Présentation des résultats d'une étude exploratoire effectuée au début de 1988 au Canada (Halifax), sur la côte atlantique du pays. L'étude conceptualise la dynamique de l'ethnicité, de la classe sociale et du sexe en tant que relations vraiment vécues formant la base de l'expérience des femmes immigrées Asiatiques du Sud-Est. Elle examine les méthodes selon lesquelles des notions culturelles précises de feminité et de sexualité ont été idéologiquement formées pour reléguer ces femmes dans des rôles précis dans le secteur domestique, sur le marché du travail rémuneré et dans des organismes religieux, culturels et sociaux. L'échantillon de femmes examiné (au moyen d'interviews, et d'observation participante) refléte les résultats de la politique d'immigration canadienne qui, dans l'intérêt de l'expansion économique capitaliste, a favorisé l'entrée au Canada d'Asiatiques du Sud-Est, instruits, compétents et très anglicisés de la classe moyenne.
En 1881, Halifax a été officiellement désigné port d'entrée pour les immigrants arrivant au Canada. Entre 1881-1931, lorsque le flux migratoire s'est réduit, un grand nombre d'immigrés arrivaient chaque année au Canada (Halifax). Cette deuxième vague migratoire fut reçue avec une hostilité nationale croissante. Cependant à Halifax, l'expérience d'immigration a été bien ressentie durant cette période. Les fonctionnaires étaient courtois et humanitaires. Les infrastructures d'accueil étaient régulièrement mises à jour et une variété d'organisations étaient disponibles pour aider l'immigrant. Certains groupes comme les Noirs, les Asiatiques et les Juifs ont fait face aux préjugés et à la discrimination. Néanmoins, puisque la population d'immigrant demeurait peu nombreuse, elle ne fut pas perçue comme un danger économique ou culturel. La plupart d'entre eux venaient du Royaume-Uni et ils ont trouvé au Canada un climat favorable pour leur langue, leur religion ainsi que des possibilités économiques.