Témoignage des actions locales effectuées dans les camps de réfugiès rwandais au Zaïre.
Deux expériences d'intervention du Haut Commissariat pour les Réfugiés au Koweit et dans l'ex-Zaïre montrent l'inadéquation du droit international en regard de la demande d'assistance et de protection exprimée par certaines catégories de réfugiés.
Les déplacements forcés de population entraînent des changements identitaires profonds et durables. Ces derniers se traduisent par une transformation du rapport au territoire et relèvent de ce fait de l'approche géographique même si le déplacement "spatial" n'est pas le facteur principal de bouleversement. Le Sud-Soudan est un cas d'autant plus intéressant que les migrations forcées dues à l'esclavage, puis aux guerres civiles successives, y sont anciennes et massives. Elles ont entraîné, dans leur diversité, des bouleversements socioculturels considérables qui tendent à brasser les peuples de l'ensemble de ce vaste pays. Elles se conjuguent avec une urbanisation rapide dans le Nord, en particulier dans les périphéries de Khartoum, la capitale.
Durant plus de deux ans, de juillet-août 1994 à octobre 1996, environ 1 300 000 réfugiés hutu vécurent dans des camps installés en catastrophe au Kivu, à proximité de la frontière du Rwanda. L'offensive des "Banyamulenge" relayés par l'AFDL (Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo-Zaïre) de Kabila a fait disparaître ces camps. Ce texte a donc valeur de témoignage historique. Il décrit ce que furent les camps du Kivu, l'organisation physique et la gestion interne, l'encadrement par plusieurs ONG, les problèmes d'approvisionnement par le "food pipeline" Est-africain et la vie au quotidien. Il montre aussi l'impact de la concentration des réfugiés sur l'environnement humain et physique de l'est du Zaïre. Il pose enfin la question du sens de l'humanitaire dans un contexte géopolitique régional extrêmement tendu, sur lequel ne cessa de peser la mémoire du génocide de 1994.
Dès le début de la colonisation dans la région des Grands Lacs, la problématique de la mobilité forcée des populations, sous les différentes formes qu'elle a pu prendre selon les périodes, est au coeur des enjeux socio-politiques : expansion démographique transfrontalière, installation ou salariat de migrants économiques, expatriation volontaire individuelle ou collective comme forme de protestation politique contre les autorités en place, vrais réfugiés et déplacés humanitaires. La mobilité forcée apparaît comme une réponse constante à l'impossibilité de construire, à partir de ces économies exclusivement agricoles, des sociétés où prévaudraient des formes de mobilité spatiale et sociale ouvertes et acceptables par les divers acteurs et pays impliqués. De plus, depuis les indépendances, l'apport de centaines de milliers, voire de millions de réfugiés, opposants déclarés ou simples citoyens en fuite, s'est surajouté épisodiquement aux flux anciens.
Ce numéro est consacré aux communautés déracinées issues de mouvements de population massifs, imposés et collectifs. Ces exodes et déplacements de grande ampleur touchent l'ensemble d'un groupe, hommes et femmes, jeunes et vieux, toutes catégories sociales confondues. Ils surviennent dans des contextes de crises aiguës caractérisés par une grande violence, des épisodes de sécheresse, des calamités naturelles ou encore en cas d'intervention coercitive de l'Etat. Il s'agit de mouvements de proximité, à l'intérieur comme vers l'extérieur des frontières, parfois planifiés par les pouvoirs publics ou encadrés par les organismes d'assistance sur les lieux d'accueil. La mobilité géographique forcée est aussi source d'une diversité de situations de déracinement. La diversité des termes atteste de la multiplicité des formes de mouvements imposés. Ceux qui se déplacent involontairement sont qualifiés de "réfugiés", "déplacés", "évacués", "expulsés", "refoulés", "sinistrés" ou "victimes". Migrations forcées et déplacements impératifs sont les deux grandes formes de mobilité géographique sous contrainte, source de déracinement : ils se différencient par la part de décision personnelle laissée aux intéressés.
De novembre 1992 à 1994, entre 600 000 et 800 000 habitants de la province du Shaba ont été violemment "refoulés" vers le Kasaï d'où ils étaient originaires. L'analyse de ces événements montre comment la manipulation politique a attisé les rancoeurs déjà existantes entre les deux groupes jaloux des droits découlant de l'antériorité d'occupation du territoire, et des migrants dont le nombre et le dynamisme économique menaçaient la prééminence des autochtones. Les perspectives électorales ont renforcé les repliements identitaires, favorisant les desseins de Mobutu qui n'hésita pas à pratiquer une politique du chaos pour affaiblir ses adversaires.
