L'article se propose de soumettre une conception anthropologique à un traitement que l'anthropologue réserve habituellement aux constructions conceptuelles dans les cultures éloignéesde la sienne. Son point de départ est l'énigme de la contradiction, souvent commentée, entre les deux publications importantes que Claude Lévi-Strauss a consacrées à la question du racisme : Race et histoire (1952) et Race et culture (1971), décriée comme une prise de position proche du racisme culturalisme...(extrait du résumé).
L'auteur se propose d'explorer l'un des nombreux aspects de la causalité qui régit la pensée raciste. Si le racisme semble indéracinable, c'est peut-être parce que ses racines sont peu visibles : elles se plongent jusque dans les discours dont les auteurs souhaitent combattre la pensée de l'exclusion. D'où le choix d'une mise en parallèle de la pensée de l'exclusion et de la pensée de l'inclusion. Deux cas précis, légèrement décalés par rapport au terrain où se déploient les discussions sur le racisme, sont ici analysés. En premier lieu, l'auteur examine l'histoire récente des classifications des Hominidés fossiles, où ceux-ci étaient tantôt répartis entre de multiples taxons, tantôt réunis dans la même grande famille humaine. En deuxième lieu, il reprend les débats actuels concernant les grands singes avec l'objectif de les inclure dans la "communauté d'obligations fraternelles". Les conclusions portent sur les rapports causals entre les conceptualisations de la différence et la décision soit d'inclure un groupe d'êtres à la communauté d'égaux, soit de l'en exclure.