Comparaison de l'impact du déracinement sur le plan santé de deux groupes de postiers en région parisienne : l'un originaire de province, l'autre arrivant des Antilles.
La Grande diaspora du XXe siècle consécutive au génocide de 1915 se caractérise par un dénuement extrême. Une part importante de la premiére génération diasporique est composée d'orphelins. La majorité des immigrés arrive par bateaux entiers à Marseille en 1923. Les témoignages relatifs à cette époque nous restituent un univers instable d'embauches brèves et précaires. De nombreux intermédiaires délivrent des contrats de travail, aidés par le Bureau International du Travail (BIT) et le Haut Commissariat pour les Réfugiés afin d'alimenter les industries françaises. En France, le déracinement contraint suscitera des pratiques tournées vers un projet de refondation du soi collectif. L'invention de territoires communautaires permettra de circonscrire des frontières entre un "dedans" et un "dehors" et garantira la formation d'un lien social régulier. Les relations entre l'Arménie et la diaspora, la tentation du retour en 1947, le mode générationnel, les comportements au travail ainsi que les nombreuses associations culturelles, cultuelles et politiques favoriseront tout au long d'une histoire de l'exil, des formes de continuité avec une mémoire collective. (Résumé de la revue)
Analyse du déracinement dans l'oeuvre sous le double aspect du voyage de peuples légendaires et de la condition de vie des travailleurs étrangers.
Ce numéro est consacré aux communautés déracinées issues de mouvements de population massifs, imposés et collectifs. Ces exodes et déplacements de grande ampleur touchent l'ensemble d'un groupe, hommes et femmes, jeunes et vieux, toutes catégories sociales confondues. Ils surviennent dans des contextes de crises aiguës caractérisés par une grande violence, des épisodes de sécheresse, des calamités naturelles ou encore en cas d'intervention coercitive de l'Etat. Il s'agit de mouvements de proximité, à l'intérieur comme vers l'extérieur des frontières, parfois planifiés par les pouvoirs publics ou encadrés par les organismes d'assistance sur les lieux d'accueil. La mobilité géographique forcée est aussi source d'une diversité de situations de déracinement. La diversité des termes atteste de la multiplicité des formes de mouvements imposés. Ceux qui se déplacent involontairement sont qualifiés de "réfugiés", "déplacés", "évacués", "expulsés", "refoulés", "sinistrés" ou "victimes". Migrations forcées et déplacements impératifs sont les deux grandes formes de mobilité géographique sous contrainte, source de déracinement : ils se différencient par la part de décision personnelle laissée aux intéressés.
Réflexion sur les représentations suscitées par la Méditerranée, ressentie comme "déchirement", chez les déracinés provisoires ou définitifs. Trois groupes de population contraints de quitter l'Afrique du Nord au 20e siècle sont examinés : pour les deux premiers, la Méditerranée est la mer du malheur, pour l'autre, elle est mer d'errance. Il s'agit 1) des appelés du continent et des harkis; 2) des rapatriés ou pieds-noirs ; 3) des migrants - images liées à la traversée pour la survie et à la thématique de l'exil dans la littérature mghrébine.
Onze descendants de « déracinés » venus d'Espagne, d'Algérie, de Pologne, des Antilles, de Grèce, du Chili, de Russie, de Mauritanie, du Vietnam, de Turquie, d'Arménie témoignent. Nés dans le pays des origines ou en France, terre d'accueil et d'exil, ils font ici le récit de leur étrange pèlerinage aux sources : lieux fantasmés, familiers, symboliques, confrontation entre le mythe et la réalité, rencontre périlleuse avec la légende familiale. Autant de parcours singuliers que de correspondances entre ces témoignages.
