En partant du postulat que toute réflexivité est socialement déclenchée et que la conscience de soi naît de décalages entre les cadres de socialisation, l'auteur conclut que cette expérience semble s'imposer aux étrangers dès lors qu'ils s'engagent dans des situations non entièrement codées à l'intérieur d'une société d'accueil. Etant donné que la réalité de cette société est tant objective que subjective, l'acquisition d'un "je" pour le migrant serait égalemnt indissociable d'un travail d'interprétation des mondes objectifs vécus.; Pour analyser cette synthèse de soi, l'auteur étudie neuf récits de vie des étrangers installés depuis plusieurs années en France, des étrangers culturellement assez proches de la société française et géographiquement éloignés des dynamiques urbaines de stigmatisation, ceci pour montrer que la constitution du migrant en sujet réflexif peut aussi se faire sans que de profondes distances et discordances culturelles ne séparent objectivement société d'origine et société d'accueil.
Comment certains groupements d'étrangers fournissent-ils de "mauvaises" réponses aux attentes des pouvoirs publics qui requièrent leur participation ?; La solution serait à chercher dans des logiques d'action qui communiquent peu ou mal. D'un côté une logique normalisatrice ou une politique d'intégration qui ne livre pas ses règles ; de l'autre des leaders qui jouent leur identité dans cette valeur refuge que constitue l'associatif. Sans distanciation, la logique biographique envahit la logique associative alors incapable de percevoir les exigences objectives de ses environnements. (Résumé de la revue)