Accompagnant les mouvements du capital et révélant les désordres de la planète, les migrations internationales interpellent les dirigeants politiques qui doivent gérer le phénomène sous l'oeil des opinions publiques divisées à leur sujet. L'article s'attache à présenter toute la complexité de cette réalité tant dans ses causes, ses modalités, ses différentes facettes, ses effets et conséquences dans les pays de départ et d'arrivée.
Mettre en relation cultures de l'entreprise et flux migratoire peut apparaître comme le fruit de la mondialisation, où les firmes doivent gérer la mobilité de leur cadres et mettre en adéquation leur propre culture avec des réalités et des représentations du travail différentes. Or, ces phénomènes sont intimement liés à l'histoire du capitalisme européen. Ce sont de grandes firmes italiennes du Moyen Âge et de la Renaissance qui développent des filiales dans toutes les places de l'Europe marchande, organisent la mobilité de leurs élites dirigeantes à l'échelle du continent et plient à leur propre système de gestion et de travail la main-d'oeuvre locale qu'elles engagent.
Avec l'effondrement du communisme en Union soviétique et dans les autres pays du Pacte de Varsovie, sortir du pays est devenu un droit, à l'exception d'un ou deux Etats parmi les 191 pays reconnus par les Nations unies. A l'inverse, le contrôle de l'immigration s'est renforcé partout en réponse à la fois aux préoccupations sécuritaires provenant des attaques terroristes de ces dernières années et à l'inquiétude de l'opinion publique au sujet du poids de l'immigration.; Dans cet article l'auteur met l'accent sur le fondement théorique, éthique et réthorique de la régulation étatique du flux de populations et, dans une moindre mesure, du flux monétaire.
Loin d'être un facteur mineur de la position structurelle et de l'expérience des populations racisées, le racisme et les pratiques d'exclusion qui l'accompagnent sont une composante importante des désavantages de ceux qui occupent une place subalterne dans la hiérarchie sociale. Cet ouvrage entend contextualiser l'impact du racisme et de ses pratiques afin d'en montrer la spécificité et la partielle continuité avec la position de classe dans la vie des populations originaires d'Asie et des Caraïbes vivant en Grande-Bretagne. Miles propose d'étudier les multiples niveaux et articulations entre racisme, sexisme, nationalisme et pratiques d'exclusion engendrés par l'idéologie propre au mode de reproduction capitaliste. Le premier chapitre présente un état de la question sur la représentation et genèse du discours sur l'autre (le musulman, le colonisé) en Europe. L'émergence du racisme aurait coïncidé avec l'attribution d'un contenu somatico-biologique à cet " autre ", tout en renforçant ce procédé par la légitimation scientifique d'une hiérarchie sociale pas naturelle en soi. Le deuxième chapitre porte sur le racisme institutionnel et traite des difficultés qu'engendre l'identification des paramètres du racisme en tant qu'idéologie. La question de l'usage quotidien du racisme en tant que processus de signification qui pose les bases d'une hiérarchie entre groupes qui exclue certains de l'allocation des ressources et des services, est abordée dans le troisième chapitre. Le quatrième chapitre articule la question du capitalisme, du colonialisme, du racisme, des relations de classe et de leur reproduction. Il présente une analyse historique et géographique du système capitaliste britannique qui s'est développé entre le 15e et le 20e siècle entre l'Europe occidentale, l'Amérique du Nord, une partie d'Afrique et des Caraïbes, dans le sub-continent indien et en Australie.
Nos sociétés sont dominées par une contradiction fondamentale : sociétés démocratiques, elles affirment l'égalité par essence de tous les sujets ; sociétés capitalistes, elles ne cessent de construire des marchés qui hiérarchisent les compétences et les mérites. Cette contradiction semble de moins en moins maîtrisée. Comment concilier l'égalité de tous et le mérite de chacun ? On voit se former des mouvements sociaux qui en appellent à la reconnaissance des individus - indépendamment de leurs mérites - et d'une égalité de principe qui se retourne aisément en culpabilité, en mépris et en violence. En fait, tout en ne renonçant pas à la recherche de l'égalité, la double nature de nos sociétés exige que se forme une politique de reconnaissance du sujet. (4e de couverture)
Les années soixante annonçaient la mondialisation de la révolution or le siècle se termine avec la mondialisation du capitalisme : l'internationalisme appartient-il à un passé à jamais révolu ? Le "charité business" a-t-il définitivement supplanté la solidarité révolutionnaire ? Aussi diverses que soient les contributions d'intervenants venus d'horizons géographiques et politiques fortement contrastés, elles ont en commun de refuser le pessimisme démobilisateur.Bien loin de relever d'un arsenal obsolète, l'internationalisme demeure une exigence vitale puisque l'adversaire applique désormais une stratégie à l'échelle du globe. Et sa progression foudroyante ouvre des perspectives nouvelles à ceux qui combattent l'injustice qui lui est consubstantielle.
Le succès chinois est le fruit de l'efficacité de la communauté chinoise constituée d'entreprises familiales dont les membres font preuve d'un esprit que l'on peut qualifier de capitaliste (selon M. Weber). Le but de l'ouvrage est de comprendre par le biais de l'analyse économique, les raisons internes, essentielles et spécifiques, de l'efficacité économique des Chinois d'outre-mer.
