Une double censure a pesé sur la question de la scolarisation des enfants des immigrés. La première fut propre au champ scientifique, conséquence de la tendance dominante à vouloir assimiler les enfants issus de l'immigration à ceux des milieux populaires de l'espace national; la seconde, politique, veilla à ce que la conception républicaine de l'intégration scolaire fut questionnée ni dans ses pratiques ni dans ses effets, au point d'entretenir la méconnaissance du traitement de l'altérité des élèves par l'Ecole. Certains travaux récents s'inscrivent dans les formes actuelles des inquiétudes les plus médiatisées dans l'espace du débat public sous les rubriques de la discrimination positive et, surtout, de la relation entre laïcité scolaire et voile musulman. Ce n'est pas au premier chef la question de la scolarisation de ces élèves qui nourrit le problème public. Elle est incluse, allusivement traitée, dans l'analyse de ce qui est constitué comme une crise de certaines formes de la scolarisation. Mais un ensemble de travaux ont, comme point de convergence d'inscrire les comportements réactifs de certains groupes d'élèves, notamment issus de l'immigration, sous les rubriques de la délégitimation de l'ordre scolaire, de la revendication combattive et de l'ethnicité oppositionnelle. C'est de la réaction aux expériences de l'infériorité sociale, de la discrimination et de l'humiliation qu'il s'agit. Pour ces auteurs, l'Ecole, loin d'être seule responsable, y contribut et en subit les conséquences. La question est de savoir si ces premières formes de "luttes pour la reconnaissance" vont se prolonger dans des mouvements sociaux et si l'Ecole suara apporter une réponse conforme à ses propres valeurs d'égalité et de justice. (Résumé de l'auteur)
Les désignations et les auto-définitions ethniques font partie de l'expérience scolaire de nombreux élèves français. L'auteur interroge la catégorie « élèves maghrébins » dans un contexte social marqué par la présence de groupes sociaux immigrés. Il s'appuie sur les travaux de Lagrée, Lew Fai et Dubet puis il montre que les expériences scolaires des élèves sont marqués par la stigmatisation, notamment lors de l'orientation.
L'article met en avant l'intérêt d'une approche phénoménologique en sociologie pour la prise en compte des modalités et des effets de scolarisation des élèves issus de l'immigration. L'auteur, sans chercher à affirmer la spécificité de leur processus de scolarisation, tente de recueillir les modalités de son expression éventuelle au travers des rapports de sens que les élèves établissent avec l'école, tant comme cadre d'interactions que lieu de diffusion des savoirs et instrument de l'insertion sociale et professionnelle.
Contrairement aux élèves français d'une origine sociale proche les élèves "maghrébins" au collège se constituent partenaires actifs de la gestion de leur cursus. Leurs homologues de la Section d'Education Spécialisée (SES) trouvent dans ce cadre scolaire les ressources nécessaires à un renversement positif de leur expérience de relégation.
L'auteur examine ici dans quelle mesure les représentations sociales de la catégorie jeunes maghrébins est objectivée dans l'école par des pratiques de discrimination sociale.
Si les élèves d'origine étrangère se voient assigner des traits d'appartenance communautaire qui peuvent légitimer ou renforcer des processus d'exclusion au sein des pratiques de formation, de sélection, et d'orientation, ils n'en sont pas moins acteurs dans les interactions scolaires. Ce sont des élèves comme les autres qui ne sont aucunement en relation d'extériorité par rapport à cette institution et à ses finalités.
L'auteur a interviewé de jeunes hommes (18-27 ans) d'origine maghrébine d'un quartier populaire en France (Alpes-Maritimes, Nice). Ces jeunes décrivent des évènements dont ils ont été acteurs ou témoins et qui constituent le plus souvent des cas de conflit ou d'injustice; ils évoquent rarement le racisme pour qualifier les évènements et l'auteur s'interroge sur les raisons de cela. Cette absence de dénonciation du racisme ne signifie pas que les jeunes n'en sont pas familiers ou qu'ils refusent de le voir, mais plutôt que leurs discours se situent à un niveau moral plus général, prenant, pour valeur primordiale le principe rationnel et universel d'égalité des droits.
Rappel historique et critique du développement de la recherche en France sur la scolarisation des enfants de migrants; les limites de la commande sociale, l'absence de support institutionnel, la faiblesse des ressources, le cloisonnement corporatiste et disciplinaire ne permettent pas un progrès significatif de la connaissance.
La politique d'éducation et l'insertion scolaire et sociale des enfants d'immigrés en France. Critique du rapport Berque (J.), 1984, sur la revalorisation des langues et cultures d'origines et de ses recommandations pratiques (mise en place de classe d'initiation (CLIN) et de classe d'adaptation). Les notions d'handicaps socio-culturel et linguistique et les limites de l'ouverture à la différence culturelle et linguistique dans l'enseignement. Les éléments d'une prospective de scolarisation et de pédagogie interculturelle tenant compte de l'ensemble des contradictions qui caractérisent l'insertion des enfants de migrants.
Une analyse des rapports entre chercheurs et «acteurs» (chargés de mission, élus...) est proposée. La «révision des paradigmes» est orientée dans deux directions. D'une part, il s'agit de dépasser l'opposition entre les conceptions pour lesquelles la dimension culturelle est essentielle, et celles qui accordent un poids décisif aux facteurs économiques, en montrant comment les deux aspects sont intimement liés dans les interactions concrétés dont est tissé le processus d'insertion. D'autre part, il s'agit de montrer que ce processus (et les problèmes qui s'y marquent) ne peut être réellement bien compris, que si on prend en compte la «situation migratoire» dans sa globalité avec son niveau national mais aussi ses niveaux locaux-c'est-à-dire tout un ensemble complexe de conditions et de facteurs contextuels-qui conditionnent étroitement le processus dans tous ses aspects.
L'origine de l'interrogation sur le mode de scolarisation des enfants de travailleurs immigrés est extérieure à l'univers scolaire : c'est l'insertion sociale et professionnelle de ces jeunes qui préoccupe les pouvoirs publics et la société civile. Cependant cette interrogation déterminera la politique officielle de scolarisation entreprise de 1970 à nos jours et que présente l'auteur. Il analyse également les diverses pratiques enseignantes et le processus d'infériorité scolaire, «légitimé» par l'échec, et induisant la marginalité
Qu'appelle-t-on Tsiganes. L'auteur dégage les principes qui règlent les sentiments d'appartenance en s'interrogeant sur la relation culture-identité. Plus que par des contenus spécifiques, l'identité tsigane semble se définir dans un système de relations et de rapports sociaux.