Dès les années 1850, à Fourmies et dans les villages alentour, les entrepreneurs du textile relèvent les défis que pose la configuration sans cesse mouvante des marchés. Au terme des 30 ans d'une croissance ininterrompue, cette ville se taille une solide réputation à l'échelle européenne dans le domaine de la laine fine et des tissus de qualité. Or, à Fourmies, le caractère massif du recours à une main-d'ouvre immigrée qui autorise la croissance industrielle va de pair avec l'intensité du rejet de l'ordre usinier par la classe ouvrière naissante, et la fusillade du 1er mai 1891 se déroule sur fond de lutte des classes. Pourtant, s'il existe un domaine où le patronat fourmisien ne ménage pas sa peine, c'est bien dans celui de l'enseignement technique.
La famille, en particulier la famille italienne, est l'objet de nombreuses recherches. La thèse du familialisme et du particularisme traduit l'attachement des Italiens à certaines formes de cercles restreints, privilégiant les intérêts familiaux et immédiats au détriment d'un investissement civique plus global. L'auteur, après avoir analysé quelques théories existantes sur le familialisme, étudie la famille vue à travers le prisme de la classe ouvrière, classe à laquelle apartiennent massivement les immigrés italiens de Roubaix, puis dans ce contexte, il s'attache à examiner la condition de la femme italienne ainsi que la place et l'éducation des enfants.; Attachement à la cellule familiale, subordination de la femme, différence d'education entre filles et garçons caractérisent non seulement les Italiens installés à Roubaix, mais aussi la classe ouvrière locale.
Les résultats du premier tour de l'élection présidentielle du 21 avril 2002 répondent à un mécanisme de désaffiliation. Parmi les causes complexes qui conduisent à cet événement l'auteur intègre la nature de la relation entre représentant et représentés, ou encore la non-représentativité de la représentation politique institutionnelle issue du suffrage universel, deux éléments étant en cause : la réduction du corps électoral ainsi que la représentation sociale et ethnique des représentés et des élus, ces deux éléments se complétant et interagissant. Si un arrêt sur image sur les élus du suffrage universel révèle une absence tortale ou une présence relativement très faible des Français d'origine maghrébine, force est de constater que le lieu le plus symbolique du volontarisme politique antiraciste est la représentation nationale et locale.; Dans cet article, l'auteur analyse la difficulté de nommer les enfants issus de l'immigration en tant qu'indicateur des représentations sociales, la permanence de la colonisation dans les représentations, l'appartenance sociale et le rapport de domination par rapport aux enfants de France et d'ouvriers, les critères stables et instables des pratiques de sélection pour une démocratie participative et, finalement, l'assignation et le déterminisme, l'assignation à résidence identitaire fonctionnant comme si les Français d'origine maghrébine avaient une pré-destination sociale.
Exemple d'une étude des relations interethniques dans le travail.
Quel sens l'école a-t-elle aujourd'hui pour les adolescents de familles populaires ? Vécue comme une chance et objet d'un fort investissement pour certains, elle ne représente plus pour d'autres qu'une obligation, un lieu sans attraits. La question est explorée à partir d'une vaste enquête menée dans des collèges. Au-delà d'explications globales sur les phénomènes observés, l'auteur s'attache, à partir de trajectoires singulières, à montrer la diversité et la complexité des situations et des conduites. Il dégage une dimension centrale : le décalage culturel entre le cadre familial et l'école -et non le handicap socioculturel- n'est-il pas au coeur de difficultés repérées chez les élèves des collèges en milieux populaires ? Leur rapport au savoir apparaît en effet marqué par les modes de raisonnement développés dans ces deux espaces.
Si l'on se penche sur l'histoire des militants de l'action sociale telle qu'elle s'est construite en France (Marseille) à partir des mouvements de jeunesse ou d'éducation populaire issus du catholicisme ou du socialisme laïc autour de la question de la résorption du bidonville puis de l'accueil des familles immigrées, on constate que le profil des éducateurs ou des animateurs de l'action culturelle repose sur des valeurs d'engagement politique qui permettent aux générations issues de l'immigration d'accomplir une mobilité sociale sans renoncer à l'action collective. Cette élite qui forme les classes moyennes des cités, à l'emploi souvent précaire et qui a choisi d'investir les dispositifs d'animation reste au service d'une classe ouvrière qu'elle côtoie et sa propre réussite est un élément de régulation des relations sociales.