Etude des stratégies développées par les écrivains asiatiques (chinois, japonais, philippins) immigrés aux Etats-Unis pour surmonter le traumatisme du déracinement, de l'exclusion et de la violence raciste. En se référant à quelques exemples littéraires, les majeures positions idéologiques des auteurs sont cernées : l'affirmation post-moderniste de l'hétérogénéité (chez Frank Chin et Jeffery Chan), la contre-identification et dé-identification (Maxine Hong Kingston, Bharati Mukherjee, Hissaya Yamamoto), la figuration prophétique (Carlos Bulosan) font apparaître ces "sujets orientalisés" comme des forces d'émancipation et d'opposition face à la puissance du capitalisme américain.
Arraché à son milieu, tout homme commence par souffrir, mais par la suite, l'exil peut fonder une expérience profitable, car il permet de ne plus confondre le réel avec l'idéal ou la culture avec la nature. Ce récit retrace l'histoire de vie de l'auteur, écrivain-chercheur, né en Bulgarie et résidant depuis 1963 en France. Son déracinement correspond aussi à une expérience de la liberté.
Analyse de la vie associative des immigrés portugais en France entre 1901-1986. Dans un premier temps, l'auteur s'attache à étudier scientifiquement ce qui a été vécu, au jour le jour, par les immigrés portugais, les causes des migrations et la motivation de départ, les conditions de leur voyage du Portugal en France, leur dispersion dans le pays d'accueil, leur confrontation avec un milieu différent, les conséquences immédiates et psychologiques de ce déracinement, de cette transplantation. Dans un deuxième temps, l'auteur s'attache à analyser comment, à partir de leurs activités et de leur répartition géographique en France, s'est développé un mouvement associatif, mouvement qui serait l'institutionnalisation de ce peuple déraciné qui apporte sa culture d'origine et qui a son identité culturelle propre.
Constatant un fort contraste dans les représentations que se font les psychanalyses ou ethnopsychanalystes de l'exil - expérience fragilisatrice, modèle traumatique pour les uns, condition de l'expérience, de la refondation de la subjectivité pour les autres - l'auteur tente une approche pragmatique, en examinant deux paramètres : le poids de la violence, dans le déracinement, le statut du sens épique et «métapsychologique», qu'a, pour une culture donnée, l'épreuve psychique de l'exil lorsqu'elle s'interroge sur le dehors et l'altérité fondatrice.
A partir d'un questionnaire soumis à 80 femmes philippines installées en Italie lors d'une enquête qui s'est déroulée en 1991, cet article traite, de la psychopathologie à laquelle sont confrontés les immigrés en terme de crise d'identité due au déracinement et dans la perspective du changement de leur identité. Les résultats du questionnaire montrent que les Philippins sont, de toutes les communautés étrangères vivant en Italie, ceux qui ont le moins de difficultés à s'adapter, mais le coût de cette opération est élevé en terme de souffrance psychologique qui débouche sur des pathologies physiologiques.
Ce deuxième volet s'intéresse à l'insertion des Indiens (Inde), Pakistanais et Sri Lankais en France, et tout particulièrement dans la capitale et sa proche banlieue. Historiquement, c'est autour d'un quartier à Paris, quartier du Sentier, que se sont regroupées les communautés - maîtrisant mal le français le plus souvent, ils occupent des emplois non qualifiés - ouvrir un commerce est un idéal largement partagé, cette promotion sociale symbolisant une intégration réussie. Un voyage dans une «little India» souvent méconnue.
Compte rendu des principales données historiques et culturelles du peuple kurde. L'accueil organisé depuis août 1989 pour 337 Kurdes venant de Turquie.
L'étude prend en considération la trajectoire migratoire à travers laquelle l'immigré passe au début : un dépaysement presque total pour s'adapter finalement à sa nouvelle vie. Ce thème de l'adaptation constitue un domaine intéressant pour la recherche en anthropologie du déracinement et des réactions aux processus de la nouvelle installation. La première partie du travail analyse la manière dont l'homme apprivoise l'espace social. La deuxième partie analyse les expériences sur l'immigration recueillies en Italie (Pérouse) parmi les étudiants Africains. Les points communs trouvés signalent des parcours qu'obligatoirement l'immigré est appelé à suivre pour se reporter avec certitude dans sa nouvelle réalité.