Cet essai rejette l'idée d'une sélection naturelle qui permettrait aux coureurs d'Afrique de l'Est et du Nord d'obtenir tous les succès depuis les années 1980. Il analyse les logiques sociales qui conditionnent la réussite athlétique, notamment l'offre d'un travail dans le domaine de la course à pied, liée à l'émergence du profesionnalisme en Europe au début des années 1980.
L'espace international du sport d'élite se donne généralement à voir comme un marché "pur". La réussite y étant présentée comme allant de soi, on aurait affaire à un fonctionnement où les sportifs les plus talentueux sortiraient du lot des pratiquants et accédéraient au sommet d'une hiérarchie accessible à eux seuls en vertus de leurs qualités. S'agissant de la course à pied, ceci s'impose du fait que ce sport est perçu selon une grille de lecture physicaliste et universalisante, la suprématie des coureurs marocains étant alors décrite comme le produit d'une sélection naturelle pretendument plus doués pour les efforts prolongés.; Après avoir pris position contre le modèle de la sélection naturelle, l'auteur analyse la question de l'espace segmenté en ce qui concerne la course à pied, puis la construction du marché et la construction d'une élite marocaine surnuméraire en athlétisme.