Un des paradoxes de l'immigration portugaise en France tient au fait que cette immigration s'est développée en dehors de tout accord de main-d'oeuvre entre la France et le Portugal. De ce fait, les Portugais furent majoritairement des émigrés clandestins entrés irrégulièrement en France. Pourquoi cette émigration illégale fut-elle à la fois interdite et tolérée par la dictature salazariste, et comment les gouvernements français ont-ils fait des régularisations une règle pour les Portugais sont les questions abordées par l'article.
Le nombre des Portugais en France est recensé à partir de 1921, il augmente spectaculairement entre 1960-1974 en raison des opposants à la dictature qui alimenteront une immigration clandestine principalement employée dans le bâtiment-travaux publics et qui bénéficiera de régularisations successives à la demande des entreprises. Peu qualifiée, avec une forte proportion de femmes, la communauté portugaise se caractérise par une vie associative très riche et pratique de fréquents échanges avec le pays d'origine.
Actes d'un colloque tenu à l'université de la Sorbonne Nouvelle (Paris III) le 4 mai 1996 présentant des travaux sur les phénomènes migratoires et les mutations culturelles en Europe occidentale, en Amérique Latine ainsi qu'en Amérique du Nord. Les contributions concernent les anarchistes italiens au Brésil entre 1890 et 1920 ; les conséquences culturelles des migrations frontalières (Mexique-Etats-Unis) ; l'impact socio-linguistique de l'émigration portugaise en France ; les immigrés portugais à Champigny ainsi que l'impact culturel de l'émigration espagnole en France pendant la première moitié du XIXe siècle..
Le bidonville de Champigny fut une plaque tournante de l'immigration. A la fin des années 1950, les Portugais qui arrivaient en France durent affronter le problème de l'hébergement. Or la région parisienne connaissait une grave crise de logement. C'est alors que les premières constructions rudimentaires sont apparues sur le plateau de Champigny. C'est à partir de 1956 que s'est constitué ce bidonville où les Portugais qui travaillaient dans le bâtiment-travaux publics faisaient venir leurs familles, leurs voisins. C'est l'histoire de ce lieu de mémoire de l'immigration que l'auteur relate, à partir du témoignage de ceux qui ont vécu cette période.