Au cours des dernières années, la législation française, comme celle d'autres pays, est devenue de plus en plus exigeante quant au niveau de langue requis des personnes étrangères qui souhaitent obtenir un droit au séjour ou la nationalité. Ce durcissement s'est opéré sous prétexte de favoriser l'intégration. Mais plutôt qu'un facteur d'intégration, la connaissance de la langue française n'est-elle pas devenue un moyen de trier et d'exclure ? Parallèlement, l'opprobre est jeté sur les langues étrangères ou plutôt sur certaines d'entre elles, stigmatisées et stigmatisantes pour ceux qui les parlent.
Cet ouvrage met en relation des questions politiques (au sens le plus large du terme), des problèmes éducatifs (avec leurs aspects institutionnels et pédagogiques) et des dimensions linguistiques et didactiques. L'unité de cet ouvrage collectif tient à l'attention portée à certains publics scolaires (les élèves nouvellement arrivés en France et ceux " issus de l'immigration "), à la langue française et aux autres langues en présence, aux formes culturelles de l'intégration sociale et éducative, aux pratiques d'enseignement et processus d'apprentissage.
Les travaux sur la culture de l'émigration dont le modèle italien est déjà ancien se sont multipliés. Mais qu'est-ce qui réunit des expériences aussi différentes que celles de militants fuyant un régime hostile, d'intellectuels à la recherche d'expressions nouvelles, de travailleurs désireux d'améliorer leurs conditions d'existence et d'échapper aux pressions et vexations locales ? Comment articuler entre eux ces phénomènes et les relier à ceux de la réception culturelle et littéraire et plus généralement de la représentation de l'autre -lequel serait en l'occurrence, s'agissant de pays proches, un presque-même ? L'ouvrage issu d'un séminaire interdisciplinaire largement ouvert fait le pari d'une clef d'interprétation unique, fondée sur la langue et l'image qu'elle véhicule concrètement, surtout lorsqu'elle est incarnée par des individus de chair et d'os présents dans l'autre pays. Les immigrés se retrouvent ainsi au centre de l'attention des études de lettres/langues ici représentées par le biais du concept opératoire qui donne son titre à " la traduction-migration ".
Comment dans un contexte d'échanges accrus préserver le patrimoine linguistique européen tout en oeuvrant à la construction de l'Europe ?
Recherche portant sur les femmes exerçant le métier d'assistantes maternelles en France (Seine-Saint-Denis, La Courneuve) à partir d'un échantillon impliquant des étrangères et des générations issues de l'immigration afin de déterminer quel type de compétences sont mobilisées pour survivre à la précarité et à la concurrence propre au travail à domicile plus ou moins déclaré. Outre une approche historique de l'accueil familial, l'étude montre combien est floue la frontière entre nourrices agréées et maternage clandestin au profit de l'aptitude à faire valoir des savoirs relationnels et de socialisation dans lesquels la maîtrise de la langue nationale intervient en tant que maîtrise d'un code social, précieux dans l'exercice professionnel des relations enfants-parents, ou s'inscrit comme un capital symbolique distinctif que des actions de formation peuvent positivement renforcer.
L'auteur aborde la question de l'appartenance multiple (serbe, vlah, yougoslave et roumaine) comme élément structurant des unités sociales du groupe roumain installé en Serbie. Cette étude sur les Roumains de Serbie montre dans quelle mesure les identités peuvent être multiples, notamment en fonction du contexte relationnel. Dans ce cas, les éléments d'identification qui classent l'individu dans un lignage, dans un village et dans l'ethnie sont exprimés en roumain. Car il s'agit de la langue de la sphère concernée. Par contre, la nationalité et la citoyenneté se déclinent de préférence en serbo-croate. L'identité serbe fonctionne alors dans une sphère serbe ou yougoslave, dont la langue correspondanate est le serbo-croate. Ces identités se conjuguent sur le plan syntagmatique et c'est cet agencement qui exprime l'identité dans sa globalité et dans son exclusivité. Cela sert à instaurer la différence avec l'autre.
L'auteur retrace les différentes étapes historiques qui ont fait du français une langue nationale à part entière. L'ordonnance de Villers Cotterêts en 1539 impose le français en tant que langue administrative. Le dialecte devient alors un enjeu politique de contestation. En 1914, la France presque toute entière parle français grâce à l'école obligatoire. Au début des années quatre-vingt, on assiste à un retour des langues régionales dans l'enseignement public. Elles sont désormais considérées comme partie intégrante de notre patrimoine culturel.
