Accompagnant les mouvements du capital et révélant les désordres de la planète, les migrations internationales interpellent les dirigeants politiques qui doivent gérer le phénomène sous l'oeil des opinions publiques divisées à leur sujet. L'article s'attache à présenter toute la complexité de cette réalité tant dans ses causes, ses modalités, ses différentes facettes, ses effets et conséquences dans les pays de départ et d'arrivée.
Mettre en relation cultures de l'entreprise et flux migratoire peut apparaître comme le fruit de la mondialisation, où les firmes doivent gérer la mobilité de leur cadres et mettre en adéquation leur propre culture avec des réalités et des représentations du travail différentes. Or, ces phénomènes sont intimement liés à l'histoire du capitalisme européen. Ce sont de grandes firmes italiennes du Moyen Âge et de la Renaissance qui développent des filiales dans toutes les places de l'Europe marchande, organisent la mobilité de leurs élites dirigeantes à l'échelle du continent et plient à leur propre système de gestion et de travail la main-d'oeuvre locale qu'elles engagent.
Loin d'être un facteur mineur de la position structurelle et de l'expérience des populations racisées, le racisme et les pratiques d'exclusion qui l'accompagnent sont une composante importante des désavantages de ceux qui occupent une place subalterne dans la hiérarchie sociale. Cet ouvrage entend contextualiser l'impact du racisme et de ses pratiques afin d'en montrer la spécificité et la partielle continuité avec la position de classe dans la vie des populations originaires d'Asie et des Caraïbes vivant en Grande-Bretagne. Miles propose d'étudier les multiples niveaux et articulations entre racisme, sexisme, nationalisme et pratiques d'exclusion engendrés par l'idéologie propre au mode de reproduction capitaliste. Le premier chapitre présente un état de la question sur la représentation et genèse du discours sur l'autre (le musulman, le colonisé) en Europe. L'émergence du racisme aurait coïncidé avec l'attribution d'un contenu somatico-biologique à cet " autre ", tout en renforçant ce procédé par la légitimation scientifique d'une hiérarchie sociale pas naturelle en soi. Le deuxième chapitre porte sur le racisme institutionnel et traite des difficultés qu'engendre l'identification des paramètres du racisme en tant qu'idéologie. La question de l'usage quotidien du racisme en tant que processus de signification qui pose les bases d'une hiérarchie entre groupes qui exclue certains de l'allocation des ressources et des services, est abordée dans le troisième chapitre. Le quatrième chapitre articule la question du capitalisme, du colonialisme, du racisme, des relations de classe et de leur reproduction. Il présente une analyse historique et géographique du système capitaliste britannique qui s'est développé entre le 15e et le 20e siècle entre l'Europe occidentale, l'Amérique du Nord, une partie d'Afrique et des Caraïbes, dans le sub-continent indien et en Australie.
Nos sociétés sont dominées par une contradiction fondamentale : sociétés démocratiques, elles affirment l'égalité par essence de tous les sujets ; sociétés capitalistes, elles ne cessent de construire des marchés qui hiérarchisent les compétences et les mérites. Cette contradiction semble de moins en moins maîtrisée. Comment concilier l'égalité de tous et le mérite de chacun ? On voit se former des mouvements sociaux qui en appellent à la reconnaissance des individus - indépendamment de leurs mérites - et d'une égalité de principe qui se retourne aisément en culpabilité, en mépris et en violence. En fait, tout en ne renonçant pas à la recherche de l'égalité, la double nature de nos sociétés exige que se forme une politique de reconnaissance du sujet. (4e de couverture)
Les années soixante annonçaient la mondialisation de la révolution or le siècle se termine avec la mondialisation du capitalisme : l'internationalisme appartient-il à un passé à jamais révolu ? Le "charité business" a-t-il définitivement supplanté la solidarité révolutionnaire ? Aussi diverses que soient les contributions d'intervenants venus d'horizons géographiques et politiques fortement contrastés, elles ont en commun de refuser le pessimisme démobilisateur.Bien loin de relever d'un arsenal obsolète, l'internationalisme demeure une exigence vitale puisque l'adversaire applique désormais une stratégie à l'échelle du globe. Et sa progression foudroyante ouvre des perspectives nouvelles à ceux qui combattent l'injustice qui lui est consubstantielle.
Le succès chinois est le fruit de l'efficacité de la communauté chinoise constituée d'entreprises familiales dont les membres font preuve d'un esprit que l'on peut qualifier de capitaliste (selon M. Weber). Le but de l'ouvrage est de comprendre par le biais de l'analyse économique, les raisons internes, essentielles et spécifiques, de l'efficacité économique des Chinois d'outre-mer.
