Rédigés au cours des 25 dernières années, ces textes sur la politique, la loi, la liberté, la démocratie, la violence sont abordés sous différents angles : approche anthropologique, analyse socio-économique, réflexion philosophique. Leur unité réside dans le sentiment qu'il existe une puissance irréductible de désordre, de barbarie, de mort, symbolisée par la déesse grecque : Méduse.
Dix ans après l'occupation de l'église Saint-Bernard, l'auteur dresse ici un bilan de cette dernière période du mouvement des sans-papiers. A son actif, l'auteur range quatre acquis majeurs : la lutte des sans-papiers a imposé un certain nombre de régularisations ; le mouvement a changé en profondeur l'image des sans-papiers dans l'opinion publique ; l'aspect économique du problème est de mieux en mieux pris en compte ; sur le plan de l'organisation, le principe de l'autonomie du mouvement des sans-papiers est maintenant universellement accepté. Toutefois, malgré tous ses efforts, le mouvement n'a pas réussi à ébranler les "consensus politicien" sur l'immigration.
Dossier d'analyse critique de la loi du 11 mai 1998 et de ses textes d'application. On note un certain décalage entre les objectifs prometteurs affichés dans les textes concernant le séjour pour raison médicale, l'instauration de nouvelles cartes pour les artistes, scientifiques et l'interprétation très restrictive faite par les préfectures.
L'auteur donne la parole à une trentaine de sans-papiers. Leurs récits de vie décrivent leurs motivations de départ, l'image flatteuse puis désenchantée de la France, leurs conditions de travail, les dénonciations et les gestes de solidarité et surtout la peur qui les tenaille dès qu'ils sont "dehors".
La question des sans-papiers est désormais posée de façon permanente à la société française et à l'Europe. Et ce ne sont pas les régularisations partielles et temporaires intervenues ces dernières années qui peuvent laisser espérer une solution. Comme le montrent les auteurs de cet essai, le problème tient à des facteurs structurels, dont rien ne permet de penser qu'ils pourraient disparaître dans un avenir prévisible par un simple bricolage institutionnel : la persistance d'une offre significative de travail clandestin liée aux profits substantiels de la «délocalisation sur place», encourageant une «clandestinité officielle»; l'illusion entretenue de la maîtrise étatique des phénomènes migratoires, au prix de l'insécurisation des populations d'origine étrangère; le marasme de la coopération et l'ignorance dans laquelle notre système juridique tient les dispositions du droit international; la tentation croissante d'un apartheid européen.
Table ronde sur le mouvement des sans-papiers et plus particulièrement sur ce que révèle de la question de l'identité en France, plus précisément sur ce qu'il révélait de la construction de cette question de l'identité.