Dès les années 1850, à Fourmies et dans les villages alentour, les entrepreneurs du textile relèvent les défis que pose la configuration sans cesse mouvante des marchés. Au terme des 30 ans d'une croissance ininterrompue, cette ville se taille une solide réputation à l'échelle européenne dans le domaine de la laine fine et des tissus de qualité. Or, à Fourmies, le caractère massif du recours à une main-d'ouvre immigrée qui autorise la croissance industrielle va de pair avec l'intensité du rejet de l'ordre usinier par la classe ouvrière naissante, et la fusillade du 1er mai 1891 se déroule sur fond de lutte des classes. Pourtant, s'il existe un domaine où le patronat fourmisien ne ménage pas sa peine, c'est bien dans celui de l'enseignement technique.
Analyse de l'histoire d'une petite entreprise de confection tenue à Lens depuis les années 30 par une immigrée polonaise. A travers l'étude de la constitution du réseau de fournisseurs de cette entreprise, l'auteur aborde trois types de questions : les mécanismes de construction de l'ethnicité, considérée comme le produit d'interactions sociales, ce qui amène à saisir au plus près le tissu formé par ce "dispositif économique" ; l'articulation des appartenances migratoires mobilisées dans l'activité économique et les préférences économiques ; la question du poid du contexte (échanges marchands et répertoire migratoire).