiés se composaient à peu près pour un quart du clergé, pour un quart de la noblesse et d'officiers de l'armée, émigrés avec leurs familles et de moitié du tiers état. Constance pouvait accueillir tous les réfugiés. La ville offrait assez d'habitations, des moyens d'existence relativement bon marché et des possibilités de travail pour les réfugiés sans ressources. Contrairement à d'autres lieux, la population acceptait les réfugiés aimablement. Les locataires et les clients français, la main-d'oeuvre et quelques entreprises préindustrielles françaises, les restaurants français et une bibliothèque de prêt française, un casino et nombre de prêtres français, qui célébraient la messe dans les églises, firent de Constance une ville multiculturelle durant sept ans.