La revue regroupe six textes correspondant à autant de présentations discutées lors de Journées doctorales de l'Urmis à Paris en décembre 2013. Les propositions révisées, réélaborées, offrent une ample vision des travaux les plus actualisés sur le thème de la Marginalisation : catégorisation, identification, résistance.
Cet article s'intéresse aux Roms est-européens installés en banlieue parisienne et aux formes d'intervention institutionnelle (pouvoirs publics, ONG) à leur endroit. En analysant ce phénomène à différentes échelles (européenne et locale), l'auteure montre comment ce groupe, sédentaire à l'origine, est maintenu avec le concours de l'action des pouvoirs publics dans un nomadisme forcé, perpétuant et même renforçant ainsi sa marginalisation.
...Enfants et jeunes qui vivent dans les rues de Mexico. Plus ou moins marginaux, plus ou moins « inclus» ou « exclus », en fonction du sens qu'ils donnent à leur vie dans la rue...
Contribution à l'analyse de la postimmigration à travers des études de cas comparatives centrées sur les Marocains dans quatre villes européennes de taille moyenne.
L'auteur cherche à découvrir la réalité sociale qui sous-tend les jugements de marginalité, d'asocialité ou d'inadaptation communément émis à l'encontre des milieux prolétarisés.
D'après le recensement de 1560, il y avait au moins 7000 étrangers venus du continents s'installer à Londres et dans ses environs. Le 20 était originaire de France et le reste des pays-Bas. La plupart d'entre eux étaient des protestants qui fuyaient les violences religieuses. Les zones extra-muros n'étaient pas, à la fin du XVIe siècle, des concentrations exclusives des travailleurs. Néanmoins, en s'y installant, les étrangers contribuèrent à se marginaliser aux yeux de leurs contemporains.
Dossier consacré au fichier juif, entrepris à l'automne 1940 sur la base du recensement ordonné par les Allemands dans la zone occupée et interrompu en août 1944. Trois parties : l'"affaire" du fichier (sa découverte en novembre 1991 ; le rapport définitif (appareil critique et contenu du rapport) ; l'expertise Rémond (rapport rendu public en juillet 1996).
L'immigration a acquis une importance conséquente dans le débat sur les métropoles contemporaines et sur les politiques de la ville aujourd'hui. C'est pourquoi l'on oublie facilement que depuis l'Antiquité, les villes ont toujours accueilli des minorités venues d'autres pays et perçues comme étrangères - au point que l'histoire des étrangers dans la ville coïncide avec l'histoire de la ville même. En s'appuyant sur l'histoire des villes méditérranéennes et européennes du Moyen Age jusqu'au XVIIIe siècle, cet ouvrage met en évidence les pratiques sociales ainsi que d'appropriation symbolique des commerçants et des intellectuels migrants.
Etude du rôle des facteurs de race et d'ethnicité dans les formes de ségrégation résidentielle observées dans l'aire métropolitaine de New York et du New Jersey : le cas des Antillais dans la Cité. Caractéristiques socio-économiques des quartiers occupés par les Antillais. Comparaison des schémas résidentiels avec une autre minorité, différente ethniquement, mais considérée comme appartenant à la même race noire, les Africains Américains. Les résultats de l'enquête montrent que pour surmonter leur relégation dans les quartiers défavorisés les Antillais ont maintenu leur spécificité ethnique pour se distinguer des Africains Américains.
