Cet article élabore le concept de "communauté transnationale" comme forme originale et potentiellement puissante d'adaptation par le bas à la mondialisation du capital qui est ignorée par la recherche conventionnelle et mécomprise par les Etats. L'émergence de communautés nourries par les migrations qui se tiennent à cheval sur les frontières politiques et déploient leurs relations et leurs activités sociales simultanément dans le pays de départ et le pays d'accueil trouve sa racine dans la logique même de l'expansion capitaliste. L'entreprenariat transnational, qui tire profit des différentiels d'information et de prix entre pays, nourrit la croissance cumulative de réseaux et de firmes dans lesquels s'ancrent les communautés transfrontalières de longue distance dont les membres vivent une "double vie" étirée à travers deux sociétés nationales. Ce mode distinctif d'adaptation immigrante est favorisé par l'assèchement des emplois industriels bien payés dans les pays avancés ainsi que par la diminution des coûts de communication et de transport à longue distance. A terme, la transnationalisation du travail, dont les communautés transnationales sont la manifestation, est capable de freiner la croissance de l'inégalité internationale de richesse et de pouvoir. Néanmoins, dans le court terme, elle peut avoir l'effet inverse et creuser les disparités régionales et de classes dans les pays d'émigration.
Dès le début de la colonisation dans la région des Grands Lacs, la problématique de la mobilité forcée des populations, sous les différentes formes qu'elle a pu prendre selon les périodes, est au coeur des enjeux socio-politiques : expansion démographique transfrontalière, installation ou salariat de migrants économiques, expatriation volontaire individuelle ou collective comme forme de protestation politique contre les autorités en place, vrais réfugiés et déplacés humanitaires. La mobilité forcée apparaît comme une réponse constante à l'impossibilité de construire, à partir de ces économies exclusivement agricoles, des sociétés où prévaudraient des formes de mobilité spatiale et sociale ouvertes et acceptables par les divers acteurs et pays impliqués. De plus, depuis les indépendances, l'apport de centaines de milliers, voire de millions de réfugiés, opposants déclarés ou simples citoyens en fuite, s'est surajouté épisodiquement aux flux anciens.
Les déplacements de population ont évolué au cours des dernières décennies. Aux migrations économiques sont venus s'ajouter les déplacements liés aux conflits armés. Dans les deux cas on observe maintenant des retours. L'auteur a analysé ces réinstallations des réfugiés de guerre comme indissociables de la réconciliation, de la réhabilitation et de la reconstruction. Les populations restent traumatisées par les événements ayant causé leur départ. C'est pourquoi il est primordial de défendre les droits de ceux qui rentrent et d'agir en tenant compte des raisons qui les ont poussé à fuir, afin de favoriser leur réintégration dans la société d'origine.
Les déplacements forcés et réinstallations de populations consécutifs à des programmes de développement ont atteint une ampleur et une fréquence telles qu'ils sont reconnus comme des phénomènes universels et nécessitent des solutions régies par des politiques spécialisées. L'auteur identifie les tendances générales révélées par le vaste corpus de données empiriques en matière de réinstallation, pour ensuite esquisser un modèle théorique de déplacement et de reconstruction. Ce modèle tire avantage des toutes dernières recherches en matière de réinstallation et propose un large cadre théorique pour diagnostiquer et anticiper les risques d'appauvrissement. L'auteur souligne que la reconstruction et l'amélioration des moyens d'existence des personnes déplacées exigent une lutte pour renverser les risques de paupérisation au moyen de stratégies soutenues par un financement adéquat. Enfin, il critique les approches qui négligent la reconstruction et les limites propres à l'analyse des coûts et avantages.
Le peuplement vietnamien se caractérise à la fois par sa diversité ethnique et sa très inégale répartition. Dès 1954, afin de réduire les disparités entre plaines et arrière-pays, le nouveau gouvernement du Nord-Vietnam s'attache à mettre en place une politique de redistribution spatiale de la population. Il organise alors le déplacement de 1,2 millions Kinh du delta vers les régions montagneuses et la "sédentarisation" d'un million de personnes appartenant aux minorités ethniques montagnardes. Ces politiques sont associées à la grande réforme collectiviste. Cependant, la concentration de ces populations dans les vallées très étroites des milieux montagnards et les difficultés de développement entraînent d'importants problèmes de subsistance.
L'héritage colonial de l'Indonésie moderne et indépendante se manifeste encore aujourd'hui dans le cadre des projets d'équilibrage démographique. En 1905 le gouvernement colonial charge l'assistant-résident H. G. Heijting d'étudier la possibilité d'un projet de transmigration avec le double objectif de politique sociale dans les "îles intérieures" (Java, Madura, Bali) et de politique de développement dans les "îles extérieures" (Sumatra, Kalimantan, Sulawesi). Heijting envoie alors 155 familles de Kedu (Java-Centre) à Gedong Tataan (Lampung) où ils fondent le village de Bagelen. Entre 1906 et 1911 quatre autres villages voient le jour dans le cadre du projet "Kolonisatie". L'auteur montre que les échecs de la transmigration sont dus à une perception erronée de l'évolution du paysannat javanais face à la croissance démographique, à des préjugés envers les populations des îles périphériques ainsi qu'à une politique exclusivement agraire de développement. Entre 1928 et 1931, découragé par les mauvais résultats des projets de colonisation, le gouvernement colonial songe à abandonner le programme. Toutefois, en 1931, lorsque la grande crise frappa le secteur des plantations industrielles, plusiers milliers de personnes sont envoyées dans les colonies déjà existantes. Entre 1905 et 1941, le gouvernement colonial déplaça environ 200 000 ouvriers javanais vers les îles extérieures. Dès la proclamation de l'Indépendance (17 août 1945), l'organisation pratique de la transmigration subit de nombreuses vicissitudes, principalement dans les années soixante-dix, sans pour autant être remise en cause.
