Le procés d'apprentissage, observable sur le plan linguistique par l'étude des interlangues est souvent invoqué pour expliquer la formation des créoles et des pidgins. Si les circonstances sociales qui sont à l'origine des crèoles et de l'appropriation du français par des migrants ne sont pas comparables, les identités et les différences entre systèmes créoles et interlangues éclairent la dynamique du changement linguistique et les propriétés de la langue cible. Les domaines suivant des interlangues d'apprenants font l'objet d'une description et d'un rapprochement avec des aspects de la créolisation : la structuration des énoncés, la modalisation, la négation, la référence nominale, les prépositions locatives, les verbes de mouvement et le syntaque verbal.
Le propos de cette recherche est d'étudier comment des notions et des relations spatiales s'expriment dans une langue étrangère, ici le français, en cours d'acquisition. Afin de dégager pour chaque communauté linguistique ici arabophones et hispanophones, des similitudes ou différences dans la construction et le développement des moyens d'exprimer la référence spatiale.
Evoque les questions qui ont trait à l'acquisition d'une langue étrangère hors de l'école et quelques uns des outils théoriques et méthodologiques mis en oeuvre en ce domaine. Les exemples choisis proviennent essentiellement d'une enquête en cours sur l'apprentissage du français par des arabophones (GRAL-Université de Provence). On dégage les spécificités des deux modalités d'apprentissage afin d'apprécier les éventuels apports de la recherche sur l'apprentissage naturel à la didactique des langues.
L'auteur se propose de préciser certaines des implications de la notion du parler français des travailleurs migrants maghrébins. Il formule quelques observations sur la genèse et le statut de ce parler et envisage sa constitution comme instance d'acquisition du français langue seconde en milieu naturel.