Cette contribution se propose de tenter une analyse de la démarche de prise du hijâb - la tenue islamique licite ne laissant paraître du corps de la femme que l'ovale du visage et les mains - chez les converties à l'islam, selon les rites de passages tels qu'ils sont codifiés en ethnologie. A la séparation d'avec un univers antérieur dont l'islam est absent, parfois vécue comme une césure brutale, le rejet d'un monde dont on ne partage plus les valeurs, fait suite l'agrégation au groupe d'adoption, correspondant à une re-naissance de l'individu au sein du collectif auquel il s'identifie massivement. Cette démarche entreprise au coeur des sociétés sécularisées d'Europe de l'Ouest interpelle ces dernières quant au délitement du sens du sacré.
Entre un islam tranquille, « domestique », prêt à adapter les contraintes religieuses aux conditions de vie imposées par les sociétés séculières, et un islam politique, se profile en Europe un islam d'un nouveau type : loin du modèle occidental et des valeurs traditionnelles de leur culture d'origine, de nombreuses jeunes musulmanes tentent de vivre aujourd'hui selon les principes d'un islam scrupuleux qu'elles associent pourtant à la modernité. Paradoxalement, les règles vestimentaires et comportementales imposées par leur religion n'entravent en rien leur dynamisme de femmes actives, décidées à s'investir socialement. C'est sur l'islam qu'elles s'appuient pour défendre leur droit à l'instruction, au travail, à plus d'équité face au monde des hommes, estimant que des coutumes profanes sont venues, au cours des siècles, léser les femmes musulmanes des privilèges que l'islam leur avait accordé. En empruntant des voies qui souvent étonnent, elles redéfinissent leur identité féminine et réactualisent, au coeur de l'Europe, des repères séculaires qui leur permettent de s'inscrire d'une manière originale dans l'époque contemporaine. C'est à l'exploration au quotidien de l'univers, jonché à la fois d'interdits et de comportements novateurs, de ces musulmanes d'un autre type, que convie cet ouvrage.
L'ouvrage présente plusieurs articles ayant trait à la question des relations hommes/femmes ainsi qu'aux représentations du féminin et du masculin en Afrique du Nord et dans des contextes d'immigration en Europe. Les études concernant les milieux d'immigration sont les suivantes : 1) Se faire femmes entre le Caire et Paris ; 2) Différenciation hommes/femmes dans les populations immigrées ; 3) "Islam-action" et glissement des frontières de genre.
L'islam-action (version soft de l'islamisme fondé sur une sacralisation du quotidien où le moindre geste se doit d'être un hommage au Créateur) inaugure des comportements nouveaux et redéfinit selon N. Weibel les identités de genre. Puisque les femmes sont supposées gommer toute coquetterie dans leur comportement, on attend des hommes qu'ils aient une attitude vide de concupiscence à leur égard. Conscientes du "nouveau" rôle qui leur incombe, ces "femmes-action" se montrent souvent très affirmées et essaient par leurs agissements de faire tomber l'adéquatioon femmes musulmanes = enfermement. Pour ce qui est des hommes, dans un souci de mimétisme constant du Prophète, au regard des hadiths qui glorifient sa participation aux tâches ménagères, ces hommes se sentent investis de la mission de collaborer au travail domestique. Ce glissement de frontière en islam-action , en remettant en cause l'unicité d'un modèle, témoigne sans doute aussi de la perméabilité à l'Occident, voire au féminisme.
En s'appuyant sur l'exemple des femmes dans la mouvance de "l'islam-action", une forme d'islam qui se veut particulièrement dynamique, ce texte se propose de montrer comment le recours au matériau religieux originel permet une approche originale de la modernité. Ces femmes inaugurent des comportements nouveaux qui se veulent distanciés par rapport aux valeurs culturelles traditionnelles et esquissent une redéfinition de leur identité de genre.
La sédentarisation progressive des communautés turques tant en Allemagne qu'en France (Alsace) amène à s'interroger sur la manière dont les Turcs procèdent à la gestion du religieux. Cet article est focalisé sur une certaine forme d'islam dont les manifestations ont acquis, depuis quelques années, une certaine visibilité dans l'espace européen : il s'agit des mouvements dits islamistes dont la démarche s'inscrit dans un processus général observé à l'échelle du monde musulman. Si l'islamisme s'inscrit dans ce processus global, l'islamisme de l'immigration répond à certains critères particuliers : fragilisés par la confrontation à un monde qui souvent les désoriente et les inquiète, les musulmans d'Europe trouveront à l'ombre des mosquées un cadre sécurisant doublé d'un discours qui permet de se différencier positivement face à une société perçue comme désintégrée.
Enquête réalisée en France (Alsace) auprès des entreprises et auprès des salariés étrangers. Quelle est la situation des étrangers à l'égard de l'emploi et de la qualification professionnelle. C'est la question à laquelle les auteurs tentent de répondre. Deux approches différentes sont examinées ici : l'une s'appuyant sur le point de vue des responsables d'entreprises, l'autre sur le point de vue des étrangers eux mêmes. Les réponses obtenues révèlent des représentations et des pratiques opposées et contradictoires suscitant réflexion.
S'il peut être tentant d'évoquer la création d'entreprise comme une alternative au chômage voire à la non-qualification, une observation plus fine semble révéler l'existence de conditions préexistantes à tout projet de création réussie. Ces paramètres sont bien souvent identiques à ceux qui sont invoqués plus généralement dans le discours sur l'intégration (maîtrise de la langue du pays d'accueil, niveau de scolarisation mais aussi structure familiale solide et "sérénité culturelle"). Indépendamment des catégories en présence comme les ruraux à tradition paysanne et artisanale ou les citadins titulaires de diplômes les créateurs d'entreprises représentent pour leurs compatriotes une forme de modèle, celui d'un défi réussi. Cependant les services sont rarement exclusivement réservés à la communauté et le recrutement se fait d'habitude sur d'autres critères que celui de la nationalité.
Longtemps, l'Autriche fut vécue par les migrants comme un premier pays d'accueil ou de transit. Mais force est de constater qu'elle est devenue un lieu d'installation définitive et qu'elle connaît actuellement un accroissement de sa population étrangère. Une réalité dont l'Autriche devra tenir compte bien plus qu'elle ne l'a fait jusqu'à présent.
Cet article fait ressortir la spécificité de l'islam turc en France qui reste très marqué par les enjeux politiques de la Turquie d'aujourd'hui.
Lors del'élection municipale de 1989 en France (Strasbourg) quelle place ont occupée les immigrés et les Français d'origine étrangère au cours de la campagne électorale. Le rôle qu'ils ont joué, que leurs associations ont joué, dans et en dehors des partis.
Les résidents étrangers en France (Alsace), toutes nationalités confondues, représentent environ 8