L'auteur s'intéresse dans la ville de Veracruz aux modes de catégorisation et d'identification ethniques qui renvoient à l'héritage africain du Mexique urbain contemporain. L'étude de scènes de la vie urbaine, des définitions de politiques culturelles, de processus de transformation urbaine et des logiques de distinction sociale ouvre de nouvelles pistes de recherche qui permettent de penser "l'être ambigüe" des frontières ethniques dans le cadre du processus d'afro-métissage.
Analyser les phénomènes de circulations transnationales et les logiques de connexions culturelles produits dans l'histoire contemporaine de la Caraïbe à partir de Carthagène, Veracruz et La Havane. Ces trois villes ont joué un rôle central dans l'organisation de la traite transatlantique durant l'époque coloniale et continuent à être des pôles incontournables de diffusion, de transformation et de redéfinition locale des éléments culturels de la région. Contributions organisées autour de trois orientations : l'analyse des politiques culturels ; celle des logiques commerciales et celle des mobilités d'acteurs (artistes, intellectuels, militants.).
Le racisme au travail est abordé ici grâce à l'étude d'une entreprise de transports publics dont l'un des problèmes majeurs est l'insécurité urbaine. Au sein de cette organisation, le syndicat a lié ces deux thématiques afin de favoriser l'intégration définitive de jeunes embauchés sur des fonctions de médiation. Le refus d'inscrire ce type d'activité dans la grille des métiers a eu un double effet bénéfique : éviter les écueils de la professionnalisation ethnique, accorder une légitimité à des savoir-faire relationnels liés à l'"origine" des jeunes salariés. On constate au total que l'option retenue par les syndicalistes de l'entreprise aura permis d'enrayer le durcissement des conflits entre les professionnels des transports et les jeunes des cités. (résumé de la revue)
L'article traite de l'expérience de vendeurs migrants sur le marché de Vintimille situé à la frontière italo-française où s'observent des activités économiques et sociales portées par des migrants inscrits dans des pratiques commerciales licites ou illicites et dont le métier nécessite et utilise les ressources du déplacement. En rendant compte de cinq récits d'expérience de migrants, les auteurs montrent que l'activité commerciale est aussi une pratique sociale.
L'auteur analyse un entretien biographique menée dans le cadre d'une recherche portant sur les usages ordinaires de la catégorisation ethnique. C'est en se référant à son expérience dans l'institution scolaire que le jeune homme interviewé, né en France de parents immigrés de Tunisie, a vu émerger sa conscience d'appartenir à un groupe ethnique socialement stigmatisé. Sans être le porte-parole d'une quelconque identité collective, le caractère d'acteur ordinaire de ce jeune homme permet de comprendre, par le jeu des définitions de soi et des autres, les conditions de marquage et de transformation des frontières entre un groupe minoritaire et l'ensemble des majoritaires. Nourredine décrit ensuite les modalités de la cohabitation dans le quartier niçois de l'Ariane où il réside actuellement, tout en les comparant avec celles qui caractérisaient sa vie dans un autre quartier niçois - celui de son enfance. A partir de cette expérience il construit tout un faisceau d'identités découlant d'une série de positionnements de soi et d'autrui dans un système d'oppositions entre différentes catégories (Maghrébin/Français, Maghrébin/Tunisien, Arabe/Harki, bons Maghrébins/non-Maghrébins). Il insiste également sur les différentes valeurs qu'il situe au cour de l'identité maghrébine en termes de dignité, moralité, propreté, politesse, respect de soi, de la famille, de la communauté et d'autrui en général.
Partant d'un travail de terrain réalisé dans la région niçoise, cet article traite de l'engagement des enfants d'immigrés dans les nouvelles formes de luttes urbaines. Celles-ci trouvent leur expression lors des fêtes de rue qui se veulent indépendantes de toutes formes de pouvoir local. L'auteur s'appuie sur une problématique des identités locales prises à la fois comme enjeux de définition institutionnelle de la ville et comme source de définition existentielle de ses habitants. Il appparaît alors que la promotion de l'image touristique de Nice en tant que capitale de la Côte d'Azur contribue à la fois au développement de mouvements de résistance joyeuse à cette définition de la ville et à la participation volontaire et enthousiaste des jeunes d'origine maghrébine dans cette lutte. Il se dessine ainsi, lors des carnavals "indépendants" et autres fêtes de rue organisées dans les vieux quartiers populaires de la ville, une forme d'expression identitaire qui repose sur la construction de liens communautaires forgés sur la base d'une adhésion volontaire reposant sur un projet alternatif quant à la manière de vivre la ville. En ce sens, ces fêtes participent de la production d'un sentiment identitaire qui n'est pas tant fondé sur l'origine commune des participants que sur le rêve d'une communauté ouverte sur le quartier, sur la ville et sur le monde.(résumé de la revue)
Les violences urbaines, la délinquance, la montée des modèles communautaristes et le développement de l'exclusion sociale sont des thèmes souvent associés dans la presse comme dans les débats politiques sans que leur articulation ne fasse jamais l'objet d'une discussion préalable. C'est pourtant dans cet imbroglio que l'ethnicité puise son sens aujourd'hui en France. L'étude prend pour objet les conditions mêmes de production et d'usage des catégories ethniques. L'enquête s'appuie sur une analyse socio-historique du "problème des banlieues" en France et sur l'étude ethnographique d'un quartier "sensible". L'auteur révèle ainsi les modalités selon lesquelles dans ce contexte de crise urbaine les catégories ethniques fournissent des éléments de description des personnes et des situations. Soulignant les rôles particuliers des médias et des institutions dans l'ethnicisation des relations sociales, il s'intéresse également aux scènes les plus courantes de la vie quotidienne, dans la rue, l'autobus, au collège et montre comment les individus et les groupes négocient leurs identité.