Situation de l'emploi pour les travailleurs immigrés, en fonction de la conjoncture économique, des changements de mouvement migratoire et de la législation en vigueur.
En matière de projection migratoire ou de prospective pour le long terme les réflexions portées par ce séminaire international ont débattu de la possible accentuation du mouvement migratoire extra-communautaire face à une Europe appauvrie par le chômage et la crise sociale. Or, celle-ci accroît le sentiment d'insécurité, la xénophobie, voire le repli identitaire. En France la probabilité d'un nouveau flux migratoire semble limitée mais l'immigration non autorisée peut augmenter. D'un point de vue conceptuel, on assiste à une ethnicisation des relations sociales et de leur traitement mais aussi à de timides recompositions des solidarités locales ou citoyennes lesquelles peuvent fonder une perspective de renouvellement démocratique, à partir des lieux de résidence.
Analyse de l'immigration européenne en Argentine pendant le deuxième après-guerre (1945-1960) à travers l'étude des caractéristiques de la conjoncture économique tant des pays d'origine que du pays d'arrivée et des transformations survenues tout le long de cette période, où l'Argentine perd son pouvoir d'attraction. Dans un deuxième temps sur la base des données sur le flux migratoire provenant des statistiques de la Direction nationale des migrations de l'Argentine, l'auteur analyse les traits socio-démographiques des immigrés européens, en particulier la répartition socio-professionnelle, dans le but d'établir si ces traits socio-démographiques correspondent aux nouvelles orientations de l'économie argentine et d'établir des différences avec celles des migrants dans les périodes précédentes.
Présentation des tendances (passage de mouvements internationaux vers des mouvements intrarégionaux et redéfinition conjointe des nations d'espace régional et international) et spécificités du mouvement migratoire en direction des pays producteurs de pétrole du Proche et Moyen-Orient entre 1975-1985, (spécificités liées à la rente pétrolière, à l'économie en phase de transition, à une migration tournante, à une main-d'oeuvre couvrant un large éventail de compétences, à des enjeux économiques et sociaux étroitement liés).
Réflexion prospective sur l'éventualité de nouveaux flux migratoires vers l'Europe des Douze. Etude des potentialités d'émigrations économiques dans les pays caractérisés par le sous-développement (dynamique de l'accumulation, extension du capitalisme, sous-emploi, croissance démographique etc.). Etude de la conjoncture économique européenne susceptible de créer un appel de main-d'oeuvre étrangère (prémisse de fin de crise économique, stratification du marché du travail, nouveau système technique (NST) favorisant de nouveaux systèmes productifs, etc.).
Réflexion sur la discrimination dans le domaine du travail en France à partir des facteurs économiques. Une première série d'observations portant sur l'absence de sité économique souligne le caractère "passif" de la discrimination envers les immigrés, qui, dans la conjoncture économique actuelle, n'offre plus d'"avantages".
Etude sur les entreprises ethniques aux Etats-Unis basée sur le recensement de 1980 et les interviews de trois groupes de petits commerçants : Blancs, Hispaniques, Coréens de deux quartiers des Etats-Unis (New York). Les prédispositions ethniques : évaluation de trois facteurs favorisant la création d'entreprise. Le rôle des opportunités structurelles dans le développement des entreprises ethniques : appropriation d'un quartier par une minorité ethnique, composition ethnique de la clientèle. L'avenir de la petite entreprise ethnique : causes et conséquences de la croissance des affaires, ethnicité, compétitivité, promotion sociale.
Dans ce deuxième volume est abordé le rôle déterminant que des étrangers ont pu jouer au XIXème siècle sur le développement de la croissance en France (Bouches-du-Rhône, Marseille). C'est une arrivée incessante d'immigrés qui viennent s'installer dans les vieux quartiers ou aux marges de la cité au gré de la demande du port et de l'industrie. L'économie marseillaise fait appel à une masse de travailleurs essentiellement Italiens. Cette immigration qui provoque des réactions de rejet n'est qu'un rouage dans un système qui utilise une main-d'oeuvre précaire. Plus tard la migration coloniale ou espagnole s'amplifie en raison de la guerre de 1914 et des besoins de main-d'oeuvre qui s'intensifient. Si Marseille, ville cosmopolite et plaque tournante de la grande migration vers l'Afrique ou l'Amérique se distingue par une capacité étonnante d'assimilation elle sait aussi se distinguer par des réactions de rejet liées à la conjoncture économique ou politique.
Ce premier chapitre présente un modèle d'entreprise ethnique qui servira de contexte à l'ensemble de l'ouvrage. L'accent est mis sur le caractère fortuit et changeant des conjonctures auxquelles sont confrontés les migrants dans les sociétés occidentales capitalistes et sur les circonstances historiques contingentes dans lesquelles ils doivent concevoir leurs projets d'affaires. Les structures offertes par la société d'accueil (conditions du marché, accès à la propriété) ainsi que les caractéristiques des minorités ethniques (organisation sociale, mobilisation des ressources, réseaux sociaux, réseaux communautaires, différences entre minorités ethniques et immigrés) et les stratégies ethniques sont examinées.