Histoire comparée du monde de la confection du quartier du Sentier à Paris et de la 7e avenue à New York. L'industrie du vêtement pour dames est l'un des derniers secteurs manufacturiers des grandes villes. Pendant un siècle dans les deux capitales, l'industrie du vêtement a assuré du travail aux Françaises, aux immigrés hommes et femmes d'Europe centale, portoricains, italiens, chinois, arméniens et turcs. Elle a employé à New York un quart de la main d'oeuvre industrielle, à Paris 38,5 pour cent des emplois industriels. L'industrie du vêtement s'est aujourd'hui déplacée vers l'Ouest en Californie et pour la France, la fabrication est faite en Roumanie, à l'île Maurice, en Asie du Sud-Est. La confection féminine est un cas d'école de l'économie urbaine et une "industrie de passage" qui a vu se succéder des vagues d'immigrés.
Histoire de l'immigration et du mouvement ouvrier aux Etats-Unis de 1880 à 1920 et influence du syndicalisme sur la politique d'immigration américaine et le système de contingentement.
Existe-t-il en Europe un racisme propre aux classes populaires ? Quelles en sont les sources ? L'extension du phénomène à tous les pays de forte immigration pose le problème du devenir de la démocratie en Europe.
Historique des migrations pour la période 1851-1918 qui retrace l'apport des étrangers à la mémoire collective à travers le portrait des différentes nationalités qui ont construit la France au vu de leur métier, de leurs luttes, de leur participation au mouvement ouvrier depuis la commune de Paris jusqu'à la première guerre mondiale. Enrichi de photographies d'ouvriers ou de héros de la résistance, cet album retrace les conditions de vie de cette fraction de la classe ouvrière composée de Belges, d'Italiens, de Polonais juifs d'Europe.
Etude menée sur trois trajectoires (mutation, déplacement, immigration) de villageois algériens, dont une trajectoire migratoire vers la France. Comment passe-t-on du milieu rural à la classe ouvrière, d'une immigration de «transit» à une installation définitive en France.
L'histoire du peuplement en banlieue parisienne, de la montée des provinciaux à l'arrivée des Italiens, des Espagnols, des Algériens, des Portugais, des Antillais, des Africains. La seconde partie est consacrée à la vie politique de cette classe ouvrière autour de la notion de populisme pour expliquer comment on est passé du communisme des banlieues rouge au poujadisme puis au vote d'extrême-droite.
L'histoire du mouvement ouvrier en France, à partir du XIXème siècle, renvoie à un cadre de revendications nationales. La fraction du prolétariat constituée par les travailleurs migrants au sein de la classe ouvrière est vécue sur un mode concurrentiel et contradictoire. Le nationalisme et l'idéologie assimilationniste qui imprègne l'action du syndicalisme ouvrier en témoigne. Depuis 1968, on assiste à une autonomisation des mouvements issus de l'immigration au sein de mouvements sociaux qui se recomposent en raison de la crise économique, de l'urbanisation et de la territorialisation des conflits sociaux.
Cet article examine la nature de l'oppression raciale et sexuelle, caractéristique du racisme et des sociétés racistes d'Europe et des Etats-Unis. Il propose une analyse des processus par lesquels le capital s'est pourvu d'une classe ouvrière différentiée du point de vue de la race et du sexe. Il étudie les relations entre classe, race, genre en termes de patriarcat et de discrimination raciale, marques de la division des classes et piliers de l'accumulation du capital, par le biais de l'exploitation du travailleur (plus particulièrement des femmes, des minorités ethniques et raciales).
Dossier du participant comportant plusieurs contributions sur l'histoire du peuplement en banlieue parisienne, de la montée des provinciaux à l'arrivée des Italiens, des Espagnols, des Algériens, des Portugais, des Antillais, des Africains. La seconde partie est consacrée à la vie politique de cette classe ouvrière autour de la notion de populisme pour expliquer comment on est passé du communisme des banlieues rouge au poujadisme puis au vote d'extrême-droite.