Cet article retrace le parcours éditorial accompli depuis 1989, date de la création de la revue Migrations Société, jusqu'en 1999, en analysant les thèmes abordés, en dégageant les problématiques. Plus de 25 pour cent des articles publiés sont le fait de militants associatifs, de journalistes et de responsables institutionnels. 67 pour cent des articles sont rédigés par des universitaires ou des chercheurs et relèvent de toutes les disciplines des sciences humaines et sociales. 34 pour cent des articles portent sur les modes d'organisation sociale, culturelle et religieuse. Le thème des politiques migratoires concerne 21 pour cent des articles publiés. 39 articles sur 302 ont pour thème les droits sociaux et politiques (13 pour cent). 9 pour cent porte sur le thème des médias et de la médiatisation ; 7 pour cent le thème de la famille et de l'école et de l'éducation, 6 pour cent la ville, les quartiers, la banlieue ; 4 pour cent le marché de l'emploi.
Les recherches consacrées à l'école ont souligné jusqu'à nos jours le recours à des considérations ethniques qui pouvaient être examinées comme des formes de dérapage du modèle républicain et laïque sur lequel semble reposer cette institution. A partir d'une enquête menée dans un collège situé dans un quartier de Nice labellisé "sensible", l'auteur analyse différentes situations dans lesquelles les membres de l'équipe d'encadrement de la vie scolaire sont amenés à procéder à des catégorisations et à mobiliser des stéréotypes ethniques dans la volonté de maintenir le cadre de l'école républicaine dans le contexte de crise qui connote les banlieues. En faisant de l'ethnicité une ressource mobilisable pour rétablir un ordre scolaire menacé, ces acteurs ne contribuent pas moins à maintenir et à légitimer une définition non ethnique de l'école.
Ce texte retrace les modalités selon lesquelles s'est construit un discours français sur la banlieue en tant que lieu de stigmatisation urbaine. Il montre comment s'est progressivement constituée, par référence à l'image du ghetto, une représentation ethnicisée de cette catégorie. Un premier volet comporte une analyse de la presse quotidienne en ce qui concerne l'usage des catégories ethniques. Un deuxième volet comporte l'analyse de l'observation in situ des pratiques de catégorisation ethnique dans les situations publiques. En tant que propriété émergente de des situations sociales, l'ethnicité peut être à la fois ce qui met à distance ou ce qui fonde la complicité et les normes de sociabilité partagées. La variabilité des usages de la catégorisation ethnique est liée à des logiques pratiques selon lesquelles les acteurs sociaux "font ce qu'ils ont à faire" et dans lesquelles ces catégories sont utilisées comme des compétences interactionnelles de comportements en situation.
Pour le numéro anniversaire de la revue, les auteurs nous livrent un bilan critique de onze années de publication (1985-1995). Ils examinent d'abord la place qu'occupent les pays, les populations et les disciplines dans les différentes contributions. Ils analysent ensuite les thèmes qui ont jalonné le parcours éditorial de la REMI. Ils montrent enfin quels sont les problématiques et les concepts qui orientent de façon privilégiée la compréhension et l'explication des phénomènes migratoires. Ils mettent ainsi en évidence les logiques scientifiques et normatives qui traversent la construction de l'objet «migration».
Après avoir retracé dans ses grandes lignes l'histoire de la labellisation du quartier de l'Ariane à Nice comme un «quartier à problèmes», l'analyse du traitement d'un événement dramatique survenu dans ce quartier, de sa mise en récit médiatique, amènera les auteurs à noter l'importance du contexte de description et les représentations de bande de jeunes ethniques qu'il véhicule. Pour ce faire, ils s'appuient sur un corpus d'articles et de communiqués de presse ainsi que sur la transcription des flashs d'information télévisées et radiophoniques entre le mardi 3 et le dimanche 8 janvier 1995, période dans laquelle l'activité médiatique a été la plus intense.
Sur la base d'un travail de recherche mené dans le quartier de l'Ariane à Nice (France), quartier "à problèmes", l'auteur explore l'émergence des différents types de ressources ainsi que la manière par laquelle ces dernières sont configurées dans les discours publics, par le biais notamment de la presse locale, espace de publicisation particulièrement intéressant. De l'analyse des articles de Nice-Matin, il ressort que les thèmes mis en avant dans ce quartier sont essentiellement centrés sur la question de l'insécurité, liée à la présence des bandes de jeunes, ainsi que sur les problèmes interculturels attribués à la sédentarisation des Tsiganes et à une densité élevée de familles d'origine maghrébine. Ces articles ont permis de rendre compte de la manière par laquelle l'expression du mécontentement à la base de la définition du problème de l'Ariane accède à l'opinion publique.