Les luttes dans lesquelles les migrantes africaines ont joué un rôle important par leur apparition dans la scène publique, notamment en tant qu'acteurs associatifs, ont contribué à changer le caractère strictement masculin que l'immigration avait acquis en France depuis les années 1970. Cet entretien menée par l'anthropologue Catherine Quiminal auprès de Madjiguene Cissé, déléguée à la coordination nationale des sans-papiers et auteur de Paroles de sans-papiers, met au jour au sein de ce mouvement des conflits entre les Français et les migrants, entre les hommes et les femmes.
Suite à l'opération de régularisation des sans-papiers qui a débuté le 24 juin 1997 en France et qui devait s'achever fin 1998, au 1er décembre 1998 un peu plus de 80 000 des 140 000 sans-papiers qui en avaient fait la demande avaient été régularisés, soit environ 57 pour cent des demandeurs. Au 17 novembre, la plupart des recours gracieux adressés aux préfets avaient déjà reçu une réponse, mais les réponses ministérielles aux recours hiérarchiques tardaient. La proportion de décisions négatives rectifiées suite à ces recours (près de 20 pour cent) reflétait la prise en compte de l'avis de ceux qui prônaient un nouvel assoplissement des critères, voire la régularisation de tous les demandeurs, ce qui a déclenché plusieurs grèves de la faim des sans-papiers dans le but de faire pression sur le gouvernement. Cette revue de presse fait l'analyse de la poursuite de cette pression pour qu'il fasse un geste en leur faveur, la pression exercée par les Verts et la réaction des associations et des Eglises.
Publication d'une thèse de sociologie politique qui interroge les raisons du passage à l'action collective de la frange la plus discriminée de l'immigration, celle des clandestins ou sans-papiers. Ces mouvements sociaux étudiés depuis 1972 - et spécialement en 1996 - reposent sur des pratiques de mobilisation comme la grève de la faim mais également sur des réseaux communautaires ou des réseaux sociaux portés par des militants politiques associatifs ou religieux. De ce point de vue, l'immigration clandestine en tant qu'objet d'investissement ou de revendication politique alors même qu'elle se situe à la frontière des droits ou de l'illégalité est une dimension sociale qui remet en question le cadre national de la France.
Porte-parole des sans-papiers africains réfugiés dans l'église Saint-Ambroise puis au théâtre de la Cartoucherie de Vincennes, l'auteur retrace les luttes de ce collectif de clandestins dont la revendication est de vivre au grand jour et d'obtenir la régularisation de tous. Outre leur grève de la faim ce témoignage retrace l'appel à la solidarité avec les Français, l'action des médiateurs et l'organisation d'un des premiers mouvements sociaux en France porté par les immigrés eux-mêmes.
Les «sans-papiers de l'église Saint-Bernard», à Paris, ont été au premier plan de la vie politique française et à la une des médias pendant plusieurs mois. L'article retrace les principales étapes du mouvement des sans-papiers. Il propose, ensuite, une analyse des caractéristiques socioculturelles et économiques de ces immigrés venus de l'Afrique sub-saharienne. Enfin, il apporte des éléments nouveaux de réflexion sur les dysfonctionnements des politiques migratoires dans leur tentative de régulation des migrations internationales.
L'été 1996 restera marqué dans l'actualité française par un événement vite devenu une "affaire politique" : l'évacuation, le 23 août, des 220 sans-papiers africains réfugiés dans l'église Saint-Bernard de Paris, dont dix étaient à leur cinquantième jour de grève de la faim. Cette revue de presse analyse la suite de cette affaire : régularisations accordées, prise de position de magistrats, mobilisation des avocats, dysfonctionnement des mécanismes d'arbitrage des conflits, mise en lumière des incohérences législatives...
Cette recherche montre comment les étrangers en situation irrégulière brouillent les catégories qui caractérisent l'Etat national. Si la seule catégorie abstraite universelle est celle qui oppose "entrants" et "installés", ces catégories ne recoupent pas celles du droit français : les sans-papiers sont toujours "à la limite". En outre, cette étude des mobilisations de sans-papiers va jusqu'à traiter des "corps engagés" dans les grèves de la faim ainsi que de la représentation du corps de l'immigré même.
La question de l'immigration a été un sujet de préoccupation constant pour les chrétiens français au cours des vingt dernières années en France. C'est en référence à la place tenue par l'étranger dans la Bible que les autorités religieuses vont apporter leur soutien aux immigrés. Cet article analyse trois événements-clés de la visibilité de ce soutien : 1) les réactions des chrétiens aux circulaires Fontanet et à la flambée raciste (1973); 2) les réactions chrétiennes à une nouvelle montée du racisme et à la marche pour l'égalité (1983); 3) l'offensive de l'Eglise contre les lois Pasqua concernant les étrangers (1993).
La circulaire Fontanet de 1972 provoque la fermeture du bidonville de Feyzin : récit des événements : grève de la faim de clandestins, tunisiens pour la plupart, souhaitant obtenir la régularisation, formation d'un comité de soutien.
L'étude des mobilisations d'étrangers en situation irrégulière permet de soulever plusieurs questions portant sur l'action collective des groupes et les répertoires d'action collective (ici la grève de la faim). Ce n'est pas tant l'"intégration" de ces populations que l'alliance entre des entrepreneurs immigrés, des militants chrétiens et certains secteurs de l'extrême-gauche française liée à l'antiracisme "puriste", qui peut expliquer des mobilisations à l'origine improbables du fait de l'extrême exclusion des populations concernées du champ politique.
L'avenir de l'intégration des populations d'origine étrangère en France passe par la reconnaissance du pouvoir intégrateur du travail et de son apport à la construction de la société, par la reconnaissance des jeunes comme partie intégrante de la communauté nationale. Dans cet esprit, l'auteur passe en revue le projet de loi sur les conditions d'entrée et de séjour des étrangers en France. On trouvera à la suite de cette prise de position le texte du projet de loi, l'analyse et le commentaire du Groupe d'Information et de Soutien des Travailleurs Immigrés (GISTI), et le manifeste des jeunes Arabes de «Lyon et banlieues» en grève de la faim.
L'auteur engagé dans les luttes contre l'injustice et l'exclusion sociale, raconte les difficultés et la revendication : grève de la faim, marche pour l'égalité, des jeunes issus de l'immigration en France.