Sur la base des recherches récentes qui font apparaître l'originalité du cas italien et qui remettent en question les stéréotypes sur l'immigration "passive" des femmes musulmanes et sur la rupture culturelle que la migration est supposé introduire, cet article analyse la complexité des conquêtes d'autonomie des femmes marocaines en Vénétie sur deux niveaux : la variété et le pragmatisme qui caractérisent leurs stratégies migratoires et les recompositions qu'entraîne la migration en termes de rôle et de statut social.
L'immigration des femmes marocaines en Italie commence à faire l'objet de recherches spécifiques. Même si elle est minoritaire au regard de la population masculine, la présence féminine a fait l'objet d'une attention particulière de la part de la société italienne, et notamment des services sociaux, à cause de la demande qu'elle suscite dans le domaine de la santé, de la planification familiale et de l'instruction : c'est notamment le cas en Vénétie. Confrontées à de nouvelles situations, les femmes marocaines immigrées des zones rurales ou urbaines doivent prendre des décisions importantes sur le plan familial et du travail. Cette situation exige une comparaison continue entre les valeurs et la culture de la société d'origine et celles de la société d'accueil, et l'alternative ne se situe pas nécessairement en termes de refus-acceptation.