Ancien fief radical, Orange a connu en douze ans, un maire communiste, un maire RPR, un maire socialiste et un maire Front National. Comment expliquer cet étrange parcours ? Pourquoi cette ville a-t-elle voté à droite à toutes les élections nationales sous la Ve République alors que sa composition sociologique ne la prédisposait pas à cette fidélité ? Et pourquoi des choix municipaux différents ? Pourquoi a-t-elle accordé un soutien immédiat au FN, sans faille depuis près de vingt ans, devenant ainsi un de ses principaux bastions, bien avant le triomphe municipal de 1995 ? Et pourquoi cette municipalité FN conserve-t-elle malgré les dénonciations argumentées de ses opposants, les enquêtes médiatiques sans complaisance, les querelles internes et les maladresses grossières, une appréciation toujours élogieuse de la part de nombre de ses habitants ? Il y a des causes à la versatilité de cette ville, des causes liées à son histoire, à sa position dans le sillon rhodanien, aux jeux des partis politiques aussi. Des causes que l'auteur décortique et analyse, lui l'ancien maire qui veut transmettre à d'autre ce qui pourrait servir à libérer Orange de ses démons.
Juin 1995 : le Front national emporte trois communes aux élections municipales. Pour assurer son emprise sur la ville d'Orange prise ici comme exemple, le maire se livre à une véritable guerre idéologique et entreprend simultanément une mise au pas des secteurs social, culturel et associatif ; la culture est taillée en pièces. Contestations et démissions secouent la municipalité de celui que le FN présentait comme le meilleur de ses élus.