Analyse, du point de vue des relations interethniques, du dispositif de recrutement du personnel d'un hypermarché implanté dans un secteur défavorisé à forte proportion de populations d'origine étrangère (les Quartiers-Nord de Marseille). Conflits et négociations ont conduit à adopter un système de préférence locale pour l'embauche, garanti et contrôlé par les services publics. Ce cas de "discrimination positive" à la française définit les bénéficiaires sur des critères territoriaux (la résidence dans les Quartiers-Nord) et écarte officiellement toute considération ethnique ou raciale (daltonisme volontaire). Il s'établit ainsi, dans les relations de travail, un jeu de reconnaissance-occultation de l'ethnicité, favorisé par la fonction médiatrice de la catégorie territoriale et sociale "Quartiers-Nord".
Réflexion sur les causes de l'échec du système éducatif français dans sa mission auprès des enfants d'immigrés, sur la vocation réelle de l'éducation et sur les moyens de "fabriquer" non plus un prolétariat pluriethnique mais des gagneurs. Pour compléter ce "dossier banlieue" un encart expose les conditions de vie et de logement des Maghrébins et Tsiganes occupant encore, malgré les opérations de résorption, les vieux bidonvilles en France (Marseille, quartiers Nord) : des relations sociales riches face à une extrême misère.
Cet article s'appuie sur une recherche-action localisée dans les quartiers d'habitat social du nord de Marseille, qui tente d'approcher la question du rapport des jeunes à l'espace collectif résidentiel, à travers deux fils conducteurs : la sociabilité et les destins résidentiels. La première partie analyse les liens entre les associations de jeunes et les politiques sociales du logement et du cadre de vie. La seconde interroge les trajectoires résidentielles et les histoires familiales des jeunes habitants ces grands ensembles.