Le cas des travailleurs saisoniers marocains dans le secteur des fruits et légumes du sud-est de la France, et plus particulièrement dans les Bouches-du-Rhône, fournit l'exemple d'une application systématique de la doctrine "le travail sans le travailleur". Depuis 1945, l'introduction de travailleurs étrangers en France était officiellement un monopole de l'Office national d'immigration (ONI), devenu en 1988 Office des migrations internationales (OMI). Depuis 1974, l'essentiel des introductions d'étrangers se fait sur la base d'autorisations temporaires de travail, avec une majorité de contrats saisoniers. Les saisonniers introduits par l'OMI sont appelés eux-mêmes "les contrats OMI". Après avoir analysé le dispositif dérogatoire du système des contrats OMI qui organise la double précarité, l'auteur se pose la question de savoir si la saisonnalité est une cause ou un prétexte, pour arriver à la conclusion que les travailleurs immigrés marocains sont captifs de la dépendance. Enfin, les évolutions récentes (racisme, trafics, résistances et substitution de main-d'oeuvre) sont étudiées.