Une importante communauté italienne est venue s'installer en France à Argenteuil dès le 19e siècle, notamment pour travailler dans les carrières. Issu d'une enquête de terrain rassemblant des témoignages et des archives, ce récit relate les conditions de vie et de travail de ces Italiens, les liens entretenus avec la région du pays d'origine et les événements de notre histoire auxquels ils ont contribué. De nombreuses données statistiques et la reproduction de pièces d'archives émaillent le texte pour constituer une véritable mémoire de cette immigration.
Les Italiens originaires de Cavriago, dans la Reggio Emilia (Emilie-Romagne), ont commencé à émigrer à la fin du XIXe siècle vers le sud de la France, en Alsace et en Lorraine, à Pforzheim dans le grand-duché de Baden, en Argentine ou dans les bassins sidérurgiques de Pennsylvannie. Depuis le début, cette émigration a eu une dominante rouge, modelée d'abord par le socialisme, puis par le communisme et l'antifascisme, très anticléricale. Avec la montée du fascisme en Italie, le centre d'attraction devint Argenteuil et ils s'installèrent dans le quartier de Mazagran. Immigrés politisés, ils investirent très vite l'espace politique français. L'ouvrage analyse la trajectoire migratoire de ces immigrés italiens, leur insertion économique et sociale, leurs luttes politiques et antifascistes, leur identité sociale et culturelle. Il s'agit donc d'une histoire et d'une mémoire collective d'une communauté qui, par le biais des réseaux sociaux et par la mise en place d'une chaîne migratoire spécifique, s'est formée et transformée à 2000 km de son pays d'origine.
Une équipe de recherche de l'Université Paris-VIII, en accord avec la municipalité d'Argenteuil et la Sonacotra, a réalisé une enquête auprès des résidents des foyers Sonacotra de cette municipalité qui souhaitait voir ces résidents s'exprimer sur la mémoire ouvrière. L'essai final transcrit les résultats de l'enquête et répond à plusieurs questions qui ont été posées sur la vie au foyer, la vie dans la ville, les relations avec la mairie, l'usine, le travail, la retraite, le droit, la France.
Argenteuil est une ville industrielle marquée par le chômage et par une mémoire de plus en plus détachée de l'histoire des luttes sociales. Le quartier du Val-d'Argent a été construit entre 1964 et 1974 afin de loger une population ouvrière jusque-là souvent en habitat précaire. Ce quartier comporte 10 000 logements s'étendant sur environ 115 hectares. Il est ici décrit à partir d'une enquête sur la mauvaise réputation des ses habitants ainsi qu'en relation à une étude sur la mémoire et sur les effets de la médiatisation et de l'islamisation de sa population.
L'observation du quartier le Val d'Argent à Argenteuil révèle tous les problèmes d'une banlieue enclavée, où règnent l'insécurité, la dégradation des relations familiales et une cohabitation pluriethnique conflictuelle. Le dispositif de développement social des quartiers mis en place dans le Val Nord n'a pas associé les habitants alors que dans le Val Sud émerge une action collective et associative de la part des générations issues de l'immigration qui doit être renforcée et relayée par des professionnels et des travailleurs sociaux en plus grand nombre car la mobilisation des jeunes est très fragile.