Publication d'une thèse de sociologie politique qui interroge les raisons du passage à l'action collective de la frange la plus discriminée de l'immigration, celle des clandestins ou sans-papiers. Ces mouvements sociaux étudiés depuis 1972 - et spécialement en 1996 - reposent sur des pratiques de mobilisation comme la grève de la faim mais également sur des réseaux communautaires ou des réseaux sociaux portés par des militants politiques associatifs ou religieux. De ce point de vue, l'immigration clandestine en tant qu'objet d'investissement ou de revendication politique alors même qu'elle se situe à la frontière des droits ou de l'illégalité est une dimension sociale qui remet en question le cadre national de la France.
Cette recherche montre comment les étrangers en situation irrégulière brouillent les catégories qui caractérisent l'Etat national. Si la seule catégorie abstraite universelle est celle qui oppose "entrants" et "installés", ces catégories ne recoupent pas celles du droit français : les sans-papiers sont toujours "à la limite". En outre, cette étude des mobilisations de sans-papiers va jusqu'à traiter des "corps engagés" dans les grèves de la faim ainsi que de la représentation du corps de l'immigré même.
L'étude des mobilisations d'étrangers en situation irrégulière permet de soulever plusieurs questions portant sur l'action collective des groupes et les répertoires d'action collective (ici la grève de la faim). Ce n'est pas tant l'"intégration" de ces populations que l'alliance entre des entrepreneurs immigrés, des militants chrétiens et certains secteurs de l'extrême-gauche française liée à l'antiracisme "puriste", qui peut expliquer des mobilisations à l'origine improbables du fait de l'extrême exclusion des populations concernées du champ politique.