Si l'on prend la situation française comme point de référence, les Etats-Unis se distinguent apparemment par la légitimité reconnue à la prise en compte du facteur racial par les pouvoirs publics. En particulier, à partir de la première moitié des années soixante-dix , l'institutionnalisation des politiques de discrimination positive dans l'abandon d'une stratégie de déségrégation scolaire et de réduction des inégalités territoriales plus ambitieuse à certains égards. Cependant, la remise en cause de l'« affirmative action » intervenue dans les années quatre-vingt-dix a fait apparaître le facteur territorial sous un jour relativement nouveau, ouvrant ainsi la voie à une possible convergence entre les modèles de discrimination positive américain et français. (Résumé de la revue).
Réflexion et questionnement autour du thème de la discrimination positive: de quelles trajectoires cette politique est-elle l'aboutissement, quels sont les déterminants et les conséquences de sa remise en cause de nos jours, quels sont les discours de justification du dispositif, quel est le rapport entre discrimination positive et multiculturalisme?
A la différence du "multiculturalisme", idéologie relative à la gestion de la diversité culturelle par les pouvoirs publics, les politiques dites de "discrimination positive", qui se donnent pour but de réduire les inégalités imputables aux discriminations dont ont été ou sont encore victimes certaines catégories de population définies en fonction d'une caractéristique immuable, n'ont guère fait l'objet d'analyses comparatives. Pourtant, si l'on considère conjointement les cas des principales démocraties qui les ont mises en ouvre, elles peuvent donner lieu à certaines interrogations communes. (Présentation du dossier)
Dans le contexte américain, la " discrimination positive " (affirmative action) désigne un ensemble de mesures qui octroient un traitement préférentiel, pour la répartition de certaines ressources rares, aux membres de groupes ayant subi dans le passé un régime juridique discriminatoire : les noirs, les hispanique, les femmes, les descendants des populations autochtones et parfois les asiatiques. Ses trois domaines d'application sont, l'emploi, l'attribution de marchés publics et l'admission dans les universités. (Présentation de l'éditeur)
Les politiques de discrimination positive mises en oeuvre aux Etats-Unis présupposent l'assignation d'une identité "raciale" aux individus qu'elles affectent, identité dont les pouvoirs publics sont tenus de fournir une définition opératoire. A cet égard, le système de catégorisation actuel, qui procède pour une partie d'un effort de rationnalisation administrative de l'action anti-discriminatoire, soulève néanmoins un certain nombre de difficultés, d'ordre à la fois conceptuel et pragmatique, qui tiennent notamment à la juxtaposition de procédures classificatoires hétèrogènes et à l'inadéquation décelable entre l'objectif principal qui sous-tend l'Affirmative Action et les modalités de production des données statistiques par trop incertaines sur lesquelles prend appui le dispositif. (résumé de l'auteur)