A partir de l'ethnographie d'une discothèque afro-antillaise à Paris, où se rencontrent des hommes « noirs » et des femmes « blanches » plus âgées qu'eux, l'article s'intéresse à une forme d'échanges économico-sexuels où le sens habituel de la transaction est renversé : les femmes fournissent la compensation économique pour les prestations affectives et sexuelles des hommes. Il montre une imbrication spécifique des normes de genre, race, des stéréotypes racistes et des préjugés de classe ainsi que la force d'imposition des conceptions normatives de genre dans l'assujettissement des femmes.
L'article examine, dans la société pluri-communautaire encore très inégalitaire de Nouvelle-Calédonie, la centralité de la famille dans la vie sociale des femmes et dans leur exposition aux violences. Sur un échantillon de 1012 femmes, 14 pour cent ont déclaré avoir subi au cours de l'année des violences verbales et psychologiques, des brutalités physiques et/ou des agressions sexuelles. Les plus touchées sont les jeunes femmes kanakes vivant en milieu rural, sans ressources économiques personnelles. Nos résultats font émerger la vulnérabilité particulière des adoptées aux violences intra-familiales. Ils démontrent également des situations de continuum entre les violences sexuelles commises par un parent de la victime dans son enfance ou son adolescence et le vécu violent qui se perpétue à l'âge adulte dans la sphère familiale comme dans les autres cadres de vie. L'ethnicité différenciée des violences est lié à une histoire coloniale imposant un peuplement allogène, à l'existence de plusieurs contextes culturels au sein d'un même pays et à des bouleversements sociaux qui touchent diversement les communautés. Ce sont des éléments qui rapprochent la Nouvelle-Calédonie de la Nouvelle-Zelande, de l'Australie et, dans une certaine mesure aussi, de Fidji. (résumé de la revue).