A partir des matériaux recueillis dans le cadre d'une enquête de l'INSEE et par les sociologues de l'Université Bordeaux-II sur le quartier des Hauts-de-Garonne, l'auteur propose une définition sociologique de ce que l'on nomme aujourd'hui les "classes populaires". En dehors de petites enclaves localisées, les habitants des Hauts-de-Garonne ne forment pas une underclass marginalisée, un autre monde dans lequel s'accumulent toutes les difficultés sociales. En ce sens, la réputation dont souffre ce quartier n'est pas fondée. Cependant il reste que cette réputation pèse sur des individus et des familles qui adhèrent très largement aux modèles culturels des classes moyennes et de la culture de masse. Le sentiment de chute, de pauvreté relative, de fragilité s'impose à près de la moitié de la population. Ce n'est pas le cadre de vie qui pose un problème, il s'agit plutôt de la situation sociale stigmatisée des personnes appartenant aux classes moyennes prolétarisées et dépendantes. L'auteur met en exergue dans quelle mesure la définition de soi bloque la formation d'une culture et d'une communauté populaires quand chacun se range et cherche à se démarquer des autres dans un mécanisme de ségrégation auto-produit. Ceux qui développent des liens plus communautaires sont souvent rejetés parce qu'ils participent de la stigmatisation du quartier, même quand celle-ci est décrite comme injuste.
En s'appuyant sur des données obtenues par entretiens, cette recherche montre que le désir de s'installer en Israël, exprimé par les Israéliens de Toronto, fonctionne comme un "mythe du retour" contribuant à renforcer la construction sociale de l'ethnicité et le refus de l'assimilation de la communauté. Les modes d'auto-exclusion (stéréotypes, préservation de la langue, vogue des biographies, etc.) nourrissant la survie d'Israël en diaspora sont identifiés ainsi que le poids des organismes ethniques (clubs, écoles, presse, synagogues, etc.) assurant le fondement même de cette communauté juive organisée.
L'ouvrage aborde les problèmes entre les habitants et les nouveaux arrivés d'une cité de banlieue en Angleterre, à la fin des années 1950. L'auteur met au jour des faits liés à la discrimination, à l'exclusion sans fracture économique, au respect, à la dignité, à l'estime de soi. Elias observe qu'un groupe exclut un autre et que l'exclusion arrive ainsi à s'inscrire dans des rapports sociaux de pouvoir, notamment de façon symbolique. Le refus de relation à l'autre trouve un exception dans les relations de travail : ces ouvriers qui s'excluent dans la cité, à l'usine se côtoient et se manifestent solidaires.
Parmi les douze grands projets urbains (GPU) de France conduits par l'Etat et par les collectivités territoriales dans les quartiers défavorisés, celui de Marseille est le plus étendu et le plus peuplé. Les données quantitatives et qualitatives ici recueillies permettent de prendre la mesure des limites que doivent surmonter les habitants du GPU de Marseille. Ce texte met en perspective la notion de "misère de position" et la vie dans le "quartier ghetto". De plus, à la lumière des résultats de terrain, il examine la question de l'intériorisation subjective du discrédit attaché au quartier de résidence et les effets de la pesanteur des formes architecturales dans l'existence du stigmate. Enfin, des portraits d'habitants de ce quartier sont présentés avec des extraits d'entretiens.
Cet article traite de l'adhésion massive des Gitans au pentecôtisme depuis les années 1950, un mouvement que l'on peut attribuer aux tendances exclusionnistes des religions méditerranéennes traditionnelles (catholicisme, orthodoxie, islam). Cette approche est étayée par une analyse d'un discours du Pape (1991) utilisant des concepts sociologiques tels que le "transnationalisme", expliquant la normalisation de la participation des Roms à une religion structurée, encouragée par une compréhension antiraciste.
Etude des stratégies développées par les écrivains asiatiques (chinois, japonais, philippins) immigrés aux Etats-Unis pour surmonter le traumatisme du déracinement, de l'exclusion et de la violence raciste. En se référant à quelques exemples littéraires, les majeures positions idéologiques des auteurs sont cernées : l'affirmation post-moderniste de l'hétérogénéité (chez Frank Chin et Jeffery Chan), la contre-identification et dé-identification (Maxine Hong Kingston, Bharati Mukherjee, Hissaya Yamamoto), la figuration prophétique (Carlos Bulosan) font apparaître ces "sujets orientalisés" comme des forces d'émancipation et d'opposition face à la puissance du capitalisme américain.