La synthèse rend compte des résultats d'une étude menée en 2000 sur le traitement local des signalements du dispositif '114'. Le numéro d'appel gratuit permet aux personnes qui ot fait l'objet ou qui ont été témoins de discriminations à caractère racial de signaler le fait discriminatoire. Menée dans huit départements, l'étude s'est appuyée sur une enquête qualitative réalisée auprès des personnes ayant appelé le 114, des secrétaires des Commissions départementales d'accès à la citoyenneté (Codac) qui assurent le traitement des fiches de signalement et des référents, des responsables préfectoraux et judiciaires et des associations anti-racistes locales. Elle s'est attachée à analyser la pertinence des procédures et des modes d'organisation locale ainsi que la qualité des réponses apportées, à identifier les difficultés rencontrées dans cette action nouvelle et à proposer des solutions d'amélioration du dispositif (étude 16C/148).
En prenant appui sur la notion de préconstruit et sur le fonctionnement de la nominalisation (Sériot 1986) on cherche à faire ressortir l'hétérogénéité qui gouverne les formes «exclusion» et «intégration». Dans ce but, on cerne les limites de l'opposition, on confronte les nominalisations aux énoncés verbaux sous-jacents et on met en contraste le fonctionnement d'«intégration des immigrés» et celui d'«intégration de l'Europe». Par la même occasion, on relève quelques exemples de questionnement du préconstruit au moyen de marques opacifiantes (Authier-Revuz 1995), et on les analyse. Bien que les exemples étudiés aient été puisés dans le journal Le Monde, le travail ne se veut pas une analyse du discours de la presse. Il peut être lu comme un essai de désarticulation de quelques effets d'évidence décelables dans un discours, tout compte fait, assez passe-partout.
La construction de l'événement dans la presse quotidienne procède d'une mise en scène argumentative dont on étudiera quelques aspects qui relèvent, sous des formes diverses, d'une problématique de l'amalgame : le retour de « l'affaire du foulard » sur la scène médiatique en janvier 99 servira de support à cette approche, permettant d'envisager tour à tour, en partant de l'amalgame lexical entre foulard et tchador, deux autres niveaux d'analyse : celui de l'énonciation et celui de la mise en page, qui révèlent parfois d'étonnants voisinages. Cette démarche conduit à s'interroger sur la manière dont un environnement rédactionnel participe au processus de construction du sens par le lecteur d'un texte journalistique.
Analyse de la façon dont la société multiculturelle en Allemagne a été présentée par trois grands journaux, Die Zeit, Der Spiegel et le Stern dans les années 90. La première partie de l'article décrit la situation de l'immigration et de l'intégration de la population immigrée dans la République Fédérale depuis la chute du mur de Berlin (1989) jusqu'à 1997. La seconde partie examine comment les trois journaux ont informé sur la société allemande et les immigrés en 1992 et en 1996. Les résultats de l'analyse mènent à la conclusion suivante : les trois images de l'immigration construites par les trois journaux étudiés distorsionnet la réalité des faits selon des critères particuliers de sélection et de production d'informations, typiques de leur différentes lignes éditoriales.
L'auteur interroge la notion de contrôle du sens au travers d'une analyse de discours : les propos de Valéry Giscard d'Estaing, associant immigration et invasion, rapportés par le Figaro-Magazine du 21 septembre 1991. Elle étudie le fonctionnement du contrôle social du sens à l'intérieur même du discours ainsi que dans ses conditions de production, sous trois aspects : le détournement lexical et le glissement sémantique du "praxème" invasion ; le mythe de l'invasion et son influence sur le discours du président ; la banalisation du mot, la légalisation de son usage et ses conséquences.
Les "clandestins" sont dans une large mesure le produit des changements juridiques qui depuis vingt ans ont profondément altéré les conditions de séjour des étrangers. Ce dont il est de plus en plus souvent question dans le débat sur l'irrégularité, c'est de l'illégitimité de leur présence. L'auteur analyse ici l'"économie de la légitimité" qui fonde ce déplacement.
Sous chaque article de la loi qui prêtait à contestation, se trouve l'argumentation développée par le GISTI, suivie des extraits correspondants des deux saisines, puis de la décision du Conseil constitutionnel
Que signifie dans un Etat de droit, la possibilité offerte à l'administration de priver un individu de sa liberté sans aucun contrôle judiciaire si ce n'est de manière formelle, a posteriori ? Lorsque la rétention administrative est réservée au seul étranger, que "nécessité fait loi" aux yeux des pouvoirs publics obsédés par le contrôle des flux migratoires, c'est que la Nation, centrée sur la loi, se révèle incapable de penser la place de l'étranger en son sein.
Surmédiatisation ou silence, dramatisation ou neutralité, les relations entre médias et migrants évoluent continuellement entre ces pôles. L'article brosse une synthèse de 1974 à nos jours et analyse la perception du phénomène de l'immigration par la presse écrite belge d'expression française.
La période de l'entre-deux-guerres est un moment clé dans l'évolution du film de propagande coloniale. L'auteur examine le rôle joué par la production cinématographique française dans les colonies. Cette production, à l'instar des grandes expositions de l'époque, a fonctionné en tant que force éducative sur la formation de l'opinion publique à l'égard du statut et de l'avenir de l'Empire d'après-guerre.
L'auteur analyse les dangers des discours portés sur la banlieue. Les médias, en banalisant et en associant les termes de banlieue et d'exclusion, alimentent les représentations stéréotypées. Ces représentations sont véhiculées dans le discours et les décisions des acteurs politiques et sociaux. Elles sont également présentes dans l'image que les populations concernées se font d'elles-mêmes. Au lieu de traiter les banlieues comme une catégorie "en soi", et donc de participer à leur isolement, il est nécessaire de les inscrire dans un projet de développement qui ne dissocie pas le "centre" de sa "périphérie".
L'auteur examine et compare les photographies d'archives militaires avec celles prises par les appelés du contingent français durant la Guerre d'Algérie. Ces images, selon lui, informent davantage sur les photographes, la société à laquelle ils appartiennent que sur les Algériens. Le contact quotidien avec la réalité algérienne a modifié le regard de ces photographes, et deux discours cohabitent dans leurs albums : l'un reprend les stéréotypes réducteurs du racisme traditionnel à propos de l'"Arabe", l'autre, attentif aux Algériens, luttant pour leur dignité, s'inscrit dans un discours historique précis.
Les représentations officielles du colonisé continuent-elles à faire référence à l'idéologie raciale après la Seconde Guerre mondiale ? Cet article examine le corpus de photographies de l'Agence Economique de la France d'Outre-mer et leur instrumentalisation dans les projets de modernisation de l'Afrique coloniale. Selon l'auteur, la mise en images de cette modernisation fonctionne comme un masque posé sur la perception occidentale du colonisé, qui reste fondamentalement inégalitaire.