Les Basques se sont installés à Tandil (province de Buenos Aires, en Argentine) depuis le milieu du siècle dernier. Il semblerait que ces terres nouvelles aient forcé les premiers habitants à résoudre les problèmes les plus élémentaires. Ce phénomène, qui les convertissait obligatoirement en voisins, a pu agir comme accélérateur de l'insertion sociale. Il est probable également que, devant l'absence d'institutions basques, l'image de la communauté se soit forgée à partir de l'attitude participative de quelques membres, mais principalement parce que le reste de la société réussissait à bâtir un ensemble d'éléments folkloriques typiquement basques.
Sur la base des registres de l'état civil et de listes nominatives des recensements de la population ainsi que des procédés fondés sur la logique de l'analyse nominative (méthode de reconstitution de familles, généalogie de co-latéraux, études patronymiques), l'auteur reconstitue les itinéraires individuels et familiaux des Français installés à Tandil (Buenos Aires) entre 1850 et 1914, évalue leur mobilité géographique et sociale et établit deux modèles migratoires selon la forme d'arrivée dans la région (réseaux sociaux et arrivées individuelles). L'appartenance à un réseau social primaire (réseaux familiaux et de voisinage) eut un rôle important dans la détermination des comportements des migrants tels que le calendrier de la nuptialité, les niveaux d'endogamie et l'accès à la propriété. Par ailleurs, l'analyse de la mobilité sociale des migrants permet de compléter le rôle des réseaux sociaux.
Analyse des stratégies migratoires familiales et individuelles concernant la mobilité sociale, le chemin à suivre et les différences ethniques. Les optiques traditionnelles - concepts de mobilité structurelle et de remplacement - ne suffisent pas à capter les nuances de la mobilité et de l'ascension sociale lorsque deux sociétés (celle du pays d'origine et celle du pays d'accueil) sont en jeu ; la propriété agraire ne peut pas être considérée comme le seul indicateur de la réussite économique. En réconsidérant la mobilité sociale entre le recensement de 1869 et de 1895 pour Tandil (Argentine), on observe que les occasions d'ascension sociale pour ceux qui sont restés sur ces lieux n'étaient pas insignifiantes, et ce pour n'importe quelle nationalité.