Enquête réalisée à Bordeaux et Marseille, sur le développement de la culture hip-hop en France.
Aujourd'hui le mot d'ordre de mixité se présente comme un mode de traitement de la présence immigrée dans la ville. L'objectif explicite de mixité sociale recouvre une visée sous-jacente de mixité ethnique alors même que le thème de l'ethnicité est contourné par les discours publics nationaux. La confrontation des trois terrains -les villes d'Evry, Mantes-la-jolie et Sainte-Eulalie- montre que les deux postulats de la mixité ethnique -dispersion spatiale et intégration sociale individuelle des populations immigrées- sont loin de rencontrer l'assentiment des partenaires locaux. Leur scepticisme se double d'une incapacité à formuler un diagnostic spatial concernant les regroupements résidentiels des immigrés. Les stratégies mises en oeuvre pour réaliser l'objectif de mixité sollicitent différents leviers d'action, mais les marges de manoeuvre des politiques publiques apparaissent réduites. L'analyse des pratiques locales permet de vérifier le déficit de transparence, l'importance des pratiques discriminatoires qui effectuent la gestion du logement des immigrés. (résumé de la publication)
Cet article propose une réflexion sur la ségrégation ethnique au collège à partir d'une analyse de la répartition de plus de 144 000 élèves dans les 333 collèges de l'académie de Bordeaux. Dans un premier temps, l'auteur propose la construction d'un indicateur permettant de définir la variable ethnique à partir du prénom des élèves et ainsi de distinguer les élèves "autochtones" et "allochtones". Puis, il observe la répartition des élèves notamment en fonction de cette variable dans l'ensemble des collèges de l'académie pour montrer que la dispersion est considérable et que très peu d'établissements scolarisent une grande partie des élèves allochtones. Enfin, l'auteur examine les conséquences scolaires de la ségrégation ethnique, en termes de résultats scolaires et d'orientation en fin de troisième. (Résumé de la revue)
A partir de l'étude des pratiques de sociabilité à Saige, un espace résidentiel de la périphérie bordelaise défini comme "site urbain prioritaire" et "réputé pour sa diversité ethnique", cette recherche met en évidence les processus de production sociale de l'altérité sous-jacents aux actions municipales et à la politique de la ville. En considérant que les appartenances culturelles, ethniques, nationales, sociales - réelles ou supposées - ne se définissent pas seulement par des traits objectifs mais se construisent surtout dans les relations entre groupes, ce travail insiste sur la complexité des processus d'ethnisation des rapports sociaux. La recherche empirique conjugue une enquête ethnographique basée sur une immersion de quatre ans dans un logement d'une tour et un travail quantitatif d'exploitation de questionnaires. La restitution de ce matériau est faite sous la forme d'un mouvement entre l'étude de la quotidienneté et celle des évènements marquant l'organisation de la vie sociale à Saige. Les manières dont les "habitants" définissent les situations dans lesquelles ils sont pris font l'objet d'aménagements, de conflits, de négociation et de rapports de forces. La problématique globale à Saige est énoncée par les acteurs publics locaux en termes de citoyenneté, de territoire à "réhabiliter", à "revaloriser" et de "refondation du lien social". Des injonctions paradoxales faites en direction des "habitants" du "quartier" ont ainsi été mises en relief. Simultanément, un intérêt particulier a été porté sur la manière dont certaines populations sont englobées dans des dénominations disqualifiantes et infantilisantes comme celles de "pères", "mamans", "jeunes", "gens des tours". Il ressort qu'elles servent de substitut, d'euphémisme aux catégories ethniques socialement et historiquement construites que sont celles d'"étrangers","immigrés", "personnes issues de", "personne d'origine". (résumé de l'auteur)
Analyse du processus de ségrégation spatiale à travers la composition des établissements scolaires, entraînant une ségrégation scolaire accrue.
Agnès Villechaise-Dupont nous livre les résultats d'une recherche qui s'est déroulée d'une part dans une banlieue de grands ensembles de Bordeaux, en France, d'autre part dans un quartier populaire du centre ville bordelais. Si ces quartiers accueillent tous deux des populations en situation de précarité, ils ne bénéficient pas cependant de la même réputation auprès des habitants.
