Etude de sociologie électorale sur une minorité ethnique au Canada (Toronto) permet de poser le problème du rôle des communautés ethniques dans la vie politique et des relations qu'elles entretiennent avec l'Etat.
A partir de l'analyse des débats parlementaires qui ont conduit à l'adoption des textes de 1893, 1926 et 1932 règlementant les conditions d'entrée, de séjour et de travail de la main-d'oeuvre étrangère, l'auteur montre comment d'une part l'immigration depuis la fin du XIXème siècle est considérée comme un mal nécessaire par suite de la chute démographique mais mal qu'il convient de circonscrire et comment d'autre part les positions de la gauche en la matière sont écartelées entre son idéal internationaliste et la pression d'une base trop souvent xénophobe. Les arguties des uns et des autres en la matière n'ont pas changé, la France restant par ailleurs, en conformité avec les grands principes dont elle se réclame, terre par excellence d'asile politique.
En dépit de leur hétérogénéité les originaires des DOM-TOM peuvent être légitimement considérés comme des minorités «régionales et coloniales» notamment à cause des relations qui les unissent à l'Etat et au système politique global. Ces relations relèvent-elles du modèle Centre-Périphérie ou bien sont-elles au contraire spécifiques. La politique de décentralisation préconisée par la gauche au pouvoir a-t-elle amené un changement significatif sur ce point. L'auteur politiste et juriste répond à ces questions à propos du cas de la France (Tom, Nouvelle Calédonie) et celui des Antilles.
L'auteur se propose de réfléchir sur ce qu'on a appelé le «syndrome minoritaire» à partir du constat suivant : 1) la crise de l'Etat dans sa fonction d'intégration nationale; 2) La disparition du mythe de la République une et indivisible dans la société civile, constats indispensables pour aborder l'attitude de l'Etat-et sa politique-envers les minorités à travers la société civile et la société politique c'est-à-dire la «politisation du pluralisme».
Pour l'auteur, le Canada qui se présente comme une «mosaïque ethnique» est en réalité un «grand mangeur d'ethnies» : en témoignent les recensements de 1971 et 1981 où l'on constate l'acculturation rapide de celles-ci. Après avoir défini ce qu'il entendait par ethnie et tenté d'en donner une typologie à partir de l'exemple canadien, distinguant les «ethnies groupes» des «ethnies individuelles», l'ethnie communautaire de l'ethnie d'origine, l'ethnie vécue de l'ethnie «photo des ancêtres», et leurs besoins d'espace ou de territoire. Les besoins spatiaux des ethnies en voie d'acculturation (Chinois, Italiens, Grecs, Sikhs, etc.) ne posent pas de problèmes dans une société libérale et sont d'ailleurs temporaires ou limités. Il en va différemment de minorités telles que les Huttériens, les Ukrainiens de Winnipeg-Nord et les Québécois.
L'Islam en France se trouve dans la situation particulière d'être minoritaire, ce qui est contradictoire avec son passé séculaire à tradition hégémonique, mais contradictoire également avec la tradition assimilationniste de l'Etat français, laïc et jacobin vis-à-vis des minorités qui se présentent sur son territoire. L'exemple des Black Muslims aux Etats-Unis et les précédents juifs en France conduiraient certains musulmans à envisager la création d'un consistoire islamique français qui serait l'interlocuteur valable de l'Etat français : ce qui n'irait pas sans poser à celui-ci outre des problèmes de principe quelques problèmes difficiles en matière notamment de droit privé mais aussi concernant les lieux de culte et le statut de communauté, citoyenneté