Place et fonction de la main-d'oeuvre immigrée dans la phase descendante du capitalisme et dans la crise économique, 1973-1987. L'accentuation de la stratification du marché du travail dans un contexte de mutations économiques, facteur explicatif de la précarisation et de la flexibilité de l'emploi. La place des travailleurs immigrés, réserve spécifique que la crise condamne à l'insécurité de l'emploi (l'interprétation de GAMBIER (D.) et VERNIERES (M.), celle de MICHON (F.) et KAYSER (B.)). La double fonction de réserve de cette force de travail : fonction d'adaptation et d'ajustement. La rotation de main-d'oeuvre externe, source de flexibilité extensive, la rotation interne, source de flexibilité intensive.
Réflexion sur les liens qui unissent la migration maghrébine à la colonisation française, 1921-1987. L'émigration des Maghrébins est analysé en tant que produit d'un système colonial qui inclut les notions de surpopulation et d'accumulation primitive et qui constitue une méthode de mobilisation de la force de travail. La colonisation est examinée, selon son évolution dans l'histoire, comme système d'immigration d'abord, d'émigration ensuite. Les fonctions de l'émigration et du salariat migrant dans l'économie de la France entre 1946-1982, sont étudiées ainsi que la politique migratoire française. Enfin, sont appréhendées la main-d'oeuvre maghrébine dans la crise économique et la transformation de l'immigration, de phénomène conjoncturel en phénomène structurel.
Les Maghrébins immigrés en France examinés à travers les données statistiques des recensements de 1962, 1968, 1975, 1982 reflètant la nouveauté et l'ampleur des phénomènes de féminisation de la population active, de tertiarisation de l'emploi, de rapprochement du mode dominant salarial et marchand. Croissance démographique et évolution des structures démographiques entre 1962-1982. Evolution de la population active : les femmes et les jeunes. Evolution de la répartition par secteurs d'activité et par catégorie socio-professionnelle.
L'historique des migrations maghrébines représentative d'un modèle colonial spécifique. Etude du rapport qui s'est établi entre immigration coloniale de peuplement et émigration de travailleurs coloniaux. L'émigration de travailleurs précédée et préparée par l'immigration de colonisation : processus d'accumulation primitive. La surpopulation : condition nécessaire mais non suffisante de l'émigration. L'émigration des Maghrébins vers la France à partir de 1912 : l'importation d'une force de travail.
Le rôle du capitalisme, par le biais du colonialisme, 1830-1942 dénationalisation de la force de travail et l'internationalisation du marché du travail. Le caractère indissociable de colonisation et migration : le cas de la France et de l'Algérie. Analyse de l'espace migratoire colonial et de sa nationalisation, et de l'espace migratoire international et l'internationalisme du système économique.
Recours à l'histoire du pays d'origine (1840-1930) pour analyser la situation actuelle des migrations maghrébines : l'histoire de l'émigration des Algériens est indissociable de celle de la colonisation. La colonisation comme système d'immigration : mobilisation des terres et des hommes. La colonisation comme système d'émigration : expropriation, mobilisation primitive de la force de travail.
Analyse de l'aliénation de l'ouvrier-immigré située au niveau de l'idéologie : aliénation trouvant ses racines dans l'exploitation coloniale et se poursuivant dans le déracinement et l'exil. Etude du discours économique sur l'émigré faisant ressortir le caractère avantageux de la force de travail des Algériens en France.
La théorie économique sur les migrations internationales du travail : son caractère désuet, les causes de ses carences persistantes. Analyse que propose cette théorie concernant le concept de travail et de force du travail, le concept d'économie nationale, les notions de mobilité et d'espace, la méthode d'interprétation.
Réflexion sur le processus d'évolution de la chaîne migratoire des Maghrébins en France : passage d'une migration rotative, à l'origine, à une migration stabilisée, depuis 1974. Les contributions des auteurs se groupent autour de trois thèmes : le passé colonial, l'intégration salariale et les modes d'insertion, la socialisation.
Les «économies de coûts» liées à l'utilisation de la force de travail immigrée dans le cas de la migration tournante. Réflexion sur l'origine et la nature de ce constat en partant de la notion de salaire et des deux modèles explicatifs dominant en science économique : la théorie néo-classique et la théorie néo-marxiste. Le problème de la persistance de ces économies définies comme une «rente de travail» dans les conditions d'une immigration stabilisée.
Le développement du capitalisme colonial en Algérie et les cycles de l'émigration des Algériens. Relations entre processus de prélèvement du surproduit et formation d'une surpopulation agricole. Génèse et évolution des classes moyennes dans la situation pré-capitaliste.