Sur la base d'une enquête réalisée entre 1993 et 1998 dans deux collèges d'une zone d'éducation prioritaire de la région bordelaise impliquant 120 élèves issus de l'immigration répartis équitablement entre Turcs, Africains et Maghrébins, cet article analyse les représentations et les positionnements scolaires des enfants de migrants au collège ainsi que la spécificité de cette réalité. Les entretiens ont permis de distinguer trois ensembles relativement homogènes : le premier est constitué par des élèves qui se situent dans la moyenne, le second regroupe les très bons élèves et le troisième les élèves en échec scolaire. Le niveau scolaire semble donc une variable à mettre en relation avec des représentations (de l'école, des enseignants, de stratégie...) et des positionnements scolaires différents.
L'article rend compte d'une enquête réalisée auprès des acteurs en charge des politiques de l'habitat sur trois sites : Evry, Mantes-la-Jolie et Sainte-Eulalie. Il montre que les immigrés constituent un enjeu central des politiques locales de l'habitat. Pourtant, les acteurs ne parviennent pas à définir des critères objectifs pour appréhender cette question.
Evaluation du dispositif "école ouverte" aux élèves pendant les vacances dans quatre établissements scolaires. Axés sur la socialisation des élèves et portés par la motivation des personnels administratifs supérieure à celle des enseignants, les projets ont des effets positifs sur l'image de l'école et induisent des changements de comportement. Encore expérimentales, ces initiatives modifient le climat scolaire, ouvrent l'école sur le quartier et améliorent les relations école-parents ; c'est un élément de participation sociale et de médiation qui personnalise les lieux, les enfants et les adultes dans une ambiance meilleure.
Evaluation des contrats locaux d'accompagnement scolaire (CLAS), mis en place en 1996 dans quatre département (Hauts-de-Seine, Isère, Gironde et Var) du point de vue du pilotage et de l'harmonisation des dispositifs et des partenariats. Si l'on constate une augmentation quantitative de l'activité péri-scolaire à l'échelle du département, elle a tendance à se concentrer sur les mêmes communes. L'harmonisation de tous les dispositifs au sein d'une procédure unique se heurte à plusieurs difficultés.
Des animateurs du collectif de Floirac (de la banlieue de Bordeaux) présentent trois projets exemplaires d'aide en direction du Burkina Faso réalisés avec des adolescents à l'initiative d'une association locale et de la municipalité.
Au travers de nombreux témoignages, les étudiants africains du campus de Talence, près de Bordeaux, dessinent leurs difficultés quotidiennes, mais aussi leurs colères, leurs espoirs et leurs manières de s'adapter à leur nouvel environnement. De l'obtention du visa au diplôme, en passant par les mille et une façons de survivre sans bourse d'études ou par l'expérience du racisme ordinaire, apparaissent leurs parcours en France. Ils y découvrent leur propre communauté et s'impliquent dans la militance associative pour échapper à la grisaille.
A partir des matériaux recueillis dans le cadre d'une enquête de l'INSEE et par les sociologues de l'Université Bordeaux-II sur le quartier des Hauts-de-Garonne, l'auteur propose une définition sociologique de ce que l'on nomme aujourd'hui les "classes populaires". En dehors de petites enclaves localisées, les habitants des Hauts-de-Garonne ne forment pas une underclass marginalisée, un autre monde dans lequel s'accumulent toutes les difficultés sociales. En ce sens, la réputation dont souffre ce quartier n'est pas fondée. Cependant il reste que cette réputation pèse sur des individus et des familles qui adhèrent très largement aux modèles culturels des classes moyennes et de la culture de masse. Le sentiment de chute, de pauvreté relative, de fragilité s'impose à près de la moitié de la population. Ce n'est pas le cadre de vie qui pose un problème, il s'agit plutôt de la situation sociale stigmatisée des personnes appartenant aux classes moyennes prolétarisées et dépendantes. L'auteur met en exergue dans quelle mesure la définition de soi bloque la formation d'une culture et d'une communauté populaires quand chacun se range et cherche à se démarquer des autres dans un mécanisme de ségrégation auto-produit. Ceux qui développent des liens plus communautaires sont souvent rejetés parce qu'ils participent de la stigmatisation du quartier, même quand celle-ci est décrite comme injuste.