Le faible taux de naturalisations parmi les immigrés espagnols en Uruguay à la fin du XIXe siècle est dû à l'insécurité politique et à l'absence de droits civils. Ni la constitution ni la législation uruguayennes favorisaient la participation étrangère dans la vie politique du pays, néanmoins, les immigrés espagnols trouvèrent au niveau des villes un espace de participation politique. La nature de cette participation a trait à l'activité politique de ceux qui résidaient en Uruguay avant qu'il ne devienne un Etat indépendant, à l'activité professionnelle des émigrés carlistes, aux exilés militaires, religieux ou civils qui ont coopéré avec les régimes autoritaires, à ceux qui ont participé à la naissance du socialisme en Uruguay et à ceux qui ont rejoint les partis politiques traditionnels. Si les Espagnols n'ont pas montré une préférence pour un parti particulier, ils se sont maintenus massivement en marge de la politique des partis.
L'Eglise catholique a fait face à l'instauration du processus de modernisation en Uruguay et a relevé deux grands défis : celui de la réaffirmation de sa condition de principale institution nationale dans un Etat complexe et conflictuel, et celui de l'accueil de l'immigrant. Ces deux défis ont entraîné l'adoption de conduites pastorales contradictoires qui n'ont pas toujours perçu les particularités de la configuration ethnique d'une société en expansion, comme le fut la société uruguayenne à partir de la seconde moitié du XIX ème siècle.
Après avoir passé en revue les causes des migrations de l'Espagne (Galice) vers l'Uruguay, en soulignant les conditions économiques et politiques du pays de départ, l'action des compatriotes Espagnols et les agents de recrutement, l'auteur analyse les politiques migratoires du gouvernement uruguayen dans la deuxième moitié du XIX ème siècle. L'insertion sociale des Galiciens, l'attitude de l'élite uruguayenne, le rôle des immigrants dans les premiers conflits ouvriers et la naissance du syndicalisme en Uruguay sont analysés dans cet article.