Réflexion sur la possibilité d'une forme de marxisme asiatique-américain fonctionnant comme mode de résistance culturelle et de contestation des oppressions raciale, sexuelle et sociale. Les concepts de race, sexe, classe fonctionnent, dans cette approche théorique, comme les éléments complémentaires et coordonnés de la "totalité" que forment les relations sociales structurant le capitalisme patriarcal racial aux Etats-Unis. Ce travail s'appuie sur la production littéraire des auteurs immigrés asiatiques traitant les questions d'identité politique et nationale, de référence culturelle, de totalité, de différence
Etude des stratégies développées par les écrivains asiatiques (chinois, japonais, philippins) immigrés aux Etats-Unis pour surmonter le traumatisme du déracinement, de l'exclusion et de la violence raciste. En se référant à quelques exemples littéraires, les majeures positions idéologiques des auteurs sont cernées : l'affirmation post-moderniste de l'hétérogénéité (chez Frank Chin et Jeffery Chan), la contre-identification et dé-identification (Maxine Hong Kingston, Bharati Mukherjee, Hissaya Yamamoto), la figuration prophétique (Carlos Bulosan) font apparaître ces "sujets orientalisés" comme des forces d'émancipation et d'opposition face à la puissance du capitalisme américain.
La nationalité (ainsi que le nationalisme) est ici présentée comme un artefact culturel de type particulier. La création de ces artefacts vers la fin du XVIIIe siècle a été le résultat du croisement complexe de plusieurs forces historiques présentes dans des lieux précis de l'Occident. Le caractère "modulaire" de ces artefacts leur a permis de s'adapter à de multiples contextes politiques et idéologiques. Ensuite, la convergence entre capitalisme et technologie de l'imprimerie a permis la constitution d'une nouvelle forme de communauté imaginée qui est le fondement de la nation moderne. La nation est ici définie comme une communauté politique imaginaire dans la mesure où ses membres partagent l'idée de leur propre "communion".
Pour une meilleure compréhension des émeutes raciales qui ont éclaté dans les ports du Royaume-Uni entre 1919-1925 l'auteur suggère de prendre en compte le contexte plus vaste des multiples conflits qui ont secoué l'empire britannique des deux côtés de l'Atlantique, au même moment, au lendemain de la Première Guerre mondiale. Ce contexte permet d'expliquer la façon dont la violence raciale a été perçue et traitée, comment les Noirs ont été les victimes de la politique impérialiste et du capitalisme et dans quelle mesure l'Aliens' Order de 1925 correspondait au modèle de la législation coloniale en réglementant l'entrée des Noirs sur le territoire.
La relation entre migration internationale et développement économique ne peut être comprise sans le détour aux stratégies d'accumulation du capital. La fin du siècle dernier ressemble à la crise économique actuelle, elle accroît les coûts du chômage. Parallèlement, la dette du tiers-monde favorise parfois les pays en voie de développement mais elle aggrave les tensions déflationnistes et pousse à l'émigration. Le système économique doit tenir compte des débouchés de l'industrie et de la complexité des échanges commerciaux dans lesquels sont inclus le mouvement migratoire de la main-d'oeuvre. Une nouvelle configuration des relations Nord-Sud pourrait émerger à condition que ce dernier produise davantage d'emploi.
Cet article traite des expériences de travail (rémunéré ou non) des femmes immigrées originaires de l'Asie du Sud en Colombie britannique et en Ontario, et fait une exploration théorique de leur relation avec les processus plus vastes de main-d'oeuvre capitaliste. Les discussions théoriques sont engagées pour clarifier les relations et les contradictions qui existent entre la classe sociale et l'immigration, entre les sexes et la classe sociale, entre la race et la classe sociale ainsi qu'entre les sexes, la race et les classes sociales.
L'expérience professionnelle et la contribution au commerce maritime britannique des Noirs d'Afrique Occidentale, 1807-1960. Etude consacrée à l'activité des Kru (ethnie africaine) qui naviguaient entre le Sierra Leone (Freetown) et le Royaume-Uni (Liverpool), durant les 19ème et 20ème siècles, sur les bâteaux européens et américains. L'examen détaillé de leur emploi et fonctions pour la Compagnie Elder Dempstar met en évidence leur importante participation dans le commerce mercantile anglais avec l'Afrique Occidentale. Leur séjour provisoire dans le port britannique est considéré à travers leur place sur le marché du travail - marquée par le racisme, la marginalisation et le chômage pendant la récession économique de l'entre-deux-guerres - et à travers l'intérêt du gouvernement et des syndicats pour cette main-d'oeuvre de réserve au service du capitalisme.
La pression migratoire des pays du sud vers l'Europe est destinée à durer. Elle s'inscrit au sein d'une économie mondiale où domine l'interdépendance et les déséquilibres économiques et démographiques des pays en voie de développement, capables de fournir une main-d'oeuvre à bas prix. Dans ce contexte l'émigration est structurelle et n'est qu'une composante des relations Nord-Sud. La coopération internationale peut s'analyser aussi comme l'un des aspects de la domination du centre sur la périphérie, liés aux objectifs de sécurité des pays d'accueil.
L'étude de l'exclusion sociale dans les centre-villes prend rarement en compte les changements structurels dans la société. L'accent est mis en général sur les caractéristiques individuelles des résidents du ghetto et sur la prétendue culture de pauvreté. Cet article propose une approche différente en étudiant les caractéristiques de la stratification sociale dans laquelle les résidents du ghetto évoluent. Pour ce faire, l'auteur compare la situation sociale et financière des Noirs qui vivent dans le ghetto aux Etats-Unis (Chicago) avec ceux qui résident dans les secteurs les plus pauvres de la ville. Il en ressort que la hausse du chômage et de l'exclusion économique associée à une restructuration spatiale et industrielle du capitalisme américain a déclenché un processus d'"hyper ghettoïsation".