Les violences dans le Kivu montagneux (Rwanda, Burundi, Zaïre en partie)ne reposent pas sur un socle purement identitaire. Il faut y associer une démographie galopante, le gonflement des classes d'âge jeunes, la prolifération des milices. Elles indiquent, comme dans d'autres pays africains, un nouveau mode de production du politique, celui des "seigneurs de la guerre". L'ethnicité doit être lue dans le cadre de la modernité, qui a pour conséquence dans cette région une rarification des richesses, en particulier de la terre. L'engagement dans les bandes armées correspond à une exclusion de cette modernité. Paradoxalement, c'est le processus de "démocratisation" des régimes au Nord-Kivu qui a déclenché les violences identitaires, dans un cadre politique traditionnel de factions. La seconde partie de l'ouvrage envisage les possibilité d'intervention internationale et de gestion de ce type de crises.
Partant du postulat que les représentations jouent un rôle essentiel dans les politiques publiques, l'auteur livre dans ce bref article quelques réflexions sur la «crise de l'asile».
L'auteur, pédopsychiatre et psychanalyste a étudié les coutumes et traditions liées à l'enfant en milieu traditionnel africain. Elle analyse les pratiques liées à la conception, la grossesse, l'accouchement, l'imposition du nom, l'allaitement, le sevrage et l'éducation.
Depuis la fin des années 70, on constate un flux migratoire des jeunes Zaïrois et Congolais vers la France. Nombre d'entre eux demandent l'asile, mais beaucoup d'observateurs les considèrent comme des réfugiés économiques. Pour l'auteur, la motivation de départ n'est pas qu'économique, mais elle doit être relayée par la quête du statut socio-juridique dans la société d'origine. Après avoir analysé le statut dans les champs socio-juridiques au Zaïre et au Congo, l'auteur examine le statut social conféré par la France à ces jeunes lorsqu'ils rentrent à leur pays d'origine. Les enjeux pour ces jeunes sont d'abord ceux du statut à conquérir et à valider par un ensemble de rôles sociaux qu'ils doivent assumer et gérer.
Les explications sur les massacres entre Tutsis et Hutus sont trop simplistes pour être satisfaisantes. L'auteur explore d'autres voies que celle du conflit dit ethnique : responsabilité de l'Eglise "qui a semé les germes de la haine" et "posé des bombes à retardement", de la Belgique, de la France "qui joue les apprentis sorciers pour faire pièce aux Américains".
L'ouvrage est principalement un recueil de témoignages de réfugiés politiques. Il présente également des fiches synthétiques ayant le but d'éclaircir la notion de réfugié, la situation des réfugiés dans le monde, les pays "exporteurs" de demandeurs d'asile politique, l'histoire du droit d'asile ainsi que la démarche à suivre en France lorsqu'on demande l'asile. En 1994, dans l'Hexagone, la majorité des demandes sont venues d'Afrique (10 000 dossiers dont 90 réfusés), suivies par les Asiatiques (6 900 demandes dont un tiers a été accepté).
Dès 1846, la Belgique possède des recensements de population fiables. Il y avait en 1958, 86 700 Belges au Congo et on estime à 15 000 le nombre de rapatriés entre 1960 et 1965. A partir de 1962 on possède des données quant au reclassement des colons rapatriés du Congo, à l'étranger, notamment au Zaïre dans le cadre de la coopération internationale. Enfin, la présence d'africains venus recevoir une formation de cadres s'est intensifiée, à partir de 1960, et les Zaïrois ont leur quartier à Ixelles.
L'existence et les fonctions thérapeutiques des églises de guérison sont étudiées au niveau des psychodynamiques groupales comme réponse à une crise sociale et individuelle. Les patients qui y reçoivent refuge et soins ont une histoire de traumatisation dans leur groupe primaire d'appartenance. Leurs groupes sociaux et familiaux actuels, en continuels changements et ruptures, n'offrent plus d'appui et de contenant suffisant. Les groupes thérapeutiques des églises prophétiques forment un cadre contenant et transitionnel où se rejoue une partie non-sue du sujet liée au trauma du groupe primaire familial. Ils permettent au sujet une abréaction et-ou une réélaboration partielle de ces parties du soi et de l'histoire familiale, ainsi que de se donner un sens unifiant.