Cet ouvrage rassemble les contributions de nombreux chercheurs et professionnels présentées lors du colloque de Tallange en mai 2004. Si le concept d'intégration est une idée de base des sciences sociales depuis le XIX° siècle, il est appliqué depuis une vingtaine d'années dans les pays européens essentiellement à des populations immigrées. L'ouvrage analyse la construction des discours qui en découlent, ses développements sémantiques, ses utilisations dans la société politique. Les textes reviennent notamment sur la première déclinaison entendue du mot intégration, celle par le travail, mais également sur la place de la famille et des femmes de l'immigration.
Ce document est le fruit de deux demandes spécifiques : tout d'abord une demande émanant du Fas, sur la définition et la mesure de l'intégration, et sur le sens que prend sur le terrain, la notion d'intégration. La seconde, émanant de la DPM, porte sur l'étude de l'opportunité et de la faisabilité de la mise en place d'indicateurs relatifs à l'intégration des populations immigrées, dans leur nouvelle base de données sociales localisées. Il s'attache donc, dans un premier temps, à cerner la notion d'intégration, puis nous livre une réflexion sur la mesure de l'intégration sous deux approches, la première consistant à évaluer la population et à en comparer les caractéristiques, la seconde reposant sur l'appréhension du contexte local.
Au-delà d'une indispensable réflexion sur la notion de culture, le présent volume pluridisciplinaire, issu d'une rencontre internationale, se propose d'éclairer diversement la problématique des identités collectives et du sentiment d'appartenance : situations d'intégration ou d'extériorité vécues au niveau individuel et par le groupe culturel ; approches inspirées en France et dans l'ex-bloc communiste par la culture de l'Etat-nation ; enfin, regards sur quelques sociétés pluralistes de forte immigration : le Canada, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, où se définit et se développe la cohabitation de communautés ethniques et culturelles.
Manuel Boucher expose tout d'abord le contexte social, culturel et politique dans lequel s'insère le débat sur l'intégration en France : il définit les termes, concepts et processus utilisés. Puis à travers l'analyse de quatre grands modèles (assimilationnisme, communautarisme, intégrationnisme, multiculturalisme) il clarifie les principales positions s'exprimant dans l'espace public français. Ainsi sont étudiés les écrits de E. Todd, P.-A. Taguieff, T. Nathan, D. Schnapper, J. Costa-Lascoux, M. Wieviorke, D. Lacorne.
Philospophe canadien, Will Kymlicka s'intéresse surtout à la question des droits des minorités et du multiculturalisme. Comme il l'explique dans cet entretien, l'expérience canadienne irrigue toute son oeuvre et, intervenant dans le débat politique et intellectuel dans son pays, son dernier livre défend le modèle canadien du multiculturalisme comme une tentative de renégocier les termes de l'intégration des immigrants dans les institutions communes du pays. Kymlicka fait une distinction cruciale entre minorités ethniques, issues de l'immigration, et minorités nationales, par exemple les Québécois et les Indigènes, dont l'existence précède celle de l'Etat canadien. Tout en éclaircissant les enjeux théoriques et politiques sous-jacents au débat sur le multiculturalisme, il prône une souplesse pragmatique dans son application ; pour comprendre et évaluer le multiculturalisme, il faut être plus attentif à sa pratique sur le terrain qu'à un modèle normatif préconçu.
La question du traitement, par l'école, de l'hétérogénéité culturelle est un enjeu majeur. Entre le charybde du multiculturalisme et le scylla de l'universalisme, il convient d'apprendre à penser la diversité culturelle dans la tension universalité singularité. L'approche interculturelle de l'éducation est une alternative qui mérite d'être explorée. L'auteur fait le point des apports théoriques et des acquis de l'expérience.
Selon l'auteur, les chercheurs français établissent peu d'articulations entre les travaux sur les migrations et les relations interethniques, et ceux sur le racisme. Ces deux champs n'ont pas acquis la même maturité : tandis que les travaux sur le racisme donnent lieu à de nombreux essais théoriques, la sociologie des relations interethniques reste trop souvent prisonnière d'une définition spontanée et idéologique. La sociologie du racisme et celle des relations interethniques ont une importante parenté théorique, même s'il convient de maintenir une distinction entre relation interethnique et relations raciales. D'après l'auteur, les processus à l'oeuvre dans la construction sociale de la race et dans celle de l'ethnicité ne sont pas les mêmes et doivent être distingués sous peine d'une imprudente banalisation du racisme et d'une méconnaissance des ressorts complexes de l'ethnicité.
Dans le but de contribuer au questionnement de la problématique des relations interethniques et interculturelles, l'auteur s'interroge sur la pertinence de concepts tels que communauté, diaspora, identité et ethnicité employés à l'égard des Chinois de la Réunion et de leurs descendants en s'appuyant sur le parcours migratoire et l'histoire culturelle des Chinois de cette île. A travers l'histoire de la migration chinoise, on observe la présence de plusieurs générations de "Chinois", de mouvements alternatifs d'individus entre les îles (La Réunion, Madagascar, l'île Maurice, les Seychelles), une migration numériquement faible, un déséquilibre du sex-ratio, une absence de politique culturelle et une pratique cultuelle marquée par le syncrétisme religieux.