La dénomination officielle de Torbèches est celle de Macédoniens islamisés ou de confession islamique. Mais, en fonction de leur répartion géographique dans la république de Macédoine, plusieurs termes leur sont attribués. L'auteur analyse les phénomènes d'auto-identification et de prise de conscience nationale au sein de ce groupe. Les Torbèches sont considéré une masse flottante et hésitante vis-à-vis de l'appartenance nationale, en raison de leur confession religieuse et des langues (turc et albanais) qu'ils demandent d'enseigner dans leurs écoles.
Les slavophones sont aujourd'hui largement minoritaires dans la partie septentrionale de la Macédoine grecque. De même, leur nombre est très difficile à déterminer, l'Etat grec n'ayant jamais voulu reconnaître l'existence d'une minorité slavophone sur son territoire. Les ancêtres de ces slavophones sont restés en Grèce après les guerres balkaniques car ils étaient pour la plupart patriarchistes, et ceux qui sont pas rentrés chez eux n'adhéraient pas au régime des pays communistes. En Grèce, la politique d'assimilation s'est accompagnée de l'hellénisation des anthroponymes à partir de 1913 et des toponymes à partir de 1926. Enfin, les mariages mixtes et l'exode vers d'autres régions du pays a contribué à faire en sorte que le grec soit la langue de la vie publique.
L'auteur montre que la France en tant qu'Etat-Nation, avec des frontières naturelles et une langue nationale unique est une fabrication, construite à partir d'un territoire par les pouvoirs publics dans un but politique d'assimilation. L'espace français se caractérise aujourd'hui, par son pluriculturalisme et ses disparités régionales, mouvement qu'a accompagné la décentralisation.
La nationalité (ainsi que le nationalisme) est ici présentée comme un artefact culturel de type particulier. La création de ces artefacts vers la fin du XVIIIe siècle a été le résultat du croisement complexe de plusieurs forces historiques présentes dans des lieux précis de l'Occident. Le caractère "modulaire" de ces artefacts leur a permis de s'adapter à de multiples contextes politiques et idéologiques. Ensuite, la convergence entre capitalisme et technologie de l'imprimerie a permis la constitution d'une nouvelle forme de communauté imaginée qui est le fondement de la nation moderne. La nation est ici définie comme une communauté politique imaginaire dans la mesure où ses membres partagent l'idée de leur propre "communion".
La République française est un des exemples-type d'Etat-nation dans lequel la perception juridique des minorités est marginalisée ou niée. Elle a forgé son identité nationale au prix d'une aliénation des cultures originelles. Malgré l'acculturation historique de ses propres minorités, elle a quelque peu préservé sa diversité régionale.
L'auteur analyse deux formes de racisme. D'une part, le racisme d'Outre-mer, de "couleur", lié à la pureté de sang se caractérise par une hiérarchie ethnique qui repose sur la différence (considérée infranchissable) d'origine et de culture. D'autre part, le racisme nationaliste ou de pureté de la race/identité nationale qui est le résultat de la "racialisation scientiste" de la deuxième moitié du XIXe siècle. Ces deux formes de racisme sont arrivées à se fondre. Le résultat de ce fusionnement s'inscrit dans l'histoire de la colonisation, de la formation de nations et dans les mouvements migratoires vers les métropoles européennes.
L'enfant de migrant dans l'appareil scolaire français. Evolution des effectifs des enfants maghrébins scolarisés en France et dans le nord. Analyse des facteurs de réussite et d'échec scolaire : peut-on les attribuer à un déterminisme socio-culturel ? La perception du bilinguisme comme chance supplémentaire ou au contraire comme handicap selon le contexte psychologique et social. Pour réfléchir et tenter d'apporter des solutions aux difficultés particulières rencontrées par les enfants de migrants, des centres de formation et d'information pour la scolarisation des enfants de migrants (cefisem) se sont ouverts à travers la France. Fonctionnement du centre de Douai. Institution de classes d'initiation et de classes d'accueil pour répondre aux besoins des élèves primo-arrivants non francophones. Autres dispositifs d'aide aux élèves en difficultés : les animations éducatives périscolaires, les zones d'éducation prioritaire, les projets d'action éducative et les activités interculturelles. L'enseignement de la langue arabe dans l'enseignement secondaire en France et dans le nord : historique, effectifs et perspectives. Mise en place d'un enseignement de langue et culture d'origine (l.c.o.) en primaire : état des lieux et évolution en France et dans le nord. Enquête auprès des enseignants qui dispensent cet enseignement dans le nord. L'enseignement de l'arabe dans les écoles coraniques du nord de la France : contenu des cours et qualité des professeurs. (résumé de l'auteur)
L'immigration au Canada (Québec) devient par son apport démographique, une pièce maîtresse de la défense francophone. Aussi le gouvernement provincial a-t-il mis en place une politique d'accueil et une politique d'éducation qui, à côté d'un discours interculturel, vise essentiellement l'assimilation linguistique des populations immigrées.