Fortement stigmatisés et instrumentalisés politiquement, les jeunes issus de l'immigration sont au coeur du débat social en France. C'est dans ce contexte conflictuel que ces adolescents essaient de construire leur identité.Après avoir défini le concept d'identité, l'auteur analyse les différentes stratégies identitaires reconnues par les psychologues comme étant propre aux migrants. Or, si l'adoption de telle ou telle stratégie identitaire pèse sur le jeune migrant, l'attitude de la société d'accueil est également déterminante dans la mise en place du processus de construction identitaire.
Outre la dimension économique à travers laquelle elle est le plus souvent perçue, la crise de l'intégration de la société française s'applique à la société dans son ensemble, et donc aussi aux institutions de socialisation et de régulation sociale : famille, école, habitat social, entreprise, syndicats, champ politique, idéologies messianiques. La crise identitaire se manifeste de différentes manières et revêt plusieurs dimensions, s'observant d'bord dans la difficulté à faire le deuil de la perte des colonies, dans la construction européenne, dans la mondialisation. C'est dans ce contexte général qu'apparaît la crise des valeurs et du sens. Ainsi, la crise de l'intégration des immigrés (ou plutôt des politiques les concernant) n'est que l'une des dimensions de la crise de la société française.
Reccueil d'articles parus dans Le Monde diplomatique qui pose les questions suivantes : que siginifie être juif en France aujourd'hui et comment expliquer la radicalisation d'une partie de la communauté juive ainsi que les manipulations dont elle fait l'objet.
Cette recherche porte sur les facteurs positifs et négatifs liés au développement de la personnalité des jeunes Italiens ou d'origine italienne résidant en Allemagne ou après leur retour en Italie, ainsi que sur les stratégies de comportement les plus adéquates. A partir d'une analyse qualitative menée à partir des entretiens semi-directifs sur un échantillon composé de 23 jeunes présentant des caractéristiques les plus différenciées possibles quant au sexe, au statut social, à la scolarisation, à la durée de séjour en Allemagne, à la situation psycho-sociale, au retour en Italie et à la migration pendulaire, l'auteur conclut que la construction de l'identité dans un contexcte pluriculturel peut tantôt représenter un risque élevé de troubles ou de maladies, tantôt être l'occasion de se forger une personnalité stable.
Ce numéro est consacré aux communautés déracinées issues de mouvements de population massifs, imposés et collectifs. Ces exodes et déplacements de grande ampleur touchent l'ensemble d'un groupe, hommes et femmes, jeunes et vieux, toutes catégories sociales confondues. Ils surviennent dans des contextes de crises aiguës caractérisés par une grande violence, des épisodes de sécheresse, des calamités naturelles ou encore en cas d'intervention coercitive de l'Etat. Il s'agit de mouvements de proximité, à l'intérieur comme vers l'extérieur des frontières, parfois planifiés par les pouvoirs publics ou encadrés par les organismes d'assistance sur les lieux d'accueil. La mobilité géographique forcée est aussi source d'une diversité de situations de déracinement. La diversité des termes atteste de la multiplicité des formes de mouvements imposés. Ceux qui se déplacent involontairement sont qualifiés de "réfugiés", "déplacés", "évacués", "expulsés", "refoulés", "sinistrés" ou "victimes". Migrations forcées et déplacements impératifs sont les deux grandes formes de mobilité géographique sous contrainte, source de déracinement : ils se différencient par la part de décision personnelle laissée aux intéressés.
A partir de quatre clés interprétatives, socio-culturelle, du contrôle social, socio-politique et du système de justice pénale français, l'auteur s'attache à décrire les mouvements d'inversion du système normatif en système ségrégatif et d'inversion du rapport à la loi qui produit des "hors la loi". De fait, les jeunes Maghrébins de France sont dès leur plus jeune âge en situation de crise, individuelle et sociale, ce qui engendre des rapports conflictuels qui peuvent déboucher dans la délinquance, produit du double trouble de l'identité et du rapport qu'ils entretiennent avec la loi. La question du sida interroge la finalité et le sens de l'exil des parents, tandis que le risque lié à la toxicomanie et la transgression sexuelle sonnerait la fin de l'errance des jeunes. Les problématiques se construisent autour de la dynamique conflictuelle, qui permet de comprendre la nature des antagonismes et de décrire comment ils s'agrègent, induisent les crises et éclatent en conflits. Les victimes du sida sont alors les figures emblématiques d'une "immuno-déficience culturelle, sociale et politique".