Cette bibliographie analytique porte sur les concepts et la terminologie dans le domaine des migrations et les relations interethniques. Elle contient près de 300 références extraites de la base de données bibliographiques de REMISIS depuis 1980. Elle recense la littérature permettant de clarifier les notions les plus souvent utilisées. Les auteurs de cette littérature remettent en question les idées reçues et s'attachent, à travers les définitions, à permettre une meilleure communication entre les acteurs de ce champ de recherche.
L'expérience antillaise, qu'elle fasse référence aux sociétés de la Caraïbe ou aux espaces contemporains de la migration, n'est que rarement abordée par la recherche de langue française à partir de la notion de diaspora, à l'inverse des écrits de langue anglaise qui montrent peu de réticence à employer le terme. Dans l'un ou l'autre cas, le choix conceptuel renvoie à une représentation particulière du monde antillais dont la construction ne met pas seulement en jeu des procédures de modélisation théorique. Elle se charge aussi des intentions du chercheur et des valeurs attribuées à telle ou telle interprétation en fonction des moments et des lieux de production des théories.
L'auteur, qui est l'un des «pères» de la notion de rapport au savoir, entreprend ici de lui donner statut de concept. Ce faisant, il bouscule quelques idées reçues sur «les causes» de l'échec scolaire et transgresse un tabou en avançant l'idée d'une sociologie du sujet. Prenant appui sur une réflexion anthropologique, il explore diverses «figures de l'apprendre» et propose plusieurs définitions du rapport au savoir.
Abordant l'immigration en termes d'éthique de choix, l'auteur traite de la latitude de choix dont les individus et les Etats se sentent investis pour instaurer une éthique de l'immigration. Il étudie d'abord l'éthique du discours sur l'immigration et examine les concepts de distance culturelle, de réciprocité, du rôle de l'individu et de l'Etat et de leurs interférences.
Pour le numéro anniversaire de la revue, les auteurs nous livrent un bilan critique de onze années de publication (1985-1995). Ils examinent d'abord la place qu'occupent les pays, les populations et les disciplines dans les différentes contributions. Ils analysent ensuite les thèmes qui ont jalonné le parcours éditorial de la REMI. Ils montrent enfin quels sont les problématiques et les concepts qui orientent de façon privilégiée la compréhension et l'explication des phénomènes migratoires. Ils mettent ainsi en évidence les logiques scientifiques et normatives qui traversent la construction de l'objet «migration».
A partir d'une enquête menée auprès de deux communautés britanniques installées l'une dans le sud de l'Espagne, l'autre dans le sud-ouest de la France, l'auteur s'est interrogé sur la réalité et l'ampleur de ce mouvement migratoire, la constitution ou non de communautés et la volonté d'intégration de ces migrants d'un type nouveau. La première partie met en place le cadre théorique (philosophique, historique, sociologique et ethnologique) et les outils «techniques» de la recherche (questionnaire et entretiens, analyse de contenu). La deuxième partie est consacrée à l'analyse des résultats en fonction des hypothèses émises. Il en ressort qu'il existe bien une émigration d'un type nouveau, émigration de luxe motivée par la recherche d'une qualité de vie supérieure qui, dans un second temps, fournit du travail à une seconde vague d'émigration moins favorisée, et entraîne la constitution progressive de communautés organisées en France et en Espagne (journaux, stations radio, solidarité communautaire, etc.). Cette émigration, qui a commencé dans les années soixante-dix et s'est amplifiée dans les années quatre-vingt, n'est cependant pas doublée d'une volonté d'intégration, les Britanniques n'apprenant pas nécessairement la langue du pays d'accueil et fonctionnant en circuit fermé, sur un mode «colonial», attachés à préserver leur identité culturelle propre. La troisième partie présente, sous forme d'études, des thèmes apparus au cours de la recherche et qui en constituent le prolongement : notion de déclassement-reclassement au sein de cette population, situation des retraités en Espagne, participation à la vie politique locale. Le portrait de ces Britanniques permet à l'auteur de dessiner un nouveau «type» de citoyens européens tout en interrogeant les concepts de migrant et de communauté.
La recherche sur les relations interethniques s'est développée tardivement en France et dans un rapport de soumission avec les débats politiques. Les problématiques, les concepts et une bonne part du lexique de la recherche manquent souvent de l'autonomie nécessaire au développement scientifique, ils sont parfois ambigus et souvent de portée limitée. L'auteur examine en particulier l'usage des catégories d'étranger, d'immigré, de Français et les notions de minorité et de communauté ethnique, et de deuxième génération.