Depuis la fin des années 90, la Libye a lancé un processus de règlement de ses contentieux internationaux avec les Etats-Unis, l'Union européenne et l'ONU afin d'obtenir la levée de l'embargo qui pesait sur le pays. L'une des conditions posées avant la levée des sanctions internationales a porté sur la question de la migration de transit des Africains subsahariens qui traversaientt le Sahara, puis les détroits maritimes afin de se rendre clandestinement en Europe. Or, le prisme euro-méditerranéen fait perdre de vue l'importance des flux migratoires et marchands qui lient de manière croissante les deux rives du Sahara, mais aussi l'Afrique aux places marchandes asiatiques. L'auteur tente ici de saisir ces dynamiques invisibles en proposant un aperçu de la capitale libyenne, attentive aux changements observés au sein même du tissu urbain, alors que les pouvoirs publics gomment tous les liens visibles de l'africanité de la Libye si prégnante durant les années 90 pour transformer Tripoli de capitale d'Etat 'paria" en vitrine d'une Libye en voie de réintégration au sein de la communauté internationale.