Ces vingt dernières années, des populations de migrants internationaux sont apparues sous la dénomination de transmigrants : cette population vit de manière transversale par rapport aux diverses frontières et aux découpages en zones « développées », « émergentes » ou « en développement ». Elle est en premier lieu formée de migrants en tournées internationales, de chez eux à chez eux, pour la vente de produits ou de services.
La typologie des migrants internationaux s'est enrichie, ces vingt dernières années, de la classe des « transmigrants » : une population désormais suffisamment présente et identifiée sur tous les continents pour être décrite comme « migration postcoloniale et postfordiste » en phase avec l'omniprésente mondialisation-globalisation.
Certains travailleurs, notamment marocains, utilisent le téléphone mobile et Internet pour des transactions destinées à mettre en place une stratégie de soins qui concerne à la fois les médecins « pendulaires » et les médicaments.
Une enquête de terrain auprès de deux populations enblématiques des grandes migrations contemporaines : les Afghans et les Marocains. L'auteur observe les effets géopolitiques de ces mouvements au Maroc, en Turquie, dans les Balkans et souligne l'inadaptation des politiques répressives de l'immigration
La « globalisation par le bas » est post-immigration : il s'agit moins de s'intégrer à des sociétés nationales différentes que d'accompagner les flux circulatoires de marchandises tout au long de nouvelles « routes commerciales ». L'approche ethnographique de ces nouveaux réseaux montre en quoi le cadre des Etat-nations est débordé et des villes européennes comme Marseille, Sofia ou Alicante en sont profondément transformées.
Le capitalisme nomade de la mondialisation par le bas repose en tout premier lieu sur l'activité incessante des "fourmis", souvent des immigrés qui mettent en place dans l'échange marchand des façons de vivre et d'entrer en relation. L'auteur dévoile leur capacité à être "d'ici, de là-bas, d'ici et de là-bas à la fois" et à se construire en sujets de leur existence sans tout attendre des discours sur l'intégration.
Fruit de quinze ans de travail, une enquête met en évidence l'existence de réseaux mondiaux qui à l'instar du capitalisme mondialisé participe à un grand mouvement d'économie mais celui-ci informel, dont les protagonistes sont la plupart du temps des immigrés.L'enquête part d'un quartier de Marseille pour se poursuivre en Italie, en Espagne, en Afrique mais aussi dans le Nord de l'Europe.
L'observation du développement des économies souterraines autour du bassin méditerranéen fait apparaître l'émergence de formes migratoires nouvelles qui échappent aux projets des Etats-nations et à leurs injonctions à l'assujettissement citoyen sédentaire, aux voies instituées de l'intégration.; Ces nouveaux cosmopolitismes nomades définissent un nouveau modèle échappant aux tentatives de domination ou de régulation des gestionnaires politiques de la sédentarité.
La forme territoriale historique de l'Etat-nation, entièrement maillée par les grandes institutions politiques, économiques et sociales, est renégociée par des collectifs de migrants désignés comme "ethniques" : ceux-ci développent, à distance des codes, lois et règlementation des échanges économiques internationaux, des initiatives commerciales collectives de grande ampleur. Les solidarités fortes qui précèdent et permettent ces déploiements inversent les problématiques de la mondialisation et suggèrent l'existence d'un autre processus de globalisation où les liens sociaux forts ne sont pas seconds, "encastrés" dans les continuités et complémentarités recevables en premier lieu de compétences techniques. Ces initiatives économiques collectives, assorties de gestations de territoires autres transversaux aux Etats-nations, ont engendré des rapports sociaux nouveaux qui présentent la singularité d'effacer les hierarchies des préséances sédentaires locales, fondatrices des légitimités identitaires, au bénéfice des savoir-circuler, des multi-appartenances. Des territoires originaux apparaissent donc, dessinant les contours fluides, mobiles, de sociétés de migrants structurées, affirmant un pouvoir de plus en plus évident du nomade sur le sédentaire, dans nos vieilles société de la fixité, de l'enracinement au lieu. Ainsi émergent des confins troubles en Europe, à partir de ses alentours : là, normes et lois sont négociées, contournées, dans les incertitudes accompagnant l'inadaptation des Etats-nations à gérer leurs sociétés, entre espaces mondiaux, espace européen - Schengen -, et espaces régionaux. (résumé de la revue)
Analyse des parcours, étapes et transactions commerciales de migrants Maghrébins entrepreneurs des économies souterraines internationales à Marseille.
L'incertitude des frontières de Catalogne Nord, la passion de ses habitants, pour la défense de leurs singularités et les liens nombreux tissés avec les « autres » d'ailleurs ou d'ici, passagers et immigrants, donnent lieu à cette écriture en duo. L'historien identifie la longue durée des convivialités avec les Nord et les Sud de ce Roussillon tantôt lui-même extrême Nord ou extrême Sud. Le sociologue, dans l'actualité des présences marocaines, décrit l'originalité des situations migratoires « post-fordistes » contemporaines. L'ouvrage met en évidence les connivences entre identités et altérités, les porosités transfrontalières, les réseaux en voie de mondialisation, qui permettent à ceux d'ailleurs qui veulent prendre des initiatives à partir d'ici, de le faire dans l'intérêt de l'histoire collective... Qui sait si la petite Catalogne Nord ne tirera pas de cette expérience multi-séculaire un « savoir métisser » prometteur d'un grand redéploiement de modernité.(Présentation de l'éditeur)
L'ouvrage porte sur un thème d'actualité locale et internationale à partir d'une recherche menée en 1998 pour le compte de L'observatoire Français des Drogues et Toxicomanies en liaison avec le Groupement de Recherche CNRS Psychotropes, Politiques et Sociétés.
Réflexion sur l'éventuelle apparition d'une forme de pouvoir des "exclus" sur la ville, générée par la pauvreté, à partir de trois recherches menées de Perpignan à Barcelone au sein des communautés gitane et maghrébine et de groupes de jeunes.
L'étude de trois communautés étrangères de la banlieue de Marseille prouve la diversité des trajectoires des femmes dès lors que l'on considère leur rapport à la culture d'origine, à travers leur manière d'envisager l'espace du dehors par opposition à l'espace familial. L'histoire de Samia qui est marocaine montre comment les filles aménagent des formes inédites de passage d'un monde à l'autre.
Les initiatives collectives de l'étranger bousculent nos schèmes territoriaux. Ce migrant est transversal à toutes les logiques d'assignation territoriale qui créent les hiérarchies des légitimités sociales. Dans l'espace et le temps de la migration se sont localisés des rapports sociaux qui font lien, réseaux souvent, et débordent des limites administratives, techniques, politiques, qui servent de référence aux populations sédentaires. Cet article retient trois ordres de conséquence de cet état de fait : d'abord le chercheur doit mettre à l'épreuve la désignation des "lieux à problèmes" de la migration ; ensuite il doit identifier la capacité de ces populations à jouer sur plusieurs territoires et plusieurs appartenances ; enfin, il doit mettre en évidence leur aptitude à développer des réseaux et au-delà, de véritables superpositions de territoires qui leur permettent de développer des initiatives peu visibles pour nos regards.