Les violences dans le Kivu montagneux (Rwanda, Burundi, Zaïre en partie)ne reposent pas sur un socle purement identitaire. Il faut y associer une démographie galopante, le gonflement des classes d'âge jeunes, la prolifération des milices. Elles indiquent, comme dans d'autres pays africains, un nouveau mode de production du politique, celui des "seigneurs de la guerre". L'ethnicité doit être lue dans le cadre de la modernité, qui a pour conséquence dans cette région une rarification des richesses, en particulier de la terre. L'engagement dans les bandes armées correspond à une exclusion de cette modernité. Paradoxalement, c'est le processus de "démocratisation" des régimes au Nord-Kivu qui a déclenché les violences identitaires, dans un cadre politique traditionnel de factions. La seconde partie de l'ouvrage envisage les possibilité d'intervention internationale et de gestion de ce type de crises.
L'auteur tente de réfléchir sur le sens fondateur se manifestant dans l'acte de transmission; transmission d'un nom, d'une culture, de valeurs. Selon lui, si l'acte de transmission n'a pas lieu peuvent se produire alors des ruptures et des conflits entraînant la mort imaginaire ou réelle d'un individu ou d'une collectivité. Il propose de réfléchir à une véritable éthique de la transmission; transmission non du pareil mais du différent.
Quand des enfants et des adolescents migrants quittent leur pays d'origine pour venir vivre aux Etats-Unis, ils laissent derrière eux une langue, une culture, une communauté et un système social familiers. Ils font aussi l'expérience d'une variété d'ajustements émotionnels et cognitifs aux réalités de la vie aux Etats-Unis. Du fait de ces conflits et ajustements, les enfants migrants sont plus exposés aux problèmes psychologiques et sociaux, à l'échec scolaire, l'usage de drogues et autres conduites à risques. Identifier assez tôt ces enfants «à risques» peuvent aider le personnel scolaire et les services sociaux et de santé à mettre en place des interventions appropriées. Cet article passe en revue les problèmes psychologiques et sociaux potentiellement rencontrés par les enfants migrants contraints à s'adapter à un nouvel environnement, une nouvelle école et une nouvelle société, et propose des suggestions pour l'action.
Selon l'auteur, la diversité des problèmes d'identité des enfants de Harkis s'explique, en tout cas en partie, par les différentes formes de silence qui existent autour et au sein de cette population. Ce silence s'apparente, en fait, à trois types de déni de mémoire : un, par une double occultation nationale aussi bien en France qu'en Algérie, au sujet de la guerre. Deux, du fait de l'incapacité des Harkis à s'exprimer collectivement. Trois, par le refus catégorique de la part de bien des pères d'évoquer en famille leur passé.
Au cours des diverses étapes de la trajectoire du migrant et des changements qu'elles impliquent, se manifestent également les crises d'identité des immigrés et de leurs enfants. L'auteur met en relief la diversité des conflits vécus dans le processus d'identification par les parents immigrés et par leurs enfants, et le lien entre ces conflits, le projet migratoire des parents et le statut juridico-social qui leur est réservé.
Bilan de huit réunions de travail sur le racisme, l'exclusion, l'immigration, la transmission de la mémoire, en particulier celle des Algériens en France. Certaines discussions sont rapportées in-extenso, quelques textes ont été retravaillés. L'engagement, personnel ou collectif, est au coeur des débats.
L'hospitalisation du jeune enfant d'origine maghrébine est vécue douloureusement par celui-ci dans le pays d'accueil. Ce malaise provient des différences culturelles. En France, l'enfant d'origine maghrébine perd ses racines. Cette désorientation se renforce à l'hôpital. La langue maternelle, inexistante à l'hôpital provoque des déséquilibres émotionnels chez l'enfant. Ce manque maternel provoque très souvent des troubles psychosomatiques et comportementaux. Ce manque de communication se retrouve dans le comportement des parents à l'hôpital. Les enfants de migrants sont plus nombreux en hospitalisation du fait des problèmes socio-économiques et non de l'origine culturelle.
De la théorie de l'«identité substance» à celle de l'«identité dynamique» développant ses propres stratégies à travers la mise en question des situations vécues. Etude des choix et comportements identitaires des individus confrontés à l'installation irréversible dans une culture «autre» : 1) la prise de conscience de la différence et les opérations psychologiques qui en découlent (relativisation, dynamisation, subjectivation des structures liées à l'identité culturelle); 2) les négociations et médiations opérées pour vivre l'entrée dans la société pluriculturelle (temporisation, rationalisation, «bricolage»). Examen des représentations de l'étranger produites par la société d'accueil (les atteintes à l'identité, l'instauration de relations dominants-dominés, etc.) et des réactions qu'elles suscitent chez les migrants.
La question de l'identité est un point central des recherches, dans plusieurs champs épistémiques, et un lieu de rencontre entre psychanalyse et anthropologie. Les bouleversements politiques, sociaux, culturels, obligent à reprendre l'étude de la transmission et de la dette, de la ritualité et de la corporéité. Les interrogations portent aussi sur les registres métapsychologiques de l'intrapsychique et de l'intersubjectivité.