Cet article élabore le concept de "communauté transnationale" comme forme originale et potentiellement puissante d'adaptation par le bas à la mondialisation du capital qui est ignorée par la recherche conventionnelle et mécomprise par les Etats. L'émergence de communautés nourries par les migrations qui se tiennent à cheval sur les frontières politiques et déploient leurs relations et leurs activités sociales simultanément dans le pays de départ et le pays d'accueil trouve sa racine dans la logique même de l'expansion capitaliste. L'entreprenariat transnational, qui tire profit des différentiels d'information et de prix entre pays, nourrit la croissance cumulative de réseaux et de firmes dans lesquels s'ancrent les communautés transfrontalières de longue distance dont les membres vivent une "double vie" étirée à travers deux sociétés nationales. Ce mode distinctif d'adaptation immigrante est favorisé par l'assèchement des emplois industriels bien payés dans les pays avancés ainsi que par la diminution des coûts de communication et de transport à longue distance. A terme, la transnationalisation du travail, dont les communautés transnationales sont la manifestation, est capable de freiner la croissance de l'inégalité internationale de richesse et de pouvoir. Néanmoins, dans le court terme, elle peut avoir l'effet inverse et creuser les disparités régionales et de classes dans les pays d'émigration.
Réflexion sur la possibilité d'une forme de marxisme asiatique-américain fonctionnant comme mode de résistance culturelle et de contestation des oppressions raciale, sexuelle et sociale. Les concepts de race, sexe, classe fonctionnent, dans cette approche théorique, comme les éléments complémentaires et coordonnés de la "totalité" que forment les relations sociales structurant le capitalisme patriarcal racial aux Etats-Unis. Ce travail s'appuie sur la production littéraire des auteurs immigrés asiatiques traitant les questions d'identité politique et nationale, de référence culturelle, de totalité, de différence
Ce commentaire de l'article de GARSON (J.P.), REDOR (D.), LEMAITRE (G.) sur l'intégration régionale et les migrations en Europe Centrale et de l'Est souligne leur effort d'aborder les nouveaux mouvements migratoires dans le cadre conventionnel des analyses économiques. Montrant la difficulté des prospectives migratoires à long terme (leur nature et volume) au sein de la CEE, l'auteur se penche sur la nature complexe des récents courants migratoires européens et s'interroge sur les perspectives de leur perpétuation ou rupture en confrontant les postulats théoriques aux données empiriques et en suggérant de nouvelles interprétations.
Etude des stratégies développées par les écrivains asiatiques (chinois, japonais, philippins) immigrés aux Etats-Unis pour surmonter le traumatisme du déracinement, de l'exclusion et de la violence raciste. En se référant à quelques exemples littéraires, les majeures positions idéologiques des auteurs sont cernées : l'affirmation post-moderniste de l'hétérogénéité (chez Frank Chin et Jeffery Chan), la contre-identification et dé-identification (Maxine Hong Kingston, Bharati Mukherjee, Hissaya Yamamoto), la figuration prophétique (Carlos Bulosan) font apparaître ces "sujets orientalisés" comme des forces d'émancipation et d'opposition face à la puissance du capitalisme américain.
Réflexion sur l'article de GARSON (J.P.), REDOR (D.), LEMAITRE (G.) consacré aux migrations dans le contexte de l'intégration régionale des pays d'Europe Centrale et de l'Est. L'auteur aborde plusieurs points : l'inégalité de développement économique des pays considérés, entraînant un phénomène de déséquilibre ; la définition de la notion de "migration" ; le choix d'un cadre conceptuel d'analyse économique ; les écarts de capitaux dans les économies "en transition" ; les déterminants des investissements étrangers directs.
La nationalité (ainsi que le nationalisme) est ici présentée comme un artefact culturel de type particulier. La création de ces artefacts vers la fin du XVIIIe siècle a été le résultat du croisement complexe de plusieurs forces historiques présentes dans des lieux précis de l'Occident. Le caractère "modulaire" de ces artefacts leur a permis de s'adapter à de multiples contextes politiques et idéologiques. Ensuite, la convergence entre capitalisme et technologie de l'imprimerie a permis la constitution d'une nouvelle forme de communauté imaginée qui est le fondement de la nation moderne. La nation est ici définie comme une communauté politique imaginaire dans la mesure où ses membres partagent l'idée de leur propre "communion".
L'auteur s'interroge sur le problème des immigrés clandestins au Portugal qui est devenu une "petite porte" d'accès à l'Europe du Nord-Ouest pour les Africains provenant des anciennes colonies. Dans ce contexte la poursuite de l'accumulation de capitaux portugais passe par l'exploitation de la main-d'ouvre immigrée qui cherche à vendre sa force de travail.
L'analyse des liens entre l'émigration de main-d'oeuvre et l'exportation du capital a pour cadre le Royaume-Uni de 1816 à 1991, source essentielle de migrants et de capitaux pour le Nouveau Monde. La nature de ces liens est examinée, ainsi que leurs fluctuations au regard de l'histoire, de la politique et de l'économie. L'accent est mis sur la complexité tout autant que sur la persistance de la conjonction de ces deux phénomènes et sur la nécessité de tenir compte de cette interdépendance dans l'étude des déterminants des flux migratoires.